La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°241/242
GAZETTE, NUCLEAIRE, MEME COMBAT...

Articles envoyés par les lecteurs:
1 - Pourquoi le nucléaire pénalise la France: envoyé par Jean-Marie GLÄNTZLEN
2 - Information sur le traité européen: H. et F. OCTOR
3 - A propos de Brennilis: M. NICOLAS


1 - Pourquoi le nucléaire pénalise la France
L'énergie nucléaire est bénéfique en terme de CO2. Mais elle engendre beaucoup d'autres conséquences négatives en terme d'environnement.

     Beaucoup de gens considèrent que la France est en avance en matière d'énergie grâce au nucléaire. Elle émet d'ailleurs moins de CO2 que la moyenne des pays européens. Observons d'abord que l'énergie nucléaire possède quelques petits inconvénients comme le risque de dissémination à des fins militaires ou le stockage des déchets.
     Mais le principal inconvénient tient à ce que le nucléaire a rendu la France paresseuse en lui évitant de faire des efforts dans d'autres secteurs de l'énergie.
     En matière d'économies d'énergie, de chasse au gaspi, le nucléaire a conduit à développer de manière inconsidérée l'électricité; en matière d'isolation, les logements français sont souvent anciens et la France consomme plus d'énergie que la Suède ou l'Allemagne; en matière d'urbanisme, on s'étale, on fait du pavillon, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a de la ségrégation sociale, les barres sont réservées aux pauvres.
     Autre handicap provoqué par le choix du nucléaire, le développement de la grande distribution a été un désastre écologique majeur. Le mensuel Alternatives économiques vient de publier un excellent dossier sur le sujet: à la laideur de la périphérie des villes, s'ajoutent le gaspillage et la pollution due aux voitures et le gaspillage provoqué par les emballages car la France est le pays qui emballe le plus et recycle le moins.
     La commission Attali risque de se révéler une catastrophe écologique. Non seulement par son idolâtrie de la croissance, mais aussi par son souhait de développer encore et encore la grande distribution, alors que la France est le deuxième pays d'Europe en termes d'utilisation de la voiture juste derrière l'Italie. Enfin, la France est le dernier pays d'Europe en matière d'énergie renouvelable. Le premier est le Royaume Uni devant l'Allemagne. La France est championne d'Europe et de loin des engrais et des pesticides, merci la PAC (deux fois plus que la moyenne européenne) très loin devant l'Allemagne. En termes d'émissions de dioxine, on doit à la France le quart des émissions européennes totales! Bref, il y avait du travail et on verra le résultat du «Grenelle de l'environnement» jeudi avec la dernière table ronde qui s'achève à 14 heures. 
http://www.marianne2.fr


