La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°255
"   Parce que l'obligation de subir nous donne le droit de savoir "

COMMUNIQUE COMMUN DE 4 ASSOCIATIONS
(ACRO, CRILAN, CREPAN, GREENPEACE, CLI DE FLAMANVILLE)
APPEL A S'OPPOSER A L'AUGMENTATION DES REJETS RADIOACTIFS DANS L'ENVIRONNEMENT
Février 2010



     Les associations de protection de l'environnement participant à la CLI de la centrale de Flamanville se sont regroupées pour lancer un appel à s'opposer à l'augmentation des rejets en tritium de la centrale nucléaire.
     En contradiction avec les engagements internationaux de la France et le principe constitutionnel de précaution, les autorités s'apprêtent à autoriser l'augmentation de rejets radioactifs des installations nucléaires pour un radioélément dont la radiotoxicité est revue à la hausse. 
     Le tritium, hydrogène radioactif, est presque entièrement rejeté dans l'environnement par les installations nucléaires. Réputé «peu radiotoxique», sa nocivité est revue à la hausse au niveau européen. Les autorités britanniques ont même franchi le pas en faisant leurs les conclusions d'un groupe d'experts qui préconisait de multiplier par deux cette radiotoxicité. Certains experts vont jusqu'à proposer un facteur cinq au vu de l'avancement des connaissances scientifiques. 
     En toute logique, les autorités devraient imposer aux exploitants du nucléaire de rechercher à réduire les rejets en tritium en réduisant les autorisations de rejet. Mais c'est l'inverse qui est en cours! Et de façon conséquente.

     Les associations réunies par ce communiqué demandent donc aux autorités de renoncer à toute augmentation des rejets en tritium et de s'engager avec les exploitants vers une démarche de diminution continuelle des rejets par les installations nucléaires de base (réacteurs et usines). 
     Une telle démarche est en cohérence avec:
     1) les accords de Sintra de la convention internationale OSPAR, ratifiée par la France le 29 décembre 1999, qui imposent que les concentrations en substances radioactives dans l'Atlantique Nord tendent vers zéro d'ici 2020. 
     2) le principe de précaution inscrit dans la constitution française depuis 2004. 
     L'Association Nationale des CLI (ANCCLI), après avoir organisé un colloque pluraliste et écouté tous les points de vue est arrivée aux mêmes conclusions. 
     Nous défendons cette démarche de prudence dans toutes les structures de dialogue et concertation locale et nationales où nous siégeons. Malheureusement nous ne sommes pas entendus. Nous appelons donc les citoyens directement exposés aux rejets de faire connaître leur désaccord par tous les moyens qu'ils jugeront utiles.
p.9
NOTE TECHNIQUE EXPLICATIVE
Autorisations rejets radioactifs accordées à EDF par l'ASN, à partir de 2010, au titre du DARPE déposé par le CNPE de Flamanville, fiche critique rédigée à la demande des associations.

     1. Rappel de données de base juridiques (et réglementaires)
     Principe de précaution
     «Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veilleront, par application du principe de précaution et de leur domaine d'attribution, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées, afin de parer à la réalisation du dommage»
     Constitution de la République Française
     Charte de l'environnement de 2005, Article 5
     Convention OSPAR, de protection de l'Atlantique Nord (juillet 1998)
     "La préoccupation d'OSPAR sur la possibilité de préjudice à l'environnement marin et à ses utilisateurs (y compris les consommateurs de produits de l'environnement marin) par les apports en radionucléides provoqués par les activités humaines est abordée par la stratégie substances radioactives. L'objectif de la stratégie est que d'ici à 2020, la commission s'assurera que les rejets, les émissions et les pertes de substances radioactives soient réduits aux niveaux où les concentrations additionnelles dans l'environnement marin au-dessus des niveaux historiques, résultant de tels rejets, émissions et pertes, soient proches de zéro."
     La déclaration des ministres à Sintra se fixait pour objectif en 1998 des "réductions progressives et substantielles des rejets, le but étant de parvenir à des teneurs dans l'environnement proche de zéro dans le cas des substances radioactives artificielles.", en tenant compte de la faisabilité technique et de l'impact radiologique sur l'homme et le milieu vivant.

     Politique ASN en matière d'autorisations de rejets des INB
     «L'ASN considère en particulier que les principes d'utilisation des meilleures techniques disponibles et d'optimisation et la revue périodique de leur mise en œuvre sont des voies qui doivent être explorées pour obtenir de nouvelles baisses de rejets. »

Jean-Christophe Niel, Directeur Général de l'ASN
Les rejets radioactifs en France
Revue Contrôle, n° 177, novembre 2007
     Ces textes mettent en relief deux attitudes contradictoires: les engagements internationaux et nationaux des autorités françaises à préserver l'environnement et les attributions par ces mêmes autorités, ou leurs délégataires, de droits à polluer injustifiés comme ceux qui vont être accordés aux réacteurs nucléaires de Flamanville, après ceux récemment accordés pour les sites de Tricastin (janvier 2008), Penly (février 2008) et Civaux (juin 2009).

     2. DARPE Flamanville, autorisations retenues par l'ASN à compter de 2010
     Malgré les grands principes réglementaires rappelés ci-dessus, repris et affichés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, les autorités accorderont en 2010 au CNPE EDF de Flamanville des droits à polluer 3 à 10 fois supérieurs aux besoins jamais enregistrés en matière de rejets radioactifs (hors tritium) sur le parc des 20 réacteurs de 1300 MWe depuis leur première mise en service en 1984:

Retour d'expérience de 25 années de fonctionnement sur les rejets des vingt réacteurs - mégawatts électriques (MWe) du parc français, et droits à polluer accordés par l'ASN
Type de rejets
 Radionucléide  REX
2 réacteurs 1.300MWe
(Max. GBq)
Autorisé par l'ASN (GBq) Multiplication du droit à polluer (x) 
Rejets gazeux
 Tritium  3.300  8.000  2,4
 Carbone 14  440  1.400  3,2
 Gaz rares  4.400  25.000  5,7
 Iodes  0,23  0,8  3,5
 Autres bêta/gamma  0,1  0,1  10
 Rejets liquides
 Tritium  80.000  80.000  1,4
 Carbone 14  190  190  5,8
 Iodes  0,1  0,1  3,3
 Autres bêta/gamma  10  10  5,6
Source: Présentation ASN, réunion CLIF du 13 octobre 2009
suite:
     Ces dépassements par rapport au plus fort rejet historique maximal (REX) jamais enregistré sur le parc des réacteurs de 1.300 MWe, depuis leur 1ére mise en service en 1984, ne font l'objet dans les dossiers fournis au titre de ce DARPE d'aucune explication sur des autorisations trois à dix fois supérieures aux rejets maximaux enregistrés depuis 25 ans.
     Tritium
     Le droit à polluer est 1,4 (rejets liquides) à 2,4 fois (rejets gazeux) supérieur au plus fort rejet historique enregistré sur le parc des réacteurs 1.300 MWe.
     Il est expliqué par une utilisation de nouveaux combustibles à haut taux de combustion, permettant des périodes de disponibilité des réacteurs plus importantes entre deux rechargements. Le tritium étant considéré comme ayant un impact mineur, il n'y a pas lieu de le réglementer: le rejet «autorisé» est adapté aux demandes exprimées par EDF.
     Le tritium fait depuis mai 2008 l'objet de groupes de réflexion organisés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire elle-même. Les conclusions de ces travaux doivent être publiées courant 2010. Par ailleurs, à la suite du colloque «tritium» organisé à Saclay par l'ANCLI fin 2008, un avis a été transmis à l'ASN demandant de surseoir à toute nouvelle demande d'autorisation en attendant les résultats des recherches conduites sur ce point. 
     Après revue des publications scientifiques sur le tritium par les groupes de travail initiés par l'ASN, examen des données disponibles sur l'impact environnemental et les techniques de rétention existantes, il apparaît que le tritium, malgré de nombreuses études (la plupart étrangères), est un grand inconnu au niveau de son comportement environnemental (bioaccumulation?) comme au niveau de son impact sur l'homme (pas d'études épidémiologiques exploitables). 
     Principale conclusion actuelle de ces groupes de travail : il est urgent d'entreprendre des études approfondies sur le comportement du tritium dans l'environnement, la chaîne alimentaire et sur ces effets sur l'homme.
     L'ASN a rempli une partie de ses obligations vis à vis de la charte de l'environnement, «l'évaluation des risques», par contre en autorisant sans justification les augmentations de rejets tritiés de Flamanville et de tous les autres sites nucléaires, elle s'affranchit de l'obligation d'adopter «des mesures provisoires et proportionnées» au risque  mis en relief dans les GT tritium qu'elle a initiés.
     La réduction progressive et substantielle des rejets marins n'est donc plus à l'ordre du jour pour l'Autorité de Sûreté Nucléaire!
Sigles
ACRO, Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest
AREVA NC, AREVA Nuclear Cycle, ex Cogéma Compagnie Générale des Matières Nucléaires
ANCLI, Association Nationale des Commissions Locales d'Information
ASN, Autorité de Sûreté Nucléaire
CREPAN, Comité Régional d'Études pour la Protection de la Nature en Basse-Normandie
CRILAN, Comité Régional de Lutte Anti Nucléaire
CLIF, Commission Locale d'Information du CNPE EDF de Flamanville
CNPE, Centrale Nucléaire de Production d'Électricité
DARPE, Demande d'autorisation de rejets et de prélèvements d'eau
EDF, Electricité de France
GRNC, Groupe Radiécologie Nord-Cotentin
GSIEN, Groupement de Scientifiques pour l'information sur l'Energie Nucléaire
INB, Installation Nucléaire de Base
OSPAR, Convention OSlo PARis, ou Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est
p.10

