Politique: 28/07/2006 à 17:25
(Tahitipresse) - Au cours de la session extraordinaire
de l'Assemblée, le président Temaru a présenté,
à brûle-pourpoint, une lettre du directeur de l'unité
605 de l'INSERM, adressée au délégué à
la Sûreté nucléaire, Marcel Jurien de la Gravière,
qui met "en évidence" les risques de cancers potentiellement induits
par les essais nucléaires aériens. Ne voulant pas polémiquer,
le président de l'institution a préféré suspendre
les travaux.
Pacifique: 27/07/2006 à 05:51 Les anciens travailleurs des essais nucléaires britanniques demandent dédommagements (Flash d'Océanie) - L'association des anciens travailleurs fidjiens des essais nucléaires britanniques effectués sur l'île Kiritimati (Chistmas, aux îles Kiribati, anciennes îles Gilbert), dans les années 1950, est déterminée à poursuivre ses démarches en vue d'obtenir une reconnaissance et des dédommagements du gouvernement de Londres, rapporte jeudi le quotidien Fiji Times. (suite)
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Paul Ah Poy, membre de cette association, a déclaré au quotidien que les premières démarches en ce sens remontaient à plus de deux ans, lors de la visite dans le Pacifique d'un responsable du gouvernement britannique. Il a toutefois admis que les demandes de cette association, qui est aussi épaulée par une équipe d'avocats, ainsi que par les associations des victimes des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki sont jusqu'ici restées sans réponses. Dans les jours à venir, l'association entend relancer le mouvement en demandant une nouvelle fois à ses membres de fournir les détails nécessaires, y compris concernant leur état de santé, afin de constituer de nouveaux dossiers. "Nous ne nous arrêterons pas maintenant, car nous estimons que nous méritons ces dédommagements", a-t-il assuré. Le gouvernement britannique ne reconnaît toujours pas de lien direct entre l'exposition aux radiations au cours de ce service et l'apparition de maladies, principalement des cancers de la thyroïde et du sang (leucémies). Outre des soldats britanniques, des Néo-Zélandais et des Fidjiens ont également participé à ces essais, alors connus sous le nom discret d' "Opération Grapple". Entre-temps, au plan judiciaire, cette semaine, Roy Prescott, vétéran britannique de ces mêmes essais nucléaires de l'île Christmas, en service actif en 1962 dans le Pacifique et engagé dans l'armée américaine, a reçu un dédommagement de 75.000 dollars US en guise de dédommagement du gouvernement américain. Durant un an de service sur place, il a témoigné avoir assisté à 25 essais atmosphériques. Agé de 66 ans, il est atteint d'un cancer du poumon. La décision américaine de le dédommager s'appuie sur le fait que son type de cancer figure dans une liste (comprenant un total de 19 maladies) reconnues comme comportant un lien avec une exposition aux radiations nucléaires, rapporte Radio New Zealand International. En avril 2006, l'association néo-zélandaise des anciens travailleurs sur les sites d'expérimentation nucléaires britanniques, en particulier sur l'île de Kiritimati a annoncé les résultats d'une nouvelle étude scientifique qui, selon elle, met en évidence les retombées de ces expérimentations pour les personnes y ayant participé. Roy Sefton, Président de la Nuclear Test Veterans Association (NTVA), a déclaré que les résultats de cette étude, dirigée par un scientifique, Al Rowland, établissent un lien entre la présence des personnes sur ces sites d'essais atmosphériques et les maladies dont ils ont ensuite souffert, notamment au plan génétique. En 1958 et 1959, ces essais concernaient un prototype de bombe à hydrogène dans le cadre de l'opération Grapple. Rick Barker, ministre néo-zélandais des vétérans, s'est toutefois montré prudent, en évoquant notamment des "problèmes de méthodologie" qui nécessitent, selon lui, un examen plus approfondi de cette étude, résumée dans un rapport d'une trentaine de pages et dont la NTVA a obtenu une copie. L'étude se base sur l'examen sanguin de deux groupes de cinquante personne : l'un d'anciens marins de l'époque ayant participé à l'opération Grapple, le second (groupe