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G@zette N°243/244
LE NUCLEAIRE NOUS CONCERNE TOUS:
PATIENTS, RIVERAINS, TRAVAILLEURS
ET PEKIN MOYEN
LES EVOLUTIONS INSTITUTIONNELLES et LEUR IMPACT SUR LES
CLI
Point de vue d'un membre de la CSPI et de la CLI de Saclay
Monique Sené



     Les CLI mises en place par une circulaire du Premier Ministre (1981) ont une mission d'information et de suivi des installations nucléaires auprès desquelles elles ont été progressivement placées.
     Comment la remplir?
     Il faut:
     - Avoir accès à la documentation de l'exploitant, de l'Autorité de Sûreté, de l'expert officiel IRSN, des divers intervenants (santé, eau,...)
     - Avoir la possibilité de commanditer des expertises à des sources indépendantes des intervenants habituels,
     - À défaut et/ ou en complément, pouvoir s'adresser à une instance pluraliste (exploitants, ASN, IRSN, Associatifs, Université, CNRS)

     Que changent les lois de 2006 à ce schéma?
     La naissance en 1981 n'avait pas été accompagnée de droits ni d'ailleurs de devoirs: les CLI n'avaient aucun pouvoir et leurs interventions aucun poids dans la réglementation.
     En 2006, les CLI devraient obtenir des financements permettant d'avoir du personnel (secrétariat et conseiller scientifique).
     Elles devraient aussi donner des avis sur les dossiers, avis qui seront dans la procédure de l'enquête publique.
     Et alors?
     Prenons 2 exemples récents:
     - L'enquête publique au centre AREVA-La Hague pour le démantèlement de HAO (Haute Activité Oxyde), premier étage pour les combustibles REP de l'usine de retraitement UP2 400 conçue pour les combustibles Graphite-Gaz.
     Le démantèlement a commencé par la première phase Cessation Définitive d'Exploitation (CED) c‘est-à-dire: mise à l'arrêt, mise en sûreté des installations, rinçage, retrait des parties radioactives directement accessibles.
     La phase suivante nécessite une enquête publique pour Mise à l'Arrêt Définitif/Démantèlement (MAD/DEM). La CSPI doit donc s'investir dans l'analyse du dossier, recherche de documents et production d'un avis. Il est d'ailleurs dommage qu'elle n'ait pas participé à cette première phase, car cela aurait aidé à la compréhension de ce dossier MAD/DEM.
     La CSPI a, donc, constitué un groupe de travail en septembre 2007, mais n'a toujours pas obtenu l'accès au dossier. Il est bien évident qu'un tel dossier ne peut être constitué à la va-vite, mais il existe déjà suffisamment d'éléments dont la CLI pourrait être destinataire. En effet, la CSPI a été informée  d'incidents sur ce type d‘installation:
     - Incident du 20 octobre 2006, survenu dans l'atelier HAO/sud de l'INB80 au cours duquel 2 intervenants ont été contaminés
     - Incident du 28 août 2007, survenu sur l'ancienne station de traitement des effluents, STE2: 1 opérateur contaminé aux mains
     Il apparaît, à l'évidence que les prescriptions des dossiers CED (fait signalé par les inspecteurs de l'ASN) ne sont pas suffisamment suivies. Qu'en sera-t-il de celles du dossier MAD/DEM de l'atelier HAO?
     Les commissaires de la CSPI ont souligné l'importance de procéder le plus rapidement possible pour une installation en démantèlement, à la révision des règles de fonctionnement et à l'établissement de nouvelles règles pour les travaux à effectuer.
     L'enquête publique qui doit définir ces nouvelles approches n'est toujours pas finalisée. La CSPI ne va alors, disposer que d'un temps très court (celui de l'enquête) pour apporter son analyse du dossier.
     Comment pourra-t-elle le faire parvenir aux maires qui demandent une aide pour examiner de tels dossiers?
     Comment cette analyse pourra aider les citoyens s'ils ne peuvent la consulter qu'après la fermeture de l'enquête?
     Pourra-t-elle organiser une réunion d'information?
     Rappelons que précédemment le Commissaire enquêteur avait refusé l'organisation d'une telle réunion.

