La G@zette Nucléaire sur le Net!   
G@zette N°259, février 2011
ET SI ON PRENAIT LE TEMPS DE REFLECHIR...

Nouvelles en vrac
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Retraitement des combustibles usés,
mythe et réalité
André Guillemette, notes de lecture, février 2011

     Le retraitement des combustibles usés sortant des réacteurs nucléaires est considéré en France comme en Angleterre comme une obligation technologique. Au niveau mondial, quelle est la part réelle du retraitement, quelle est la part des combustibles non-retraités stockée en l’état?

     État mondial du retraitement de 1976 à 2009
     Sur la base de l’énergie électrique produite par les réacteurs nucléaires et de l’énergie électrique produite par les combustibles retraités, les rapports UNSCEAR 1993, 2000 et 2008, les rapports AREVA NC 2003 à 2009 et les rapports RIFE 1 à 15 permettent de reconstituer de 1976 à 2009 le bilan global de l’état des combustibles.


Figure n° 1: Part du retraitement dans les combustibles irradiés sortis de réacteurs dans le monde, depuis 1976

     Sur 35 années de fonctionnement du parc mondial des réacteurs électronucléaires, 15% des combustibles sortis de réacteur ont été retraités par les usines de La Hague, Sellafield et de façon minoritaire Tokai Mura. 85% des combustibles sortis des réacteurs depuis 1976 sont actuellement stockés en l’état.
     La part du retraitement a été de 10% de 1976 à 1994, elle a culminé à 25% dans les années 1995-98. Elle est aujourd’hui revenue à 10%, son étiage historique de 1976-94.

suite:
L’état du retraitement en France de 1976 à 2009
     À partir des mêmes références UNSCEAR, AREVA NC et RIFE et de la connaissance en GRNC de l’historique du retraitement des combustibles EDF et des combustibles étrangers depuis 1976, nous pouvons évaluer le bilan des combustibles français: 


Sources: UNSCEAR 1993, 2000, 2008, AREVA NC, RIFE et GRNC
Figure n° 2: Sorties de réacteurs des combustibles EDF et part du retraitement des combustibles irradiés, depuis 1976

     De 1976 à 2009, en équivalent d’énergie électrique les réacteurs EDF ont fourni 1094,3 GWe.an et La Hague en a retraité 499,3 GWe.an. Les contrats EDF / AREVA NC en vigueur portent sur 850 t/an pour des sorties de réacteur de l’ordre de 1.200 t/an. Même si les discussions actuelles entre les 2 opérateurs nucléaires portent sur 1.000 t/an, il y a toujours plus de combustibles en sortie de réacteurs que de combustibles EDF retraités. Le stock actuel continuera à s’accroître de 200 à 350 t/an.
     De 1976 à 2009, 54 % des combustibles sortis de réacteurs n’ont pas été retraités. Même en France, le «stockage en l’état» est loin d’être marginal.
 