Lettre de l'ASN PEP-DEU-0555-2009
A propos du
Rapport IRSN DEI 2009-03
DISPOSITIF DE L'IRSN EN MATIERE DE SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE DU TERRITOIRE

     1- Lettre de l'ASN
     Le 8 septembre 2009, le collège de l'Autorité de Sûreté Nucléaire a entendu l'IRSN sur la stratégie de surveillance de la radioactivité de l'environnement menée par l'institut et sur les évolutions projetées de cette surveillance. Un rapport préliminaire à l'audition a été produit par l'institut. Sur la base de ce document et de la présentation faite en séance par l'institut au cours de l'audition, vous trouverez ci-après la position de l'ASN sur les évolutions programmées par l'institut.
     Le collège de l'ASN souligne d'emblée la qualité et l'importance de la réflexion menée par l'IRSN sur l'évolution de sa stratégie de surveillance de la radioactivité dans l'environnement.
     L'article 4 de la loi TSN confie à l'ASN "la mission d'organiser une veille permanente en matière de radioprotection sur le territoire national" ce qui inclut la surveillance de la radioactivité dans l'environnement. L'IRSN participe à cette veille permanente en matière de radioprotection "notamment en concourant à la surveillance radiologiques de l'environnement" et en assurant la gestion du réseau national de mesures dont les orientations et développements sont fixés par l'ASN après avis d'un comité de pilotage regroupant l'ensemble des parties prenantes.
     L'ASN souhaite rappeler les objectifs et les principes directeurs qui, de son point de vue, doivent s'appliquer à la surveillance de l'environnement: 
     Objectifs
     - La connaissance de l'état radiologique de l'environnement;
     - La protection sanitaire des populations et de l'environnement par l'évaluation des expositions radiologiques;
     - La détection la plus précoce possible de toute élévation anormale de la radioactivité de l'environnement;
      - Le respect de la réglementation par les exploitants ayant une activité nucléaire;
     Principes directeurs
     - Disposer de réseaux de surveillance du territoire national permettant de garantir la détection précoce d'évènements radiologiques;
     - Garantir la qualité et la fiabilité des mesures de radioactivité de l'environnement;
     - S'assurer que la surveillance effectuée sur le territoire national contribue à la sécurité sanitaire des populations;
     - Partager les évolutions de la surveillance de la radioactivité de l'environnement sur le territoire national avec les différentes parties prenantes (exploitants, associations, pouvoirs publics, ...)
     Ces objectifs et principes directeurs sont détaillés en annexe.
     L'ASN compte tenu de ces objectifs et principes directeurs, partage l'analyse de l'institut sur la nécessaire modernisation, fiabilisation et renforcement des réseaux de prélèvements et de surveillance existants et approuve l'évolution de la surveillance par "indicateur de radioactivité" (mesure globale non différentiée) vers une surveillance ciblée sur les radioéléments les plus importants en termes d'impacts sanitaires et les radionucléides prépondérants dans les rejets.
     L'ASN souhaite que le renforcement des stations fixes, la localisation des stations de mesures ou de prélèvements, l'amélioration des performances et de la fiabilité des équipements et la redéfinition des modalités d'analyses (type/caractéristiques/fréquence) s'appuient sur des critères objectifs, partagés par les parties prenantes.
suite:
     Pour ce qui concerne les critères de choix d'implantation de ces réseaux, l'ASN souhaite que soient pris en compte:
     - La nécessité d'assurer une continuité du suivi radiologique de part et d'autre des frontières et en liaison avec les organismes nationaux de mesures;
     - Les installations présentant des enjeux spécifiques en matière de protection des populations et de l'environnement (services de médecine nucléaire, stockage de résidus miniers, ...).
     Pour opérer cette modernisation, les propositions de l'institut visent à une optimisation de la surveillance actuelle puis à un déploiement de moyens nouveaux. L'ASN souhaite qu'un calendrier de mise en oeuvre des évolutions proposées ainsi qu'une estimation année par année du montant des investissements, des frais de fonctionnement et des moyens humains nécessaires soient produits par l'IRSN.
     L'ASN souhaite aussi disposer d'un point précis sur les éventuelles phases transitoires qu'impliquerait le déploiement de nouveaux systèmes, qui, dans le cadre de la mise en oeuvre du RNM, devront être expliquées et justifiées.
     L'ASN considère que le maintien d'un contrôle de l'état radiologique de l'environnement autour des sites nucléaires, indépendant de celui réalisé par l'exploitant est indispensable à la crédibilité de l'ensemble du dispositif de surveillance. L'ASN considère que le remplacement des mesures de comptage bêta global des aérosols par de la spectrométrie gamma doit permettre de continuer à vérifier la cohérence des mesures des exploitants. A cet égard, l'ASN souhaite que l'IRSN définisse un plan spécifique mentionnant par type d'installation nucléaire la surveillance que l'institut compte mettre en oeuvre et son évolution par rapport à la situation actuelle. 
     De plus, si l'objectif de l'indépendance des activités de surveillance menée par l'IRSN est partagé par l'ASN, les évolutions proposées par l'IRSN ne doivent pas conduire à une régression ou à l'arrêt de la surveillance de certains compartiments environnementaux au motif que les conditions de prélèvements ne garantiraient pas une totale indépendance de la surveillance.
     L'ASN soutient la proposition de l'institut de mettre en place un observatoire des denrées alimentaires et s'associe à une telle démarche.  Cette surveillance nécessite une coordination de l'ensemble des acteurs institutionnels en la matière (DG, DAL, CSL, ...). L'ASN souhaite, afin d'émettre un avis sur la rationalisation prévue des moyens de surveillance des produits de consommation:
     - qu'un bilan qualitatif et quantitatif des mesures réalisées en la matière soit établi sur les cinq dernières années;
     - qu'une proposition de programmes de surveillance de la radioactivité des produits ou denrées alimentaires destinés à l'homme ou aux animaux soit examinée par les organismes de surveillance sanitaire.
     Enfin, l'ASN souhaite qu'avant la mise en oeuvre des évolutions proposées par l'IRSN, les parties prenantes aient été consultées dans le cadre du réseau national de mesures. L'ASN proposera lors de la prochaine réunion du Comité de pilotage du RNM la tenue d'une réunion spécifique consacrée à la stratégie de surveillance de la radioactivité de l'environnement.
     A cet égard, l'ASN considère que l'ouverture au public du site internet du RNM en janvier 2010, qui regroupera notamment l'ensemble des résultats de mesure des dispositifs de surveillance de la radioactivité dans l'environnement mis en place par l'IRSN, marquera une étape importante en matière de transparence et d'information du public.
p.11