     - L'enquête publique "Global Centre" pour l'autorisation de rejets du site CEA-Saclay (24 octobre-10 novembre 2007)
     La CLI de Saclay a pris l'option de faire analyser le dossier par les associations qui acceptent de se livrer à cet exercice dans le temps de l'enquête

suite:
     Le dossier d'enquête ne comporte aucun autre document autre que ceux de l'exploitant. Or, il faut l'analyser pendant le temps de l'enquête: c'est court pour demander accès à d'autres documents. D'ailleurs serait-il possible de les obtenir?
     Les maires présents à la CLI ayant demandé (pas tous) à être destinataires de l'analyse, les délais étaient encore plus raccourcis. En effet, tout le monde doit être dans le temps de l'enquête. Dans ces conditions comment s'approprier un dossier complexe et unigenre. Où trouver d'autres présentations du sujet?
     De plus, un certain nombre de commissaires ont fait la même demande. Il est alors regrettable de ne pouvoir mener l'analyse avant le début de l'enquête, pour joindre aux dossiers d'enquêtes, ce dossier réalisé pour la CLI (même si elle n'en endosse pas toutes les conclusions, car il est signé par le rédacteur ou la rédactrice).
     La première constatation  est que le dossier n'est pas d'un accès facile:
     - il faut se rendre à la mairie aux heures ouvrables,
     - il n'y a pas de possibilités de photocopies,
     - la fermeture de l'enquête s'est faite un samedi et certaines mairies étaient fermées.
     La deuxième est que même le résumé non technique est "très technique".
     La troisième est que c'est un document CEA exclusivement.
     Pour que le citoyen soit vraiment éclairé et qu'il puisse donner un avis, il faut qu'il ait accès aux remarques des agences en charge de la santé, en charges de l'environnement, (ministère de l'écologie, de l'agriculture), en charge de l'eau (agences de bassin), en charge de la sûreté (ASN et son appui IRSN), en charge des transports,…
     Ce type de dossier est répétitif: on retrouve les mêmes informations sous diverses formes dans les divers chapitres.
     Il y a séparation du chimique et du radioactif alors même:
     - que la forme physico-chimique d'un radionucléide est importante pour connaître les formes solubles ou insolubles, donc ses transferts dans l'environnement et in fine vers les êtres vivants.
     - que les impacts radioactif et chimique ne sont pas dissociables et que manque manifestement une étude sur la dispersion des polluants chimiques.
     - que manifestement il faut faire des progrès sur la chimie (pollution environnementale, réduction des rejets par recyclage, écotoxicité, synergie entre les divers polluants...). Voir la Gazette Nucléaire N°147/148

     Et pour conclure:
     L'avis des CLI sera requis, au même titre que celui des mairies et des citoyens. Ce sera donc une obligation réglementaire: en cas de manque, ce sera une clause d'annulation.
     Mais "avis requis" signifie que les CLI doivent disposer de moyens (financiers et en expertise) pour pouvoir fournir un rapport qui ne soit pas seulement un avis favorable ou défavorable sans analyse aucune.
     Le temps d'analyse du dossier (s'il est dans le temps de l'enquête) est beaucoup trop court pour fournir une analyse complète. De plus en temps aussi court cette analyse est alors réservée aux commissaire - enquêteurs et ne permet pas à la CLI de remplir son rôle d'information auprès de la population.
     A quoi sert un tel travail d'analyse?
     Pour que la CLI remplisse son rôle, il faudrait que cette obligation législative (examiner les dossiers et fournir un avis) soit vraiment prise au sérieux.
     En l'état, il est à craindre que:
     - pour les uns ce soit seulement une obligation de plus, pouvant si on la contourne, devoir faire face à un procès (qui empêchera une construction, une autorisation?) ou bien à de simples retards (aléas surmontables)
     - pour les autres ce serait le moment d'exprimer des réticences, demander des précisions, tenter de peser sur la décision finale, mais les expériences passées ne vont pas aider à une mobilisation pour examiner des dossiers illisibles.
     Les CLI vont donner un avis. Auront-elles les moyens financiers (et en expertise) d'étudier, puis suivre les dossiers, d'émettre des remarques (prises en compte?) si cet avis reste lettre morte?

     Un pas a été fait, mais longue est la route...

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