2 - Information SUR LE TRAITE EUROPEEN
     Le traité européen «est un viol politique»
     Déjà pourfendeur du projet de Constitution européenne rejeté par les français en 2005, l'économiste et professeur d'informatique Etienne Chouard dénonce violemment le nouveau traité de Lisbonne. Une copie conforme du texte précédent, estime-t-il.
     Etienne Chouard s'était fait connaître en 2005 grâce à son site internet qui décortiquait et dénonçait la Constitution européenne. Il revient aujourd'hui à la charge contre le nouveau traité européen de Lisbonne. Pour ce professeur d'économie, de droit et d'informatique d'un lycée du sud de la France, il s'agit sur le fond de la même Constitution, pourtant rejetée par les Français et les Hollandais. Et appelle à la combattre. Entretien.
suite:
Q: Le nouveau traité européen a été adopté vendredi à Lisbonne. Ce texte ressemble-t-il à la Constitution rejetée en 2005?
     Ce n'est pas une version édulcorée, c'est la même version et je la combats violemment. On a retiré trois détails sans importance: le drapeau, l'hymne, la référence à la monnaie, le mot Constitution, comme si le fait de retirer l'étiquette retirait le danger. Et puis on nous impose par voie parlementaire ce qu'on vient de refuser par référendum. Pour moi, c'est un viol,  un viol politique, c'est une cause de guerre civile. Et les journalistes qui défendent cela sont subordonnés. Ils ne font pas leur boulot de journaliste.
Q: Pour vous, un nouveau référendum est un minimum?
     Oui, ça me paraît évident, pour cinq raisons. Parce que sur le fond, tout ce qui est dangereux est là: la confusion des pouvoirs dans les mains de l'exécutif, avec les «procédures législatives spéciales» ou les «actes non législatifs». Le Parlement ne les contrôle pas et ce sont des normes obligatoires qui s'appliquent à tout le monde. C'est incroyable. Et cela peut concerner la concurrence, le marché intérieur, la circulation de capitaux, des choses très importantes, qui sont hors contrôle!
     Deuxième point: la dépendance des juges européens vis-à-vis de l'exécutif pour leur carrière. Ils sont nommés pour six ans par les gouvernements, et renouvelables. Dans les démocraties, ça ne se fait pas comme ça. L'indépendance des magistrats est l'un des fondements de la démocratie.
     Troisièmement: l'article 104 de Maastricht, c'est-à-dire l'interdiction pour les Etats de créer la monnaie. On est fou d'accepter ça. Les Etats l'ont accepté à Maastricht, c'est toujours là aujourd'hui. Maintenant, ils doivent s'endetter quand ils ont besoin d'argent et payer un intérêt aux banques. Mais on est fou! C'est contraire à l'intérêt général. La souveraineté politique dépend de la souveraineté monétaire. Si vous l'abandonnée, vous avez tout perdu.
     Autre point: la révision de la Constitution. Elle se fait sans les peuples. 
     Et enfin, dans cette Constitution, aucun organe n'est responsable de ses actes. À part la motion de censure, qui est théorique, parce qu'à la majorité des 2/3, il n'y a pas de mécanisme de responsabilité. Le Conseil des ministres, le Conseil européen, le Parlement ne peuvent être renversés ou dissous par personne. La Banque centrale n'a de compte à rendre à personne. Mais qui est responsable de ses actes là-dedans?
     L'article sur la concurrence libre et non-faussée ne figure plus dans le traité. Mais dans les annexes sur les dispositions pour le marché intérieur, il est toujours dit que la concurrence doit être non-faussée. Pensez-vous que les gouvernements veulent contourner les «non» français et hollandais?
     Ils ne les contournent pas, ils les violent. Ils ont retiré le mot Constitution et la partie III. Mais en réalité, elle est encore en œuvre. C'est le royaume de l'hypocrisie. C'est de la violence.
p.28


Q: Pensez-vous que la chancelière allemande Angela Merckel a pris l'ascendant sur Nicolas Sarkozy?
     Non, pour moi, ils sont en collusion parfaite. Ils ont convenu du jeu que Sarkozy allait jouer. Il a dit du mal d'eux, mais il sait très bien qu'il ne peut rien faire. Il n'a qu'une envie, c'est de passer son traité en force, comme les autres dirigeants européens.
Q: La contestation peut-elle monter, notamment par Internet, comme en 2005?
     Ça dépend des journalistes. En 2005, il a pu y avoir une contestation car il y avait une perspective, un référendum. Mais si les gens qui vous gouvernent ont décidé de vous violer, c'est-à-dire de ne plus vous demander votre avis, de remettre le bâillon à la victime, eh bien elle ne peut plus crier. On ne nous demande plus notre avis, là.
     Pourquoi les gens se mobiliseraient dans ce cas? Les visites sur mon site n'ont pas augmenté pour le moment. Mais je compte sur les journalistes pour être les sentinelles du peuple et l'alerter.

3 - A PROPOS DU DEMANTELEMENT ET DE BRENNILIS EN PARTICULIER
Dossier de l'association «Sortir du nucléaire Cornouaille»
(envoyé fin mars 2007)

     A propos de la centrale nucléaire des Monts d'Arrée (Brennilis) et sa déconstruction, les préoccupations actuelles (2007) de l'association se situent à 3 niveaux:
     1 - Un décret préfectoral de février 2006 autorise la déconstruction de niveau 3 - c'est-à-dire la déconstruction du bâtiment réacteur avec celle des échangeurs de vapeur- ceci sans enquête publique et sans tenir compte de l'étude de faisabilité du CEA puisque cette déconstruction classée dans le scénario dit «immédiat» présente une dosimétrie cumulée importante à laquelle seront soumis les intervenants, quelle doit être liée à l'existence d'une filière d'évacuation disponible pour les déchets générés par cette déconstruction.
     2 - Des informations concernant une pollution du site par le césium 137, le cobalt 60 et l'actinium 227.
     3 - Le rabattement de la nappe phréatique située sous la centrale dès 2005 vers le lac Saint Michel qui n'avait jamais été touché par des rejets, le lac Saint Michel étant une zone de tourisme vert et de pêche de brochets. Le rabattement de la nappe ayant eu lieu jusqu'en 2005 vers un petit ruisseau l'Ellez. Le sous-préfet ayant reconnu lors d'une séance de l'observatoire de démantèlement que ce changement n'avait pas été rendu public.
     Nous avons d'énormes difficultés à obtenir des informations sur les rejets liés au démantèlement (radioactivité et chimie), sur la radioactivité des bétons de la centrale et la transformation de l'Observatoire du Démantèlement en CLI (loi de juin 2006)
     Je vous remets 2 articles rédigés par des membres de l'association.
     Actuellement nous avons ouvert une souscription pour financer des travaux complémentaires de la CRIIrad, les demandes de subventions au Conseil Général et Conseil Régional sont pour l'instant en panne. L'ouverture de la souscription permet de communiquer avec les personnes et les associations concernées par ces problèmes.
     En vous envoyant ce dossier, nous pensons que vous pouvez, d'une part nous aider à avancer dans ce travail, et d'autre part à faire mieux connaître ce problème des déconstructions de site en France via la Gazette.
Contact: sortirdunucleairecornouaille@yahoo.fr