ANNEXE
Objectifs et principes directeurs de la surveillance de l'environnement

     I- Objectifs
     L'ASN considère que la surveillance doit répondre aux objectifs principaux suivants:
     * La connaissance de l'état radiologique de l'environnement 
     Cette connaissance s'appuie sur:
     - l'identification et la caractérisation des différents radionucléides présents dans les différents compartiments de l'environnement;
     - la quantification des niveaux de radioactivité de l'environnement;
     - un suivi de l'évolution spatiale et temporelle de la radioactivité dans l'environnement;
     * La protection sanitaire des populations et de l'environnement par l'évaluation des expositions radiologiques
     La surveillance mise en place doit permettre:
     - par la connaissance de l'état radiologique des différents compartiments environnementaux, de contribuer à l'évaluation des doses auxquelles la population est exposée quelle que soit l'origine des rayonnements ionisants;
     - de garantir la protection des consommateurs (denrées, eaux de boisson, ...)
     * La détection le plus précocement possible de toute élévation anormale de la radioactivité de l'environnement
     La surveillance de la radioactivité de l'environnement doit permettre:
     - détecter et suivre aussi rapidement que possible toute évolution anormale de la radioactivité (situation accidentelle et incidentelle, phénomènes naturels ponctuels, ...); cela suppose de pouvoir détecter une élévation de la radioactivité d'origine artificielle jusqu'à plusieurs ordres de grandeur inférieurs aux fluctuations de la radioactivité ambiante d'origine naturelle;
     - en cas de situation accidentelle ou de situation nécessitant un suivi particulier (suivi de la qualité radiologique des eaux souterraines et superficielles en cas de détection de contamination), mettre en oeuvre dans les plus brefs délais les moyens nécessaires à la caractérisation radiologique de l'événement et, en tant que de besoin, prendre les dispositions pour y remédier afin de limiter son impact sur l'homme.
     * Le respect de la réglementation par les exploitants ayant une activité nucléaire
     Il s'agit de:
     - vérifier l'absence dans l'environnement de substances dont l'émission ne fait pas l'objet d'une pratique réglementée;
     - s'assurer que l'impact radiologique des installations n'a pas d'effets sanitaires significatifs sur la population et l'environnement et reste très inférieur aux valeurs limites fixée par la réglementation;
     - s'assurer par des contrôles indépendants de la validité et de la qualité des mesures réalisées par les exploitants.
     * L'information du public
     Il s'agit d'informer le public sur:
     - les niveaux de radioactivité de l'environnement, notamment par la mise à disposition de résultats de mesures;
     - les doses reçues par la population.
     L'ensemble de ces objectifs doit permettre à l'ASN de s'assurer du respect par la France de ses obligations ou engagements vis-à-vis de l'Union européenne ou des organismes internationaux en matière de protection des populations et de l'environnement contre les rayonnements ionisants.
suite:
     II- Principes directeurs
     Comte tenu de ces objectifs et des éléments de contexte que vous avez rappelé lors de votre audition, l'ASN considère que la stratégie de surveillance de la radioactivité mise en oeuvre sur le territoire national doit obéir aux principes directeurs suivants:
     * Disposer de réseaux de surveillance du territoire national permettant de garantir la détection précoce d'événements radiologiques
     - s'assurer que les équipements mis en oeuvre et leurs performances métrologiques répondent à l'objectif de détection précoce d'évènement radiologique et au suivi de situations normales, incidentelles ou accidentelles;
     - renforcer en tant que de besoin les enjeux à proximité des frontières, à proximité d'installations présentant des enjeux spécifiques en matière de protection des populations et de l'environnement (stockage de résidus miniers, services de médecine nucléaire, ...) et à la proximité des zones les plus urbanisées;
     - s'assurer au-delà des frontières, en liaison avec les organismes nationaux de mesures, de la continuité du suivi radiologique, avec des niveaux de qualité permettant de comparer les résultats de mesures;
     - prendre en compte la complémentarité des mesures réalisées par les différents acteurs (IRSN, exploitants, ASQA -Association Surveillance Qualité de l'Air-, ...);
     - fiabiliser la transmission des alertes.
     * Garantir la qualité et la fiabilité des mesures de radioactivité de l'environnement
     - s'assurer qu'un contrôle de l'état radiologique de l'environnement autour des sites nucléaires, indépendant de celui réalisé par l'exploitant est effectué;
     - s'assurer de la fiabilité de l'ensemble de la chaîne de surveillance, de la représentativité du prélèvement jusqu'à la mesure et à son exploitation;
     - maintenir les compétences métrologiques nationales en identifiant et en favorisant l'émergence de travaux de normalisation et de recherche;
     - s'assurer de l'implication des différents acteurs dans les travaux normatifs internationaux relatifs aux mesures et aux dispositifs de surveillance;
     - fixer des exigences minimales en matière de limites de détection à atteindre notamment pour les mesures réglementaires imposées aux exploitants;
     - contribuer à maintenir les compétences des exploitants pour l'exercice de leurs responsabilités.
      * S'assurer que la surveillance réalisée sur le territoire national contribue à la sécurité sanitaire des populations
     - s'assurer d'une action coordonnée des différents acteurs publics chargés de la surveillance des produits consommés par la population (eaux de consommation, denrées alimentaires, ...) et la qualité de l'air;
     - collecter les résultats des différents acteurs à des fins d'évaluation de dose de la population;
-s'assurer que les états radiologiques réalisés sur le territoire permettent une évaluation de l'impact dosimétrique sur les populations quelles que soient les origines des rayonnements ionisants.
     * Partager les évolutions de la surveillance de la radioactivité de l'environnement sur le territoire national avec les différentes parties prenantes (exploitants, associations, pouvoirs publics, ...)
     - inclure un processus de consultation préalable aux choix en matière de localisation des points et des programmes de surveillance;
     - informer le HCTISN des évolutions stratégiques en matière de surveillance de la radioactivité de l'environnement;
     - réaliser l'intégration de l'ensemble des mesures de radioactivité réalisées dans l'environnement dans le RNM;
     - faire du comité de pilotage du RNM, qui réunit tous les acteurs intéressés par la surveillance de la radioactivité de l'environnement, un lieu privilégié d'échange;
     - favoriser l'émergence de nouveaux laboratoires de mesures indépendants des exploitants.
 p.12

Décembre 2009: Mise au point de l'IRSN
Césium 137: propriétés et effets biologiques après contamination interne
P. Lestaevel, R. Racine, H. Bensoussan, C. Rouas, Y. Gueguen, I. Dublineau, J.-M. Bertho, P. Gourmelon, J.-R. Jourdain and M. Souidi
PRESENTATION DU RESUME, DE L'INTRODUCTION, DE LA CONCLUSION ET DES REFERENCES