témoin) d'anciens militaires à l'époque, mais n'ayant jamais participé à ces essais. Selon les résultats de cette enquête, tels que cités par la NTVA, le taux d'anomalies chromosomiques, au niveau des lymphocytes (globules blancs) était plus élevé chez les anciens participants à cette série d'essais. Selon l'auteur de l'étude, ces anomalies constituent habituellement des indicateurs de génotoxicité "ce qui nous amène à conclure que les vétérans néo-zélandais des essais ont subi des dégâts génétiques, en conséquence directe de leur participation à l'opération Grapple", indique le rapport, qui admet toutefois un niveau "faible" d'incidence, mais toutefois "observable et significatif". p.19
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Autre conséquence, selon le rapport: les vétérans "devraient être considérés comme un groupe à risque en droit d'obtenir une surveillance médicale spéciale", y compris leurs enfants, en raison du caractère génétique de ces affections. Les chercheurs ont aussi pris soin d'écarter les vétérans les plus atteints, y compris ceux souffrant de cancers déclarés ou avancés, principalement à cause du fait que leur traitement impliquait l'exposition à des radiations ou à des chimiothérapies qui, dans le cadre de l'étude, auraient pu être des facteurs de distorsion des analyses. L'opération Grapple a aussi concerné, à l'époque, des Océaniens, notamment de Fidji, alors sous tutelle britannique. Anciens travailleurs néo-zélandais, mais aussi fidjiens et britanniques Formés eux aussi en une association de vétérans, ils tentent depuis plusieurs années d'obtenir des dédommagements de la part du gouvernement britannique, dont ils veulent aussi qu'il admette sa "responsabilité morale" dans les essais atmosphériques effectués à la fin des années 1950. Cette association de vétérans porte son combat sur le terrain juridique et tente d'obtenir des compensations pour ses membres, dont nombre souffrent de cancers. De nombreux autres sont déjà décédés des suites de ce type de maladie. L'un de ces vétérans se souvenait récemment des messages de la Reine d'Angleterre, diffusés par hauts-parleurs sur le site des essais, à Kiritimati, et qui félicitait les travailleurs d'avoir accompli leur tâche. "A l'époque, c'était pour Dieu, le Roi et notre pays, on y croyait, alors quand nos chefs nous ont appelé (pour aller travailler sur ces sites), on y est allé de bon coeur", a-t-il déclaré sous conditions d'anonymat. "Mais aucun d'entre nous ne savait dans quoi on s'embarquait. Parce que si on avait su qu'on allait souffrir de tous ces cancers, et ensuite qu'on allait aussi voir nos enfants être touchés, on n'y serait pas allé", ajoute-t-il. A Londres, le ministère de la défense, fin 2004, accusait sobrement réception de la demande de dédommagement émanant des Fidjiens, Néo-zélandais et Britanniques ayant travaillé, dans les années 1950, sur les sites d'expérimentation nucléaire de Kiritimati. Cette action conjointe concerne notamment les personnes qui étaient employées sur le site des îles Christmas (Kiritimati) et Malden, entre 1957 et 1958. Le ministère britannique de la défense cite également de précédentes études, dont une réalisée par la BRPB (British Radiological Protection Board, conseil britannique pour la protection radiologique), qui avaient écarté toute possibilité de lien entre des cas de cancer et la présence des victimes sur ces sites, il y a presque cinquante ans. Selon la Fiji Nuclear Tests Veterans Association (FNTVA), association d'anciens militaires fidjiens ayant servi sous les drapeaux de l'armée britannique avant l'indépendance, ils étaient quelque trois cents soldats Fidjiens ayant participé à l'opération "Grapple". Les vétérans fidjiens ont ces derniers mois reçu le soutien de l'association japonaise des victimes des bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945. En 2003, ils déclaraient avoir obtenu un accord de principe de la part du gouvernement britannique afin de soumettre à nouveau leurs doléances documentées. La FNTVA évoque notamment chez les survivants de Christmas et de Malden des "maladies étranges, des problèmes congénitaux, des fausses couches chez les épouses des vétérans, la perte des ongles et des cheveux, des saignements de gencives, des tumeurs de la peau" ou encore des "morts de plusieurs formes de cancers". En France aussi