suite:
Pieces jointes:
 Etude de faisabilité du CEA 
 Etude CRIIrad et étude ACRO-LCSE/CEA
 Etude EDF
Articles «démantèlement de la centrale de Brennilis: la 'poubelle' vitrine d'EDF» et «Démantèlement de la centrale de Brennilis: environnement et travailleurs payent le prix fort!»

Commentaire Gazette:
     Excusez-moi d'avoir tardé à lancer cet appel à la coordination sur les démantèlement: je le fais enfin et ce d'autant plus que sont en cours les démantèlements des divers graphites-gaz, de Superphénix, d'ateliers à la Hague, à Marcoule... Or, cela ne se passe pas si bien que les exploitants l'ont affirmé lors des séances du Conseil Supérieur de Sûreté et d'Information Nucléaire. Brennilis, nous en avions parlé dès les années 1985 grâce à D. Bernard. Tout d'abord on devait attendre, puis la doctrine a changé: perte de mémoire, détérioration de l'installation, abandon par les exploitants. En 1996, on a demandé au CEA d'accélérer les procédures. D'après son dossier de 1999, le CEA préférait ne pas aller trop vite:
     «Sur le plan technique, l'étude confirme la faisabilité du démantèlement au niveau 3 de la Centrale des Monts d'Arrée (EL4), et dans les trois scénarios envisagés. Elle met en évidence l'effet positif d'une attente prolongée (scénario après 40 ans) sur la dosimétrie cumulée subie par les intervenants à l'occasion des travaux de déconstruction et, à un moindre titre, sur les moyens à mettre en œuvre pour intervenir dans le bloc réacteur
     Le CEA soulignait aussi les problèmes liés aux déchets:
     - quantité plus importante si on démantèle trop vite, 
     - exutoires inexistants.
     Je suis sûre et cela s'est traduit dans les Gazettes (celle de septembre 2007 en particulier) que le démantèlement est un point dur et une opération très pénalisante (en termes de doses) pour les travailleurs et l'environnement. 
     Brennilis est une soi-disant vitrine, mais les inspections ont mis en évidence de nombreuses lacunes.
     Quant aux études environnementales (CRIIrad, ACRO et LCSE/CEA) elles vont toutes dans le même sens: il y a un problème de marquage de l'environnement et celui-ci n'est pas compris.
     Il est, donc urgent d'attendre pour démanteler et de vérifier d'où vient la contamination, quel est l'état hydrogéologique, pourquoi ce pompage dans la nappe phréatique contaminée qui n'a pu que contaminer l'Ellez et pourquoi, en 2005, le stopper si ce n'est justement suite à la constatation d'une contamination?
     Je veux bien croire que rien n'est simple, mais une mise à plat des dossiers serait la bienvenue.
     Une CLI peut aider parce que cela permettra de joindre les efforts d'associatifs qui sont confrontés à des problèmes similaires, mais les moyens des 30 CLI (19 sites de centrales pour 58 réacteurs, les sites CEA, AREVA, ANDRA et militaires) en expertise sont loin d'être à la hauteur des divers sujets et pour réaliser des mesures c'est aussi difficile: tout de même essayons d'échanger nos informations et d'agir en commun.
     La Gazette n'a pas réagi assez vite, elle fera son possible pour apporter le plus possible d'infos (si elle continue à pouvoir publier...)
     Notons que les associatifs de Brennilis se sont bien battus puisqu'ils ont obtenu l'annulation du décret de février 2006, autorisant le démantèlement : bien sûr c'est en statuant sur la forme, il manquait l'étude d'impact.
     Il faut maintenant obtenir que cela se fasse aussi dans les règles en ce qui concerne la protection des travailleurs et des populations, ainsi que la protection de l'environnement.
     Bravo et bon courage.

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