     Résumé
     Le césium 137 (137Cs) est un radionucléide retrouvé dans l'environnement suite aux essais aériens des armes nucléaires et aux accidents survenus dans des centrales nucléaires comme à Tchernobyl en 1986. Les conséquences sanitaires d'une exposition chronique à ce radionucléide restent mal connues. Après absorption, le césium se distribue de façon relativement homogène dans l'organisme, avec une charge plus importante chez l'enfant que chez l'adulte. La toxicité du 137Cs résulterait essentiellement de ses propriétés radiologiques. Une contamination interne à forte dose induit une insuffisance médullaire, des troubles de la fonction de reproduction, des effets hépatotoxiques et des affections rénales. Des troubles de la minéralisation osseuse et des lésions cérébrales ont également été décrits chez l'homme. A plus faible dose, le 137Cs entraîne chez l'animal des perturbations du cycle veille-sommeil, mais sans troubles comportementaux. Une atteinte du système cardiovasculaire a également été observée. Des systèmes physiologiques tels que les métabolismes de la vitamine D, du cholestérol et des hormones stéroïdiennes sont modifiés, mais sans engendrer toutefois l'apparition de pathologies avec symptomatologie clinique. Chez l'homme, le 137Cs induit une atteinte du système immunitaire, des malformations congénitales et fœtales, une augmentation des cancers de la thyroïde ainsi que des troubles neurologiques. Enfin, il semblerait que les enfants soient plus sensibles aux effets toxiques du césium que les adultes. En termes de prise en charge thérapeutique des patients contaminés par le 137Cs, le bleu de Prusse (Radiogardase®) est actuellement le seul traitement efficace pour décorporer le 137Cs après ingestion. L'administration de pectine pour traiter une contamination interne au 137Cs a été évoquée, notamment chez les enfants, mais son utilisation fait encore aujourd'hui débat. En conclusion, les données scientifiques actuellement disponibles, et plus particulièrement celles décrites après contamination chronique, suggèrent que le 137Cs est susceptible d'affecter de nombreuses fonctions physiologiques et métaboliques. Ainsi, il pourrait contribuer, avec d'autres substances artificielles présentes dans l'environnement, à l'augmentation des risques sanitaires dans certaines régions du globe.

     1. Introduction
     Le césium 137 (137Cs) est un radionucléide anthropogénique, qui a été libéré en très grande quantité dans l'environnement, essentiellement lors des essais atmosphériques des armes nucléaires ainsi qu'à la suite d'accidents survenus au sein d'installations industrielles utilisant ou pouvant libérer du 137Cs. L'explosion du réacteur N°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986 a été à l'origine de la dispersion, parmi d'autres radionucléides, de 85.1015 Bq de 137Cs. Les populations vivant à proximité de cet accident sont désormais exposées sur le long terme au 137Cs, principalement en raison de l'ingestion quotidienne de produits alimentaires contaminés par ce radionucléide. 
     Les conséquences sanitaires de l'ingestion chronique à long terme de ce radionucléide restent à ce jour mal connues.

suite:
En l'absence d'un déficit de travaux expérimentaux visant à étudier les éventuels effets, sur les grandes fonctions physiologiques, d'expositions à faibles doses de 137Cs, des équipes nationales et internationales ont mis en place plusieurs programmes de recherche dans l'objectif de mieux connaître les effets biologiques et les conséquences sanitaires d'ingestion chronique de faibles quantités de ce radionucléide.
     Cette revue se propose de faire la synthèse des connaissances actuelles sur le 137Cs. Après une présentation de ses propriétés physicochimiques, puis de données quant à sa dispersion dans l'environnement et à sa cinétique d'absorption et de distribution chez les populations exposées, les auteurs dressent un bilan relatif à ses effets biologiques exprimés dans différents organes tels que les reins, le système nerveux central, les gonades ou le foie, après une contamination selon un mode aigu ou chronique à faible dose. Enfin, pour terminer cette revue, une mise au point est faite sur les traitements actuellement utilisés pour la décorporation du 137Cs après contamination interne.
(...) 
     3. Conclusion
     Le 137Cs présente une radiotoxicité potentielle élevée, compte tenu de ses caractéristiques physicochimiques et ses propriétés biologiques. Les effets toxiques radio-induits à forte dose par le 137Cs sont bien connus et relativement comparables chez l'animal et chez l'homme. Les accidents de contamination aiguë à forte dose ont été jusqu'ici rares. Néanmoins, en raison de la persistance de ce radionucléide dans l'environnement, les risques sanitaires associés à une contamination chronique à faibles doses, notamment après l'accident de Tchernobyl, sont aujourd'hui encore mal documentés. Dans de telles conditions d'exposition à faibles doses, les études expérimentales montrent que l'exposition au 137Cs affecte certaines fonctions physiologiques et métaboliques chez les rongeurs. Chez l'homme, les effets d'une contamination chronique au 137Cs restent difficiles à interpréter. En effet, de nombreux autres facteurs (autres radionucléides, pollutions chimiques) peuvent intervenir. D'un point de vue expérimental, il sera donc nécessaire de tenir compte de ces différents facteurs et d'étudier par exemple l'effet combiné du césium et du strontium. Ces deux radioéléments sont en effet présents simultanément dans l'environnement contaminé.
     La question sous-jacente à l'observation de ces effets consiste à savoir si ces modifications physiologiques ou métaboliques constituent les signes précurseurs de l'apparition d'une pathologie avérée sur le plan clinique, ou si elles sont plutôt la conséquence d'une adaptation physiologique de l'organisme à cette exposition chronique. Les études expérimentales étant réalisées chez un modèle animal représentatif d'une population adulte et « saine », une des manières de répondre à cette interrogation serait d'évaluer les effets du 137Cs sur d'autres modèles animaux, soit chez des individus en croissance dont l'exposition à ce radionucléide se fait de façon simultanée à la genèse des grands systèmes physiologiques, soit chez des individus ayant des prédispositions à des pathologies particulières. En outre, ces résultats expérimentaux ne présenteraient un véritable intérêt pour la société que s'ils pouvaient être corrélés à des études épidémiologiques (telles que celle mise en œuvre récemment par l'IRSN) sur des populations humaines vivant dans les territoires contaminés.
p.13


     Références
     - H. Métivier and S. Lorthioir, Propriétés physiques et chimiques du césium, Le Césium de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, Paris (2000) p. 3–13.
     - P. Agalesdes, D. Manesse, M. Philippe, F. Israël and D. Robeau, Inventaire des sources de césium, Le Césium de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, Paris (2000) p. 13–26.
     - ATSDR. Toxicological profile for cesium. In: Toxicological profile. US, department of health and human services. Public health service. Agency for toxic Substances and Disease Registry, Atlanta. 2004.
     C. Colle and S. Roussel-Debet, Sols et végétaux, Le Césium de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, Paris (2000) p. 63–92.
     - J. Handl, D. Beltz, W. Botsch, S. Harb, D. Jakob and R. Michel et al., Evaluation of radioactive exposure from 137Cs in contaminated areas of Northern Ukraine, Health Phys84 (2003), pp. 502–517.
     -T. Takatsuji, H. Sato, J. Takada, S. Endo, M. Hoshi and V.F. Sharifov et al., Relationship between the 137Cs whole-body counting results and soil and food contamination in farms near   Chernobyl,  Health Phys 78 (2000), pp. 86–89. 
     - A. Després and H. Métivier, Dosimétrie des expositions aux isotopes radioactifs du césium, Le Césium de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, Paris (2000) p. 189–232.
     - V.B. Nesterenko, A.V. Nesterenko, V.I. Babenko, T.V. Yerkovich and I.V. Babenko, Reducing the 137Cs-load in the organism of “Chernobyl” children with apple-pectin, Swiss Med Wkly134 (2004), pp. 24–27.
     - C.L. Raaf, R. Falk, C. Thornberg, M. Zakaria and S. Mattsson, Human metabolism of radiocaesium revisited, Radiat Prot Dosimetry 112 (2004), pp. 395–404. 
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     - E. Tissandie, Y. Gueguen, J.M. Lobaccaro, J. Aigueperse, P. Gourmelon and F. Paquet et al., Chronic contamination with 137Cs affects Vitamin D3 metabolism in rats, Toxicology225 (2006), pp. 75–80. 
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     - E. Grignard, Y. Guéguen, S. Grison, J.M. Lobaccaro, P. Gourmelon and M. Souidi, In vivo effects of chronic contamination with 137Cs on testicular and adrenal steroidogenesis, Arch Toxicol 82 (2008), pp. 583–589. 
     - Y. Gueguen, P. Lestaevel, L. Grandcolas, C. Baudelin, S. Grison and J.R. Jourdain et al., Chronic contamination of rats with 137Cs radionuclide: impact on the cardiovascular system, Cardiovasc Toxicol 8 (2008), pp. 31–40.
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     - Landon G. Pathologies non cancéreuses potentiellement consécutives à une contamination interne chronique par le 137Cs: cataractes et arythmies cardiaques. Thèse de Pharmacie, Université Paris V-René Descartes (no  2008-PA05-P074).2008.
     - R. Farina, C.E. Brandao-Mello and C.R. Pliveira, Medical aspects of 137Cs decorporation. The Goïania radiological accident, Health Physics. 60 (1991), pp. 63–66. 
     - B. Le Gall, F. Taran, D. Renault, J.C. Wilk and E. Ansoborlo, Comparison of Prussian blue and apple-pectin efficacy on 137Cs decorporation in rats, Biochimie 88 (2006), pp. 1837–1841.
p.14