p.6
Bibliographie:
- AREVA NC, 2004 à 2010, Rapports annuels de surveillance de l’environnement. AREVA NC, Etablissement de La Hague.
- GRNC, 2003 à 2006, Groupe Radioécologie Nord-Cotentin. Appréciation par le GRNC de l’estimation des doses dans le rapport annuel de surveillance de l’environnement de Cogéma-La Hague.
- RIFE-1 à 15, Radioactivity in Food and the Environment, 1995 à 2008, Food Standards Agency and Scottish Environment Protection Agency, London and Stirling. 1996 – 2010.
- UNSCEAR, 1993, 2000 et 2008, Sources and Effects Ionising Radiation, United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation, Report to the Assembly with Scientific Annexes, Volume I, United Nations, New York.
Note importation de combustibles nucléaires italiens
Vendredi 21 janvier 2011
Note Greenpeace
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     Résumé:
     Malgré l’abandon de l’énergie nucléaire par référendum en 1987, l’exploitation dans les années 80 de cette énergie laisse à l’Italie un héritage de 235 tonnes de combustible usé. L’opposition de la population aux projets de site de stockage de déchets radioactifs ainsi que les inquiétudes sur la sécurité et la sûreté des sites actuels d’entreposage a mené le Gouvernement italien à envisager de procéder à leur retraitement dans un pays étranger. Un appel d’offre a été lancé en février 2005 auxquels Cogéma (filiale d’Areva) et BNFL (opérateur britannique) devraient répondre. Le contrat devant être signé en juin 2005. L’Italie ne disposant d’aucune perspective d’utilisation de l’uranium ou du plutonium issus du retraitement, la question de la légalité d’une éventuelle importation  vers l’usine de La Hague de ces combustibles s’est posée.
     En 2011 il reste 40 tonnes à retraiter et elles viennent d’être tranferer à la Hague
     Des «déchets» bien encombrants
     Le contrat de retraitement qui liait Sogin (organisme public italien en charge de la gestion des déchets nucléaires depuis 1999) à BNFL est arrivé à expiration. 
SOGIN est une société propriété du Ministère de l’Economie et des Finances italien. SOGIN a pour mission la gestion des déchets radioactifs et des combustibles nucléaires usés, l’assainissement et le démantèlement des installations nucléaires mises à l’arrêt après le référendum de 1987 et leur requalification (4 anciennes centrales nucléaires et 4 installations nucléaires de traitement et fabrication du combustible).
     L’Italie avait décidé de ne pas continuer à retraiter ses combustibles usés et recherchait un site de stockage depuis plusieurs années. Mais devant l’opposition des populations, et afin de faciliter la réouverture d’un débat sur l’option nucléaire, le Gouvernement italien décide fin 2004 de revenir sur sa politique et de régler la crise en l’éloignant dans le temps et dans l’espace. Rien de tel en effet que des déchets encombrants pour polluer un débat sur une potentielle relance du nucléaire dans un pays… 
     L’héritage nucléaire Italien:
     Le contrat précédent de retraitement date de 1980 et portait sur 53 tonnes de combustible usé.
     Un appel d’offre a été fait:
     235 tonnes de combustibles usés dont:
     - 190 tonnes du réacteur à eau bouillante de Caorso et actuellement stockées sur place.
     - 32 tonnes du réacteur à eau pressurisée de Trino, stockés en partie sur site et en partie à Saluggia.
     - 13 tonnes du réacteur à eau bouillante de Garigliano, potentiellement du MOX usé, entreposés sur le site Fiat Avogadro.

     Historique:
     1980: Contrat de retraitement avec BNFL portant sur 53 tonnes de combustible usé de la centrale de Garigliano. Le premier transfert n’aura lieu qu’en avril 2003 et le 13ème et dernier convoi a été stoppé par une action de Greenpeace le 14 février 2005.
     1987: l’Italie sort du nucléaire par référendum.
     1990: le dernier réacteur italien est arrêté.
     1999: Sogin prend en charge le démantèlement des installations et la gestion des déchets nucléaires italiens.
     2000: Un décret du Gouvernement Italien demande à Sogin de préparer le conditionnement des combustibles usés en vue d’un stockage dans un site italien. Sogin commande des conteneurs à une société allemande.
     Novembre 2003: Désignation du site de Scanzano pour accueillir un centre de stockage.

