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G@zette N°258
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Communiqué de presse
Villejuif, lundi 20 septembre 2010
Cancers de la thyroïde suite aux essais nucléaires en Polynésie Française

     Une étude menée par l'équipe de Florent de Vathaire (Directeur de Recherche Inserm-Université Paris-Sud 11 à l'Institut Gustave Roussy) s'est intéressée à la relation entre la fréquence des cancers de la thyroïde en Polynésie Française et les essais nucléaires atmosphériques menés par la France. L'étude conclut que le risque de cancer de la thyroïde semble légèrement augmenté avec la dose d'irradiation reçue suite aux essais nucléaires. Cette étude (1) est publiée sur le site Internet de la revue British Journal of Cancer.
     Entre 1966 et 1974, la France a réalisé 41 essais nucléaires atmosphériques en Polynésie. 
     Leurs effets potentiels sur la santé de la population en Polynésie n'avaient fait l'objet d'aucune étude épidémiologique. 
     Cette étude cas-témoins a comparé l'exposition aux rayonnements des 229 Polynésiens ayant eu un diagnostic de cancer de la thyroïde différencié entre 1981 et 2003, à celle de 373 individus «témoins» n'ayant pas développé de cancer de la thyroïde dans cette même population. L'exposition aux rayonnements a été estimée en utilisant des données météorologiques, les mesures officielles réalisées après les essais nucléaires et communiquées par la France aux Nations Unies, l'âge au moment de chaque essai, les informations sur les lieux de résidence et les habitudes alimentaires. Ces expositions ont été estimées en collaboration avec des chercheurs du National Cancer Institute de Bethesda, et ont déjà été publiées (Drozdovich V, Health Physics, 2008). 
     La dose moyenne de radiations à la thyroïde chez les individus de moins de 15 ans était d'environ 1,8 milliGy. 5% des 229 individus ayant développé un cancer et 3% des individus du groupe «contrôle» avaient reçu une dose de 10 mGy. En dépit de ce faible niveau de dose, et après ajustement des données pour le niveau d'éducation, la surface corporelle, les antécédents familiaux de cancer de la thyroïde et le nombre de grossesses pour les femmes, les chercheurs ont observé un risque accru de cancer de la thyroïde avec l'augmentation de dose reçue à la thyroïde avant l'âge de 15 ans. Cette augmentation de risque par unité de dose de rayonnement à la thyroïde était plus élevée chez les femmes qui, plus tard, ont eu au moins quatre grossesses, que chez les autres femmes (clarification: signifie que les femmes ayant plusieurs enfants sont plus sujettes à une atteinte thyroïdique. Ndw). Au total, une dizaine de cancers de la thyroïde diagnostiqués avant 2003 sur les 229 cas étudiés est attribuable aux retombées des essais nucléaires et une autre dizaine de cas pourrait apparaître dans le futur
     Ces résultats sont cohérents avec ceux publiés, il y a 5 ans par le Pr Claude Parmentier de l'Institut Gustave Roussy, qui montrent que la fréquence des chromosomes dicentriques est environ 3 fois plus importante chez les patients polynésiens atteints d'un cancer de la thyroïde et traités à l'IGR que chez les patients de caractéristiques identiques, mais de France métropolitaine. Or ces chromosomes dicentriques sont principalement causés par l'exposition aux rayonnements ionisants (Violot D, European Journal of Nuclear Medicine and Molecular Imaging 2005).

     Par ailleurs une autre étude a permis de mettre en évidence les facteurs expliquant l'incidence très élevée des cancers de la thyroïde en Polynésie Française, en particulier l'obésité, qui explique plus de la moitié de ces cancers (Brindel P, American Journal of Epidemiology, 2007).

suite:
     «L'estimation du risque attribuable aux essais nucléaire est faible, mais elle est basée sur des données limitées concernant l'exposition», expliquent les auteurs, pour lesquels, l'accès à l'ensemble des données d'expositions aux radiations, améliorerait considérablement la fiabilité de l'estimation du risque.
Note
(1)-Thyroid cancer following nuclear tests in French Polynesia - British Journal of Cancer (2010), (1-7) - F de Vathaire, V Drozdovitch, P Brindel, F Rachedi, J-L Boissin, J Sebbag, L Shan, F Bost-Bezeaud, P Petitdidier, J Paoaafaite, J Teuri, J Iltis9, A Bouville, E Cardis, C Hill and F Doyon.

Pour en savoir plus 
Source 
     "Thyroid cancer following nuclear tests in French Polynesia", F de Vathaire*1,2,3, V Drozdovitch4,5, P Brindel1,2,3, F Rachedi6, J-L Boissin7, J Sebbag7, L Shan7, F Bost-Bezeaud6, P Petitdidier8, J Paoaafaite9, J Teuri9, J Iltis9, A Bouville5, E Cardis4, C Hill2 and F Doyon1,2,3 
     1- Radiation Epidemiology Group, U1018 INSERM, Institut Gustave Roussy, 39 rue Camille Desmoulins, Inserm, Villejuif F-94800, France; 
     2- Institut Gustave Roussy, Villejuif F-94800, France; 
     3- Université Paris XI, Villejuif F-94800, France; 
     4- International Agency for Research on Cancer, Lyon F-69008, France; 
     5- DHHS/NIH/NCI/Division of Cancer Epidemiology and Genetics, MD 20892, USA; 
     6- Centre Hospitalier Territorial Mamao, Tahiti, French Polynesia; 
     7- Endocrinologist, Tahiti, French Polynesia; 
     8- Laboratoire Boz, Tahiti, French Polynesia; 
     9- Institut de Recherche pour le Développement, Tahiti, French Polynesia 
Contact
     *Florent de Vathaire -Tel: 0142115457 - Mel: florent.devathaire@igr.fr


ASSOCIATION VETERANS DES ESSAIS NUCLEAIRES
siège social: 187 Montée de Choulans - 69005 LYON
Site intemet: www.aven.org - Courriel: aven@aven.org
Tél :04 78 36 93 03
Communiqué de presse
Lyon le 13 Octobre 2010
Le secret défense battu en brèche...