COMPTE-RENDU DE LA JOURNEE DU 1er OCTOBRE 2009
"GESTION POST-ACCIDENTELLE D'UN ACCIDENT NUCLEAIRE"
Maison Régionale de l'Environnement et des Solidarités (MRES) Lille.
Michel EYRAUD, Ingénieur CPE Lyon, CAP21 Nord-Pas de Calais
Octobre 2009

     J'étais très réservé à l'idée de venir à la journée organisée par EDA à la MRES de Lille sur le thème de la gestion post-accidentelle des suites d'un accident nucléaire ce 1er Octobre 2009 en collaboration avec différents intervenants venant de l'ASN, du CEPN, de l'INVS et du Ministère de l'Ecologie.
     En effet, comme beaucoup de participants, je suis opposé à la pérennisation de la filière nucléaire de production d'électricité et ceci pour des raisons d'analyse des risques, approfondie, appliquée à de nombreux aspects: exploitation, maintenance, sous-traitance, traitement des déchets, ...
     L'association EDA organisatrice est elle-même adhérente et signataire de la charte "Sortir du Nucléaire"
     En tant que militant de la protection de la santé et de l'environnement que je suis, je ne suis pas convaincu par le contenu des travaux présentés et je suis très interrogatif et perplexe sur les intentions véritables des intervenants.
     L'ossature de la journée a consisté en la présentation des travaux réalisés par le CODIR-PA dont nous allons préciser l'origine et le rôle brièvement.

     La directive interministérielle du 7 avril 2005 sur l'action des pouvoirs publics en cas d'événement entraînant une situation d'urgence radiologique, a chargé l'ASN, en relation avec les départements ministériels concernés, d'établir le cadre et de définir, préparer et mettre en œuvre les dispositions nécessaires pour répondre aux situations post-accidentelles.
     En juin 2005, l'ASN a mis en place un Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d'un accident nucléaire ou d'une situation d'urgence radiologique (CODIR-PA) chargé d'élaborer les éléments de doctrine correspondants. 
     Pour mener ses travaux, le CODIR¬-PA a mis en place des groupes de travail (GT) thématiques et en a désigné les pilotes. Depuis 2005, 11 groupes de travail (GT), réunissant environ 130 experts provenant d'horizons différents (Commissions locales d'information, associations, élus, agences sanitaires, organismes d'expertises, autorités etc.), ont été constitués. Le CODIR-PA fixe les objectifs généraux et assure la coordination des groupes de travail. Il en valide les cahiers des charges et les travaux ainsi que les éléments de doctrine produits. Le mandat du CODIR-PA a initialement été fixé pour 2 ans; il a ensuite été prolongé jusqu'en décembre 2010.
     Beaucoup d'intervenants, rapportant les recommandations de ces groupes de travail se sont placés dans un cadre restreint celui d'un accident d'importance moyenne (dit de niveau 3-4 sur l'échelle internationale INES). Même si l'apparition d'un accident de ce type de gravité peut être envisagé, il est curieux de voir que l'on commence à envisager le scénario peut-être le plus rassurant et pour le moins beaucoup moins inquiétant qu'un accident de fusion du cœur suite à enchaînement de défaillances humaines et des équipements qui ne peut être exclu comme hypothèse de travail.
     Les intervenants n'ont pas justifié ce choix de travail (pour l'instant?) du cas d'un accident léger en conséquence.
     Parmi toutes les informations présentées sur les mesures qui seraient à prendre en cas d'un tel type d'accident, beaucoup d'interrogations me sont venus à l'esprit. 
     1- A aucun moment, ne s'est posé la question de la panique qui pourrait s'installer chez les habitants ou personnes de passage... et même chez les intervenants de secours
     2- Quels moyens humains et quelles compétences seront réellement disponibles dans un tel cas d'accident pour quadriller, surveiller, gardienner, contrôler, mesurer, faire évacuer, intervenir...?
     3- Quels moyens ont-ils été identifiés pour le transport massif éventuel de population en cas de décision d'éloignement ou d'évacuation?
     4- Les moyens humains et matériels disponibles dans ces cas d'urgence  dans les hôpitaux sont de plus en plus réduits suite au plan drastique de rationalisation - contraction des hôpitaux et à sa mise en œuvre depuis plusieurs années. Comment fait-on pour gérer l'hospitalisation de personnes contaminées?

suite:
     5- Les concepts et procédures de gestion n'ont donné lieu à aucune validation par des exercices grandeur nature ce qui ne permet pas de conclure sur la faisabilité des recommandations des différents groupes de travail du CODIR-PA.
     6- Nous avons constaté que la sécurité civile n'a pas été associée à la démarche pour l'instant alors que l'organisation française de secours lui confère un rôle primordial de coordination/mise à disposition des forces de secours et de commandement des intervenants.
     7- Les mesures préconisées pour la gestion des denrées alimentaires consommables par la population se basent sur des niveaux de contamination acceptables qui ont été considérés comme inacceptables par de nombreuses associations ou autorités médicales. Les niveaux de contamination radioactive des denrées alimentaires ont été en fait relevés à la demande des lobbys agro-alimentaires suite à la catastrophe de Tchernobyl.
     Conclusion: Nous ne pouvons que nous féliciter de l'apparent changement de comportement des acteurs du nucléaire en France. Nous sommes passés, à cause de la catastrophe de Tchernobyl, d'une attitude de négation  totale de la possibilité d'un accident très grave à une attitude plus modeste semble–t-il d'acceptation de la possibilité d'occurrence d'un accident.
     Mais là où nous restons méfiants, c'est sur les buts visés par ce genre d'opération. En effet, en communiquant sur des réflexions concernant les conséquences d'un accident de niveau moyen, ces mêmes acteurs du nucléaire semblent vouloir avoir comme intention non divulguée de convaincre la population qu'un accident nucléaire aurait des conséquences somme toute mineures et donc acceptables.
     Et donc quelque part, ne cherche-t-on pas en final à faire considérer le nucléaire comme une filière énergétique acceptable... et pourquoi pas "verte": peu de CO2, peu coûteux, peu dangereux?