suite:
     Décembre 2003: devant l’opposition des populations et des autorités locales, le Gouvernement italien renonce au site de Scanzano. 
     2 décembre 2004: Un décret du ministre italien de l’industrie autorise Sogin à «évaluer l’exportation temporaire de combustible usé pour retraitement».
     2 février 2005: Sogin annonce l’ouverture d’un appel d’offre auquel Cogéma et BNFL devraient répondre.
     24 novembre 2006: Un accord bilatéral est signé entre la France et l’Italie.
     7 mai 2007: Parution du décret au JO, JORF n°108 du 10 mai 2007 page 8255 texte n° 4 - Décret n° 2007-742 du 7 mai 2007.
     09 mai 2007: Annonce de la signature d’un contrat entre Areva et sogim. Les opérations d’acheminement des combustibles à l’usine AREVA de La Hague démarreront en 2007. Après retraitement, les retours des déchets en Italie se feront au plus tard le 31 décembre 2025.
     18 décembre 2008: Arrivée à Valognes du premier convoi en provenance d’Italie. A cette occasion, l’ASN fait part de ces «réserves» et remarques.
     22 juin 2010: Le dernier convoi de combustibles usés en provenance de la centrale de Caorso est arrivé à Valognes. Seize transports correspondant à 61 emballages ont été effectués pour évacuer les 190 tonnes de combustibles en provenance de cette centrale.
     Janvier 2011: Les prochains transports partiront du site de stockage d’Avogadro situé dans le Piémont où sont stockés 13 tonnes de combustibles usés en provenance du réacteur à eau bouillante de Garigliano. 
     D’après des informations venues de collègues italiens ce transport devrait avoir lieu au début février.
Annexe:
ASN: Paris, le 18 décembre 2007
Note d'information
Transport de combustibles usés italiens vers l'usine de La Hague

     A l'occasion du premier transport de combustibles usés italiens vers l'usine de La Hague en vue de leur traitement, l'ASN rappelle publiquement ses réserves sur l'accord intergouvernemental qui encadre cette opération.
     A la suite d'un accord entre les gouvernements français et italien signé le 24 novembre 2006 et ratifié par le décret n° 2007-742 du 7 mai 2007, AREVA doit traiter à l'usine de La Hague 220 tonnes de combustibles à base d'uranium et 15 tonnes de combustibles MOX (oxydes mixtes d'uranium et de plutonium). Ces combustibles proviennent des réacteurs nucléaires en cours de démantèlement de Caorso, Trino et Garigliano. Leur transport vers l'usine de La Hague débute et devrait s'étaler sur plusieurs années. Ce traitement s'inscrit dans le cadre d'un contrat liant AREVA à la société italienne SOGIN (Société de gestion des installations nucléaires).
     L'ASN considère que les délais indiqués dans cet accord, prévoyant la réception des combustibles entre 2007 et 2015 et le retour en Italie des déchets issus du retraitement entre 2020 et 2025, ne sont pas justifiés techniquement. En effet:
     a) les caractéristiques de ces combustibles permettent leur traitement dès leur réception à La Hague;
     b) l'article L. 542-2-1 du code de l'environnement prévoit que les déchets radioactifs issus du retraitement de combustibles usés provenant de l'étranger ne peuvent demeurer sur le territoire national au delà de dates fixées par accord intergouvernemental, en l'occurrence entre 2020 et 2025. Ces déchets pourraient repartir rapidement en Italie, mais leur retour nécessite la création dans ce pays d'un site de stockage ou d'entreposage, apte à les accueillir, qui n'existe pas aujourd'hui.

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Projet Bouygues Construction Services Nucléaires (BCSN) à Mably
De notre correspondant du ROANNAIS