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Chef de file de cette campagne: l'AVEN (Association des Vétérans des Essais Nucléaires), qui multiplie les poursuites devant des tribunaux de pensions militaires. Certains de ces tribunaux, ces dernières années, ont donné raison à des militaires ayant souffert de maladies liées à leur exposition à des radiations dans le Sahara et en Polynésie française. Il s'agit notamment de trois vétérans qui, devant les cours d'appel de Chambéry, Toulon et Bordeaux, ont obtenu gain de cause. L'AVEN estime depuis que les récents succès obtenus montrent une évolution des verdicts: "les magistrats ne se contentent plus d'exiger du vétéran la preuve quasi scientifique du lien entre sa maladie - souvent des cancers considérés comme radio-induits - et le service effectué sur les sites d'essais 30 ou 40 ans plus tôt", déclare l'association. Selon Jean-Paul Teissonnière, avocat, "de nouvelles jurisprudences sont en train de s'établir en faveur des victimes, de leurs veuves et leurs enfants. Les faits graves, précis et concordants dont vous faites état mettent clairement en cause les responsabilités de l'État. Il est temps que justice vous soit rendue", déclarait-il l'an dernier lors d'une réunion de cette association et en présence de ses quelque deux cents membres. L'AVEN estime que 210 essais nucléaires ont eu lieu entre 1966 et 1996, à la fois dans le Sahara et en Polynésie française (atolls de Moruroa et de Fangataufa). Le Président de l'association, Jean-Louis Valatx (par ailleurs directeur de recherche à l'INSERM), se basant sur une enquête effectuée sur un échantillon de 500 vétérans, estime que "80% des membres de l'Aven sont atteints de nombreuses pathologies, dont 34% de cancers alors que le taux d'incidence du cancer pour une population du même âge, en France, n'est que de 17%" "La France se refuse encore à prendre en compte les graves problèmes de santé des quelque 150.000 personnes qu'elle a envoyés sur les sites du Sahara et de Polynésie", ajoute-t-il. Au cours de précédentes réunions de l'AVEN, vétérans, scientifiques, médecins, biologistes et physiciens nucléaires "ont apporté d'importantes contributions qui permettront d'appuyer les dossiers juridiques des vétérans", déclare par ailleurs l'association. En novembre 2002, les deux filles survivantes d'un marin français, François Janas (décédé en 1999 des suites d'une leucémie) obtenaient gain de cause devant le tribunal des pensions militaires de la base navale de Toulon (France). M. Janas avait servi par deux fois en Polynésie française, trois mois en 1968 et un an et demi entre 1969 et 1971, à une époque où le Centre d'Expérimentations Nucléaires du Pacifique -CEP- effectuait des essais nucléaires à Moruroa et Fangataufa. Le CEP a été réformé début 1996, après une dernière campagne d'essais en 1995. M. Janas, en 1991, après avoir découvert son état, avait demandé à bénéficier d'une pension militaire et avait alors essuyé un refus. Il n'avait pas non plus eu accès à son dossier médical. Le tribunal de Toulon, en novembre 2002, a en substance reconnu l'existence d'un lien entre sa maladie et son service et a ordonné le versement d'une pension posthume à cent pour cent au bénéfice des deux filles de la victime. En Polynésie française, depuis 2001, une association locale, Moruroa e Tatou* (Moruroa et nous) regroupe les vétérans des essais polynésiens. Les membres de l'association, pour commencer, demandent l'accès à leur dossier médical. Depuis 2005, l'Assemblée de Polynésie française a constitué une commission d'enquête qui a rendu, l'an dernier, un rapport particulièrement critique concernant les véritables retombées des premiers essais atmosphériques et leurs conséquences estimées sur la santé des populations des îles environnantes. *Sites internet: site 1, site 2 et archives sur le Centre d'Expérimentation Nucléaires du Pacifique: Point-Zero-Canopus p.20
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