     Je reste résolument, et ceci pour huit raisons essentielles, convaincu qu'il faut sortir du nucléaire. Ces raisons sont:
     - Le problème de la sûreté de fonctionnement 
     - Les rejets radioactifs des centrales et leurs effets sanitaires
     - La vulnérabilité aux attentats terroristes ou autres actes de malveillance
     - La méconnaissance du vieillissement des réacteurs
     - Le problème du devenir des déchets radioactifs à période longue
     - Le coût de l'énergie nucléaire et ses conséquences négatives pour le développement de l'utilisation des sources d'énergie renouvelables
     - La contradiction de plus en plus évidente entre les exigences de liberté d'une démocratie moderne et le type de société qu'implique le nucléaire : surveillance, contrôle, "flicage"... en liaison avec sa dangerosité intrinsèque.
     En conclusion (et de 8), le nucléaire est bien une impasse technologique et sociétale et donc ne constitue pas une solution face aux défis climatiques, sanitaires et environnementaux que nous devons affronter


Bibliographie complémentaire et sites internet
     - La gestion post-accidentelle d'un accident nucléaire, ASN, Juin 2008.
     - Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d'un accident nucléaire ou d'une situation d'urgence radiologique, Rapport d'étape, janvier 2008.
     - Le comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d'un accident nucléaire ou d'une situation d'urgence radiologique (CODIRPA), présentation générale, 
     - Guide d'aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d'accident nucléaire, IRSN, ASN, Ministère de l'Agriculture, mai 2007.
     - Guide national d'intervention médicale en cas d'événement nucléaire ou radiologique, ASN Aout 2008.
p.15

REFLEXIONS SUITE ET SUR LA JOURNEE ORGANISEE PAR L'ASSOCIATION EDA
VENDREDI 4 DECEMBRE 2009 AU "NOUVEAU SIECLE" DE LILLE
M. EYRAUD, ingénieur, délégué régional CAP21 Nord-Pas de Calais.

     La gestion du post-accidentel nucléaire en France 
     Cette journée organisée par l'Association Environnement et Développement Alternatif (EDA) fait suite à celle organisée le 1er octobre 2009 à la Maison Régionale de l'Environnement et des Solidarités (MRES). Comme pour le 1er octobre, j'étais très réservé à l'idée de venir à la journée organisée par EDA à la MRES de Lille sur le thème de la gestion post-accidentelle des suites d'un accident nucléaire ce 1er Octobre 2009 en collaboration avec différents intervenants venant de EDF, de l'ASN, du CEPN, de l'IRSN, de l'INVS, du LMCU, du monde associatif et du Ministère de l'Ecologie. En effet, comme beaucoup de participants, je suis opposé à la pérennisation de la filière nucléaire de production d'électricité et ceci pour des raisons d'analyse des risques approfondie, appliquée à de nombreux aspects: exploitation, maintenance, sous-traitance, traitement des déchets, risque de prolifération, terrorisme...
     Précisons, que l'association EDA organisatrice est, elle-même, adhérente et signataire de la charte "Sortir du Nucléaire". 
     Nous ne pouvons que nous féliciter de l'apparent changement de comportement des acteurs du nucléaire en France. Nous sommes passés,  à cause de la catastrophe de Tchernobyl, d'une attitude de négation  totale de la possibilité d'un accident très grave à une attitude plus modeste, semble–t-il, d'acceptation de la possibilité d'occurrence d'un accident. La volonté de transparence est bien réelle de la part de l'ASN par exemple.
     Oui aux lettres d'inspection de l'ASN publiées, par contre, non à l'absence de publication de la réponse de l'exploitant. Néanmoins plusieurs faits interrogent sur cette réelle volonté. Ainsi CAP21 a interpellé à plusieurs reprises les représentants du complexe nucléaire sur différents sujets. Au lieu de répondre avec franchise sur la situation, on en est resté encore au "tout est sous contrôle" dans différents domaines au lieu de faire le point sur l'acquis existant et les progrès qui restent à accomplir. 
     Ainsi ce directeur du CNPE de Gravelines qui nie l'existence de problème dû à l'extension de la sous-traitance des opérations de maintenance, qui nie l'existence de problèmes quant au suivi dosimétrique et médical des intervenants extérieurs, aux conditions dangereuses d'intervention de ceux-ci sur les zones "chaudes". Mais aussi le problème que posent cet externalisation pour l'encadrement de maintenance titulaire EDF, ainsi le problème de la perte d'expériences posée par le remplacement de l'ancienne génération par la nouvelle pour les opérateurs et la maîtrise. Monique SENE, physicienne bien connue du GSIEN a confirmé la justesse de nos interpellations.
     A propos de transparence et de démocratie exemplaires, CAP21 a demandé solennellement ce que pensaient les représentants du complexe nucléaire des actes de malveillance, de viol de fichiers, ou de tentatives d'intimidation commis contre les associations anti-nucléaires. AUCUNE réponse!
     D'autres intervenants ont réclamés aussi qu'il y ait de véritables plans d'urgence en rapport avec le transport de matières nucléaires sur le territoire régional. 
     Curieusement, cette fois-ci aucune explication détaillée n'a été livrée sur les plans de gestion "post-accidentel nucléaire". Dans notre compte-rendu de la journée EDA du 1er octobre, nous avions démontré le côté très irréaliste du dispositif humain, et des procédures envisagées. 
suite:
     Nous maintenons notre inquiétude sur la disponibilité réelle de moyens humains de secours, de contrôle, de filtrage-quadrillage, de moyens de décontamination, de moyens de génie civil et de moyens de surveillance policière. En outre, beaucoup de plans mentionnent encore l'envoi de messages par la voie radio. Or de moins en moins de familles disposent de postes de radio et on ne dispose pas non plus de radio sur son lieu de travail. 
     La question de la formation des pompiers, des secouristes associatifs à l'intervention en milieu contaminé NBC est très loin d'être réalisée sur le territoire. Les véhicules routiers équipés NBC sont en faible nombre du côté des pompiers ... même si l'armée de terre ou de l'air ont ce type d'équipements, mais avec la disparition d'unités sur le territoire régional, il faudrait acheminer ce matériel de beaucoup plus loin et donc avec un délai substantiel. Alors, il faut suivre l'initiative courageuse de David TREMELET qui lance, suivant l'exemple alsacien un SAMU de l'environnement dans notre région.
     Autre question posée: la nouvelle loi de 2007 oblige à l'existence d'un périmètre de sécurité autour des nouvelles installations nucléaires. Mais cette législation n'étant pas rétroactive, que fait-on pour les habitants, pour le personnel EDF ou autre et pour les maisons qui restent à l'intérieur de ce périmètre théoriquement inconstructible. Les premiers sacrifiés comme à Tchernobyl seraient ces personnes et leurs habitations contaminées et inhabitables pour longtemps.
     Je reste résolument, et ceci pour huit raisons essentielles, convaincu qu'il faut sortir du nucléaire. Ces raisons sont:
     * Le problème de la sûreté de fonctionnement, 
     * Les rejets radioactifs des centrales et leurs effets sanitaires, 
     * La vulnérabilité aux attentats terroristes ou autres actes de malveillance, 
     * La méconnaissance du vieillissement des réacteurs, 
     * Le problème du devenir des déchets radioactifs à période longue,
     * Le coût de l'énergie nucléaire et ses conséquences négatives pour le développement de l'utilisation des sources d'énergie renouvelables, 
     * La contradiction de plus en plus évidente entre les exigences de liberté d'une démocratie moderne et le type de société qu'implique le nucléaire: surveillance, contrôle, "flicage"... en liaison avec sa dangerosité intrinsèque. 
     En conclusion, le nucléaire est bien une impasse technologique et sociétale et donc ne constitue pas une solution face aux défis climatiques, sanitaires et environnementaux que nous devons affronter. 
     Le gouvernement actuel, "grand VRP" du nucléaire dans des pays très peu rassurants, cherche à faire passer dans l'esprit des Français le nucléaire pour une source d'énergie "verte": peu de CO2, peu coûteux, peu dangereux... Vous y croyez, vous? 
     Note du rédacteur: Le Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire (GSIEN) est une association antinucléaire française. Il s'est fait notamment remarquer dans les médias après la catastrophe de Tchernobyl. 
     Le GSIEN a réalisé plus de 120 dossiers scientifiques publiés dans la revue La Gazette Nucléaire. Il a aussi publié plusieurs livres et réalisé de nombreuses interventions devant des organismes officiels ou pour le public, et répondu à de nombreuses demandes de scolaires, journalistes et associations. Le GSIEN a été cofondé et présidé par Monique SENE
Site: www.cap21npdc.net
p.16