     Quelques nouvelles sur le projet de Bouygues Construction Services Nucléaires (BCSN) pour une installation à Mably (agglomération de Roanne) d’une "base chaude" de maintenance d'outillages et de robots. Couplé, à la demande expresse du président de Grand Roanne Agglomération, avec un centre de conception de nouveaux matériels d'intervention en enceinte confinée et de déconstruction de centrales nucléaires et réacteurs de recherche, dite «base froide».
     Dans un premier temps:
     - début novembre, alerte des élus représentant Mably au Conseil communautaire pour faire ajourner la délibération d'accord de principe et d'engagement de la mise à disposition du bâtiment existant, et pour demander le préalable d'une réflexion et d'un débat public.
(...)
     - Parallèlement, un collectif s'était constitué mi-novembre autour d'Attac en Roannais, avec les Verts et quelques autres associations.
     Le collectif a rencontré le président du Grand Roanne et obtenu qu'il y ait une table ronde en public, avec: le Grand Roanne, BCSN, le collectif et la Criirad. Il était entendu que BCSN enverrait un dossier sur son projet à la Criirad suffisamment tôt avant le débat fixé au 24 janvier.
     Malgré plusieurs relances téléphoniques et écrites, la Criirad n'avait toujours rien reçu le samedi 15 janvier, date fixée comme limite.
     Le collectif a fait une conférence de presse lundi 17 janvier pour annoncer le report de la table-ronde en public puisque BCSN ne communique pas d'éléments pour connaître précisément le projet.
(...)
     - Courant décembre, discussion avec le maire de Mably, puis rencontre avec le président du Grand Roanne pour discuter de ce projet (...).
     Le collectif a décidé de rédiger un tract pour distribution en centre ville et aux abords d'hypermarchés fin janvier.
     Concernant le "dossier du projet", BCSN semble ne pas avoir encore de projet vraiment formalisé. Jusqu'à présent, ils effectuent la maintenance de leurs engins dans des locaux loués à EDF et à la concurrence semble-t-il. Comme ils espèrent monter en puissance ils prospectent les collectivités pour créer leur propre centre de maintenance, mais ils n'en ont pas encore monté de dossier pour l'ASN.
     Comme référence de leur savoir-faire, BCSN a montré à la réunion des élus le 21 décembre, quelques diapos de la déconstruction de Siloé à Grenoble, effectuée par BCSN et de quelques autres projets:
     * expertise du caisson (graphite) de Bugey 1
     * remplacement de générateurs de vapeur, 
     * déconstruction de diverses parties de Brennilis (échangeurs, installation d’une unité de découplage et de transit, 
     * solidification des boues EDF (machine mobile, conditionnement soit choix des fûts, malaxage, coulage en conteneur), 
     * cimentation de la soude créée à Creys Malville par neutralisation du sodium, 
     * conditionnement de boues actives à Saint Laurent des Eaux,
     * mise à niveau sismique des bâtiments (Bâtiment réacteur, des auxiliaires nucléaires, électriques,...) du CNPE du Bugey (Tranche 2,3,4,5),
*manutention des couvercles de cuve

Un projet qui interroge...
Aix Echo n°87 - trimestriel diffusé sur la communauté de communes des Vals d'Aix et d'Isable

     Un projet...
     Depuis quelques mois, il est question d'une implantation de la société Bouygues Construction Service Nucléaires (BCSN) dans le Roannais. Cette dernière est spécialisée dans le démantèlement d'installations nucléaires, le maintien en condition opérationnelle des robots de démantèlement, la maintenance en zone contrôlée et les travaux de génie civil nucléaire, la gestion des déchets... 
     La société BCSN envisage, à Mably-Bonvert, un atelier de maintenance des matériels nécessaires à l'entretien et à la déconstruction de sites nucléaires : activité dénommée «base chaude», et d'un centre de développement de nouveaux matériels notamment robotique, pour la déconstruction: activité dénommée «base froide». 
     Rappelons qu’aucune installation nucléaire n’est classée Seveso. Pas d’enquête publique, seule intervient l'ASN (Autorité de "Sûreté" Nucléaire). 
     La maintenance était, jusqu'à il y a peu, assurée sur place dans les centrales par des agents EDF, mais l’heure est aux privatisations... 

suite:
     Avec l’arrivée en fin de vie de plusieurs centrales nucléaires, EDF estime nécessaire une maintenance lourde pour prolonger l’activité de certaines, et la déconstruction des plus anciennes... BCSN indique que cette déconstruction doit coûter "le moins cher possible". La centrale de Creys-Malville, qui n’a pas fonctionné et dont la décision d’arrêt date de 1981, est toujours en cours de démantèlement. 
     Le Maire de Mably pose la question d'une CLIS (Commission Locale d'Information et de Surveillance). De toute manière elle n'aurait par ce statut (préfectoral), aucun pouvoir, aucune légitimité. 
     Pour éviter ou limiter le transport, et donc les risques de pollution et d’accident, ne faudrait-il pas prévoir l'entretien de ces robots sur un site nucléaire? 
     Plusieurs émissions de télévision, plusieurs incidents ont montré le laisser-aller des entreprises du nucléaire, AREVA en tête. Nos voisins des Bois Noirs (St-Just-en-Chevalet, St-Priest-la-Prugne, Lavoine, Le Mayet-de-Montagne) sont bien placés pour en témoigner.