     Suite à la requête présentée par l'AVEN et Moruroa e tatou, concernant le rejet de communications de pièces sous couvert de secret défense par le ministre en date du 22 octobre 2007.
     Le tribunal Administratif de Paris en son audience du 22 septembre 2010 ordonne au Ministère de la Défense de saisir la commission consultative du secret défense et de justifier un éventuel refus de communiquer les pièces demandées.
     L'AVEN se réjouit de l'importance de cette décision puisqu'elle devait faire jurisprudence attendue qu'elle est rendue à la demande des associations et qu'elle couvre toute la période des essais nucléaires (1960 - 1996).
Cette avancée en procédure, sur laquelle nous allons suivre de très près l'évolution, marque un pas supplémentaire vers le droit à Vérité et Justice.
 

Jean-Luc Sans - Président
Tél: 05 53 6131 52 et 06 81 74 82 81
p.8

Communiqué commun
Cabinet d'Avocat - Moruroa e tatou – AVEN

     L'Association des Vétérans des Essais Nucléaires (AVEN) et l'Association des Travailleurs Polynésiens des Sites Nucléaires (MORUROA e TATOU) ont saisi par requête le Tribunal Administratif de PARIS d'un litige les opposant au Ministre de la Défense en raison du refus qu'il leur a opposé concernant la communication des rapports établis par les services mixtes en charge du contrôle biologique et de la sécurité radiologique, à la suite des tirs nucléaires ayant eu lieu entre 1960 et 1996 au Sahara et en Polynésie Française.
     Les associations demandaient que la Commission Consultative du Secret de la Défense Nationale soit saisie pour avis et qu'il soit enjoint au Ministre de la Défense de procéder à la déclassification et à la communication au profit des associations des documents considérés (couvrant les trente-six ans de campagne de tirs nucléaires).
     Les associations invoquaient un intérêt protégé par l'article 8 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme (CEDH 09.06 1998 Mc GINLEY & EGAN contre Royaume-Uni - Recueil CEDH 1998 III), ainsi que l'article 6 paragraphe I de la même Convention.
     Elle se fondait également sur la Convention d'Aarhus sur l'accès à l'information en matière d'environnement.
Le Ministre de la Défense opposait un refus en invoquant l'intérêt supérieur lié à la protection des secrets concernant la Défense Nationale.
     Par jugement en date du 7 Octobre 2010, le Tribunal ne s'estimant pas en mesure de se prononcer en connaissance de cause sur le refus opposé par le Ministre, décide:
     - qu'il sera demandé au Ministre de la Défense de saisir sans délai la Commission Consultative du Secret de la Défense Nationale, afin qu'elle émette dans un délai de deux mois un avis sur la déclassifïcation et la communication des documents visés par les associations;
     - de se prononcer à nouveau sur ladite déclassification et ladite communication au vu du contenu de l'avis ainsi rendu;
     - dans le cas où il estimerait que la déclassification et la non communication de tout ou partie de ces documents sont justifiées par le secret de la Défense Nationale, de verser au dossier tous éléments d'information sur les raisons de l'exclusion des documents en cause de façon à permettre au Tribunal de se prononcer utilement sur les prétentions des associations.

suite:
     Il faut noter I'importance de cette décision qui au-delà du droit d'accès à I'information d'un individu exposé, valide la démarche d'associations de victimes demandant collectivement la communication de dizaines de rapports et de mesures effectués par les services de contrôle biologique, les services de sécurité radiologique en fonction au SAHARA et en POLYNESIE les laboratoires embarqués sur le Bâtiment BSL RANCE, le laboratoire de MAHINA (TAHITI), le laboratoire du Centre d'Etudes de MONTLHERY, les stations de télémesure sur la base de MORUROA, les stations de traitement d'air sur la base de MORUROA, le réseau complet de dosimètres photographiques sur les Atolls de MURUROA et FANGATAUFA, le réseau complet de postes de contrôle radiologique sur les différents atolls des îles TUAMOTU.
     Il faut noter que le seul document de ce type communiqué par erreur à la presse concerne le service mixte de contrôle biologique à l'occasion d'une mission effectuée du 2 au 10 Juillet 1966 aux GAMBIERS. Il relève des niveaux de radioactivité alarmants et comporte notamment cette précision: «Suggestion pour la deuxième demi-campagne: Il sera peut-être nécessaire de minimiser les chiffres réels de façon à ne pas perdre la confiance de la population qui se rendrait compte que quelque chose lui a été cachée dès le premier tir
     La décision du Tribunal Administratif de PARIS, alors que commence l'instruction par le Comité d'Indemnisation des Victimes des Essais Nucléaires des premiers dossiers d'indemnisation transmis par les deux associations, constitue indiscutablement un pas décisif dans la voie de l'établissement de la vérité et de l'accès à la Justice.

CONTACTS:
AVEN: 187, Montée de Choulans 69005 LYON - aven@.aven.org - 04.78.36.93.03

MORUROA E TATOU: 403, bd Pomare – Papeete – TAHITI
http://www.moruroaetatou.com/
http://www.moruroa.org/
moruroaetaûou@mail.pf - + 689 43 09 05 (JohnDOOM)

Cabinet TEISSONNIERE, TOPALOFF, LAFFORGUE, Avocats
5 rue Saint-Germain l'Auxerrois 75001 PARIS -
jeanpaul.teissonniere@gmail.com - 0l. 44. 32. 08. 20.

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