Pour produire des isotopes médicaux: le cyclotron pourrait remplacer le réacteur nucléaire
Un message d'Olivier Noël, Sept-Îles sans Uranium
le 10 février, 2010
 

     Petite mise en contexte. 
     J'ai écrit hier à la Doctore Brigitte Guérin de l'université de Sherbrooke sur le cyclotron. Je lui ai posé deux  questions.
     (1) Est-ce que les isotopes médicaux faits par le cyclotron peuvent diagnostiquer tous les cancers et autres maladies comme les isotopes de Chalk Rivers?
     (2) Si oui, est-ce que la technologie du cyclotron pourrait remplacer une centrale nucléaire?
Voici les réponses.

     Bonjour M. Noël,
     * Mise en contexte: Les composés marqués au Tc-99m représentent 80% de tous les radiopharmaceutiques utilisés en médecine nucléaire. 
     Ils sont utilisés pour l'imagerie cardiaque, pulmonaire, rénale, des glandes parathyroïdes, les scintigraphies osseuses, l'imagerie (et les soins) du  cerveau, les cancers, etc.
     Voici mes réponses à vos questions:
     (1) Est-ce que les isotopes médicaux faits par le cyclotron peuvent diagnostiquer tous les cancers et autres maladies comme les isotopes de Chalk Rivers?
     Plusieurs radioisotopes peuvent être produits par les réacteurs nucléaires, parmi ceux-ci le Molybdène99 (Mo99) qui sert à l'alimentation de générateur. En décroissant, le Mo99 génère un second radioisotope, le technétium (Tc99m). Le Tc99m provient donc indirectement des réacteurs nucléaires.
     A partir de cyclotron, nous pouvons fabriquer des radioisotopes émetteurs de positron comme le Fluor18 et le Carbone11, mais nous pouvons également produire directement du Tc99m sans passer par le Mo99.
     Le Tc99m provenant directement du cyclotron et celui provenant indirectement du réacteur nucléaire *sont les mêmes produits*. Il faut s'assurer que la «qualité» soit la même pour pouvoir utiliser le Tc99m produit de cyclotron comme substitut et c'est ce que nous avons démontré.
     (2) Si oui, est-ce que la technologie du cyclotron pourrait remplacer un réacteur nucléaire?
     La réponse est OUI, mais il reste encore du développement à faire. 

suite:
     Où en sommes-nous?: 
     Nous devons travailler à améliorer le procédé chimique pour l'automatiser et nous devons également démontrer que nous pouvons produire suffisamment de Tc99m. Selon nos estimations reposant sur des données expérimentales, la réponse est oui. Mais nous devrons le vérifier avec un cyclotron de plus haute énergie et à courant plus élevé que celui que nous avons actuellement.
     Plusieurs aspects doivent être pris en considération. Un réacteur nucléaire va produire des quantités plus importantes de radioisotopes. 
     A deux, PETTEN et Chalk Rivers répondent à 60-70% de la demande mondiale. Cependant lorsque le réacteur ferme pour différentes raisons, il y a pénurie. Un cyclotron pourrait répondre seulement à la moitié de la demande québécoise. La stratégie proposée est le déploiement d'un réseau de cyclotrons près de grands centres urbains pour satisfaire à la demande canadienne. Donc avec 8 à 10 cyclotrons, nous pourrions produire suffisamment pour le Canada. Le transport des radioisotopes vers les différents hôpitaux est possible.
     D'un point de vue écologique, l'approche cyclotron est plus verte. Avec les réacteurs nucléaires, il y a aussi beaucoup de déchets nucléaires.

     COMMENTAIRE
     Si en France on utilise le réacteur OSIRIS, il existe également des cyclotrons (centre Frédéric Joliot (CEA) à Orsay) qui fournissent en particulier du fluor 18, mais aussi d'autres éléments utilisés directement sur site. Ce centre dessert en partie la région Ile de France.
     Ce qui est certain c'est que les quantités sont différentes, mais on pourrait éviter des transports en ayant plus de centres avec cyclotron. De plus on pourrait aussi se pencher sur les examens et se limiter à exécuter ceux qui sont indispensables. On a trop tendance à prescrire des examens lourds et parfois inutiles.

p.17

NOUVELLE MISE EN GARDE A PROPOS DE L'OUVERTURE DU MARCHE DE L'ELECTRICITE
TEXTE TRANSMIS PAR UN DE NOS LECTEURS
Texte de Bernard Gensane vendredi 5 février 2010
 

     L'électricité: comment ça marche?
     Le marché de l'électricité et du gaz va être ouvert à la concurrence de part la volonté de nos dirigeants. Beaucoup de monde risquent de se faire piéger.
     Un premier conseil: ne cédez pas aux sirènes téléphoniques et autres démarchages commerciaux, même de la part d'EDF et/ou de Gaz de France.
     Pour info (rappel):
     Les fournisseurs Electricité:
ALTERNA, COMP. NAT. DU RHONE (SUEZ)
DIRECT-ENERGIE SA, EDF, ELECTRABEL France (SUEZ)
ELECTRICITE DE STRASBOURG, ENDESA ENERGIA
ENERCOOP, GAZ DE France, GAZ ÉLECTRICITÉ DE GRENOBLE
OUEST ENERGIE, POWEO, SIGEXY, SOREGIES
USINE ELECTRIQUE DE METZ
     Les fournisseurs Gaz:
ALTERGAZ, BP GAS & POWER, DISTRIGAZ, EDF
ELECTRABEL, ENI, E.ON GROUP, GAS NATURAL
GAZ DE FRANCE, GAZ DE PARIS, HYDRO ENERGY
IBERDROLA, POWEO, SOTEG, TOTAL, WINGAS
     Listes mises à jour régulièrement à consulter sur www.cre.fr (site du Comité de Régulation de L'Energie) La plupart de ces fournisseurs n'ont pas ou peu de moyens de production (centrales, barrages, éoliennes,...) comme POWEO par exemple!

     Comment ça se passe?
     Comme en téléphonie, les structures sont là (centrales, câbles, pylônes, transfos...) ils n'ont besoin que d'ordinateurs et de téléphones (pour prendre vos réclamations) qu'ils transmettent ensuite aux opérateurs historiques (EDF–GDF) qui, bien entendu, continuent d'entretenir et de développer les installations.
     Il existe une bourse de l'électricité (eh oui) POWERNEXT, ou chacun fait son marché. Ils achètent A L'AVANCE de l'électricité, de x MWatt.h à une période de la journée où elle est la moins chère et ensuite revendent à leurs clients l'énergie avec bien sûr des gains à la clé. C'est aléatoire car le cours change entre temps! Le bénéfice n'est pas assuré. C'est pourquoi au début, les prix sont bas, pour attirer le «pigeon», ensuite il faut faire au plus vite des plus-values sinon c'est la faillite.
     Comme pour les opérateurs de renseignements téléphoniques (ex 12), des fournisseurs actuellement sur les rangs vont disparaître faute de finances suffisantes. Seuls les plus puissants resteront, quitte à perdre beaucoup d'argent au début!...