     ... qui interroge!
     Fin novembre un Groupe de réflexion s'est constitué. Au cours d'un rassemblement à St-Priest-la-Roche le 20 novembre dernier sur le problème du projet de traitement et de stockage des déchets ménagers, des membres d'ATTAC en Roannais avaient contacté d'autres participants pour proposer de se réunir pour s'interroger sur ce projet Bouygues à Bonvert. Dès le 29 novembre, se tenait une première réunion d'une vingtaine de personnes représentant des associations ou simples citoyens. Des contacts et rencontres avec Roland DESBORDES, président de la CRIIRAD, et Christian AVOCAT, président de Grand Roanne Agglomération (GRA) permettaient de proposer un grand débat public fin janvier. Des invitations étaient adressées dès le 17 décembre à GRA et aux responsables de l'entreprise BCSN pour le vendredi 28 janvier. La demande de transmission du dossier du projet BCSN, pour une étude par la CRIIRAD avant le débat, était entérinée par le Président de GRA. Pas de réponse à ce jour de BCSN, sinon un accord de principe exprimé le 21 décembre lors de la réunion d'information pour les élus des six communes concernées. 
     Au cours de la 4e réunion du Groupe de réflexion, le 4 janvier, avec la participation de Gilles Chabré à qui il était fait appel pour animer la réunion publique et répartir la parole, le déroulement de la soirée du 28 était mis au point. Pendant la première heure, deux tables rondes successives, l'une entre le représentant de BCSN et le président de la CRIIRAD, l'autre entre le président de GRA et un représentant du groupe de réflexion. Les uns et les autres après un temps d'exposé (8-10 mn chacun) auront à répondre à 3 ou 4 questions préparées. Ensuite se déroulera pendant 30 à 45 mn un débat avec le public. 
     Le groupe, dont ATTAC assure la coordination, espère que cette soirée permettra à chacun des intervenants d’apporter aux personnes présentes les informations souhaitées sur le projet BCSN de Mably-Bonvert. 
     Nous sommes sûrs que ce débat sera apprécié des élus du Grand Roanne qui auront, dans les semaines qui viennent, à se prononcer sur le projet et par tous les participants pour l'information large et transparente organisée dans l'intérêt du Roannais et de ses habitants. C'est bien tout le Roannais, tout le nord de la Loire qui est concerné. 
     Ce grand débat doit se dérouler à l'Espace Conférence, Centre Mendès France, 12 avenue de Paris à Roanne, VENDREDI 28 janvier à 18h. 

Notes:
     - Le groupe Bouygues (31,4 milliards € en 2009), c’est Bouygues construction (BTP), Bouygues immobilier, Bouygues telecom, c’est Colas (routes et autoroutes, matériaux, ferroviaire, signalisation...), la télévision avec TF1, TMC, LCI, Eurosport, TF6, TVBreizh Bouygues Construction Services Nucléaires (BCSN dont le siège est à Guyancourt 78) s’occupe, entre autres, de la maintenance et de la conception d’outillages spécifiques intervenant dans les enceintes nucléaires, centrales électriques, laboratoires. Ses clients sont essentiellement EDF, AREVA et le CEA. Deux types d’opérations sont concernés: la déconstruction d’équipements arrivés en fin de vie (centrales, réacteurs de recherche, ou laboratoires) et l’entretien des centrales existantes dont la durée d’exploitation aura pu être prolongée. 
     CRIIRAD: Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la RADioactivité. Siège à Valence. 
     ASN: Autorité de Sûreté Nucléaire 
     Le dossier que Bouygues devait envoyer à la CRIIRAD pour étude n'étant pas encore parvenu, après contact avec les intervenants, le débat public (envisagé le 28 janvier) avec Grand Roanne, Bouygues et la CRIIRAD est reporté au 23 ou 24 février à 18h.

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Quelques nouvelles complémentaires sur le dossier

"Dossier technique" du projet 
Bouygues Construction Services Nucléaires 
sur Mably - Grand Roanne.