     1) Tarif régulé, éligibilité et tarif concurrentiel
     Depuis le 1/07/07, vous avez le choix entre:
     * le tarif régulé (comme aujourd'hui) où l'Etat fixe les prix (peu de fluctuation car suit en général le coût de la vie),
     * le tarif concurrentiel (faire jouer votre éligibilité), c'est à dire choisir le marché, faire jouer la concurrence.
     Si vous faites jouer votre éligibilité, donc que vous choisissiez de faire jouer la concurrence, vous ne pourrez plus jamais revenir au tarif régulé. 
     Faire surtout attention aux offres EDF ou Gaz de France car ces 2 entreprises, étant opérateur historique, sont les seules (avec Electricité de Strasbourg et de Grenoble, Usine de Metz) à conserver 2 types de tarifs, le régulé et le concurrentiel.
     Alors il se peut que vous soyez contactés par EDF ou GDF (surtout GDF) pour vous entendre dire: «venez chez nous, on vous fera un contrat unique, vous n'aurez qu'une seule facture, vous aurez des avantages (diagnostiques gratuits d'installation, l'énergie moins chère, une cafetière offerte,...) et dès la signature, votre facture baissera de x%...»
     Aujourd'hui, EDF et Gaz de France sont devenues des Sociétés Anonymes, avec des actionnaires à rétribuer. Vous comprendrez donc aisément qu'elles ont intérêt à ce qu'un maximum de leurs clients quittent le tarif régulé. Programme ou offre alléchants, mais danger, même en choisissant un contrat de type concurrentiel d'EDF ou de GDF, vous faites jouer votre éligibilité, donc, FINI le tarif régulé.
     Et à titre d'exemple, si pour vous appâter on vous offre un diagnostic de votre installation et qu'on trouve des défauts, vous serez obligés d'y remédier à titre onéreux.

     Qu'arrivera-t-il si vous quittez le tarif régulé?
     Un seul exemple, celui de l'hôpital de Besançon. En 2004, le directeur, envoûté par les sirènes d'ENDESA, quitte EDF et le tarif régulé. 
     Première année, pas de problème: - 10% sur la facture d'électricité, on se frotte les mains, y-a pas à dire, la concurrence et le marché cela a du bon.
     2ème année, patatras: + 70% sur la facture ENDESA (comme pour les assurances et tout le reste, il faut lire les petites lignes). Notre directeur d'hôpital, se disant que l'on ne l'y reprendrait pas de sitôt, demande son retour à EDF. EDF lui répond: «volontiers Monsieur, nous vous faisons une offre à 10% de moins que ENDESA»
     «Quoi? mais avant je payais tant!!!»
     «Oui mais cela, c'était le tarif régulé. Et comme vous avez fait jouer votre éligibilité, vous ne pouvez pas revenir au tarif régulé!» donc résultat des courses, + 50% en 2 ans

suite:
     Pour la petite histoire, qui a subi les conséquences de la décision du directeur?
     - les usagers car on a dû fermer des lits,
     - le personnel soignant car on a dû supprimer des postes suite à l'augmentation des dépenses budgétaires que l'opération a entraînée.

     2) Très important: la notion de point de livraison
     ATTENTION, jusqu'au 1er juillet 2007, un abonnement à l'électricité et au gaz était contracté par une personne physique ou morale. Depuis le 1er juillet, c'est la notion de point de livraison qui prévaut.
     Ça veut dire quoi?
     Depuis le 1er juillet, vous décidez d'acheter une maison ou un appartement. Si le vendeur était resté à EDF et/ou GDF régulé, pas de problème. 
     Par contre, si votre vendeur avait fait jouer son éligibilité, donc qu'il a quitté EDF et/ou GDF tarif régulé, vous ne pouvez pas prétendre au tarif régulé, car c'est la notion de point de livraison qui est prise en compte.
     Plus grave, idem pour le locatif. C'est à dire que si vous déménagez et que vous êtes en locatif (OPAC, privé...), vérifiez bien où votre prédécesseur dans le logement se fournissait car la aussi, si un locataire décide de quitter le tarif régulé, c'est le logement qui quitte définitivement ce tarif (attention encore, s'il vous dit qu'il était à EDF et/ou GDF, cela ne dit pas à quel tarif il était).
     Cela vaut pour le bailleur de logement qui risque d'avoir des difficultés ultérieures à louer ses logements qui ne seront plus au tarif régulé (d'autant plus qu'actuellement la loi sur la concurrence libre et non faussée lui interdit d'imposer à un de ses locataires de se fournir ici plutôt que là).
     BONJOUR LES DEBOIRES...

     3) Les coupures pour impayés
     Que vous choisissiez n'importe quel fournisseur et n'importe quel tarif, c'est une nouvelle entreprise, filiale commune à EDF et Gaz de France, qui s'appelle depuis 2004, EDF-Gaz de France Distribution (EGD en abrégé interne), qui est en charge de:
     - la construction du réseau et du branchement pour vous raccorder,
     - l'entretien et le renforcement de ce même réseau,
     - le dépannage aussi bien électrique que gaz,
     - le relevé des consommations, facturé au fournisseur, et toutes les interventions annexes
     - l'augmentation de puissance sur les disjoncteurs,
     - les coupures pour impayés, facturés au fournisseur qui répercute (bien sûr sur le client) et là, on peut constater que certains fournisseurs n'y vont pas avec le dos de la cuillère envers leurs clients mauvais payeurs.

     4) Et maintenant, le coup de chapeau
     Le 1er juillet 2010:
     A compter de cette date, que vous accédiez à la propriété ou que vous changiez de résidence en locatif, vous n'aurez plus droit au tarif régulé. Alors si vous avez prévu de faire construire ou d'accéder à la propriété, faites le avant cette date.

     5) En guise de conclusion
     L'objectif gouvernemental Européen et Français est de tuer le tarif régulé le plus vite possible, donc:

     CONSIGNES POUR TOUS:
     Si on vous appelle (même si c'est E.D.F. ou Gaz de France) pour vous faire une offre commerciale, vous répondez:
     «MOI, JE RESTE AU TARIF REGULE!»
     (Si c'est les autres, je n'ose pas vous dire ce que vous leur répondez...)
     Mais surtout, pas de signature et ni même d'engagement oral, même pour le moindre changement de contrat , y compris un «suivi conso» pour la maîtrise de votre consommation (moyennant finance!), ou souscrire au service dépannage à domicile, ou bien encore un changement de puissance,...
     Régulièrement contrôlez vos factures car je ne vous dis pas les arnaques qu'il y a eu pour les professionnels...
     Et enfin, ne vous laissez pas berner par des désinformations du style:
     Le public Manque d'informations, il craint de voir la facture grimper...
     En cas de problème ou d'incompréhension, renseignez-vous!
     (vous connaissez bien quelqu'un dans votre entourage qui travaille dans le service encore un peu public (par le biais duquel vous avez reçu ce document par exemple?)

     Petite anecdote pour finir:
     En 2006, devant le tollé soulevé auprès des industriels et professionnels, à l'injonction du MEDEF et de la CGPME, mais aussi de certaines communes qui avaient changées de fournisseurs d'énergie, qui elles aussi étaient dans le cas d'une augmentation de près de 70% du prix de l'électricité dérégulée, le Gouvernement Villepin a mis en place un truc malhonnête:
     - Pendant 2 ans, EDF rembourse, aux fournisseurs indélicats, 30% des 70% d'augmentation qu'ont subi ces patrons et clients repentis. En clair, cela signifie que vous, petits usagers, payez, par l'intermédiaire de votre facture EDF, à des sociétés comme POWEO, Suez et autres, la différence entre les rabais qu'elles consentent à leurs gros clients pour ne pas les perdre.

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