     À noter que ce dossier est daté de 2009 et que BCSN a été créée en décembre 2009.
     Un petit truc amusant, que seul un relais local peut remarquer: à propos de l'accessibilité ferroviaire et donc de l'éventualité de maintenance de gros outillages EDF ou Areva, il faut savoir que c'est l'ancienne voie ferrée de l'Arsenal de Roanne, abandonnée depuis plus de trente ans, serpentant depuis la gare SNCF en milieu urbain (habitat puis ZI) sur 4 ou 5 km, coupant une 2x2 voies en passage à niveau (et pas mal d'autres rues), et qui, cerise sur le gâteau, traverse la piste d'essais des chars et engins blindés de Nexter.
     Concernant la base froide: elle ne faisait pas partie du dossier initial. C'est le président du grand Roanne qui a réussi à la faire ajouter car il est très attaché à valoriser l'enseignement technologique supérieur de Roanne : IUT, départements décentralisés d'écoles d'ingénieurs, labo de recherche LASPI (analyse des signaux et des process industriels). Il s'est déplacé au siège à Guyancourt pour négocier la promesse de la base froide. Il est à craindre que ce ne soit du pipeau de la part de BCSN (ils en ont déjà un embryon à Villeurbanne et ça m'étonnerait qu'ils l'abandonnent au profit de Roanne).

QUELQUES APERÇUS SUR LA STRUCTURE DES ENTREPRISES

Historique
     1923: Création de l’entreprise Ernest Quille (travaux fluviaux et maritimes) à Merville.
     1965: Quille entre dans le Groupe Bouygues et devient la 1ère filiale régionale BTP du Groupe.
     1984: Création de CIRMAD Prospectives Rouen.
     1997: Quille rachète plusieurs sociétés locales du BTP: Bruyère, GCH, Patrizio, Chrétien, Lesage. 
     1998: Création de Bouygues UK - Londres. 
     2000: GTB Construction – Bretagne/Pays-de-la-Loire devient filiale de Quille. 
     2007: La société Warings en Grande-Bretagne devient filiale de Quille à 50%. 
     Quille et ses filiales occupent une place importante en France et en Europe.
     2008: Quille obtient la triple certification Qualité-Sécurité– Environnement et est la première entreprise du BTP en France à obtenir le label Égalité Homme/Femme. 
     2009: Création de Bouygues Construction Services Nucléaires. 
     2010: Quille conçoit et réalise le 1er bâtiment industriel en France certifié HQE.

Compléments

Bouygues Construction Services Nucléaires 
     Créé en 2009, Bouygues Construction Services Nucléaires s’appuie sur les expertises de 200 collaborateurs répartis sur ses différents sites d’intervention en France. Fort d'un savoir-faire acquis auprès de ses trois principaux clients (EDF, CEA et Areva), Bouygues Construction Services Nucléaires intervient dans l’assainissement et le démantèlement sur l’ensemble des sites nucléaires français.
suite:
     Sa mission: optimiser les ressources matérielles au sein de Bouygues Construction et contribuer à développer le professionnalisme et l’expertise "Matériel" pour la meilleure réalisation possible des chantiers.

Bouygues TP Régions France 
     Créé en 2010, Bouygues TP Régions France est le nouvel acteur spécialiste des ouvrages d’art à l’échelle nationale. 
     La nouvelle entité regroupe aujourd’hui les compétences et les savoir-faire de plusieurs filiales régionales de Bouygues Construction: Quille, Norpac, DV Construction et VSL France. Ses 600 collaborateurs interviennent dans plusieurs domaines d’expertises: les travaux fluviaux maritimes, l’hydraulique de montage, la réalisation, l’entretien et la réparation d’ouvrages d’art et les grands projets d’infrastructures routières et ferroviaires. 

BUGEY / PROJET ICEDA

     «Comme d'habitude, EDF passe en force. En 2008, on a autorisé le démantèlement du réacteur Bugey 1 alors qu'ICEDA, le projet de site d'entreposage des déchets, n'était même pas autorisé». Maître Vincent Lacroix, l'avocat de l'horticulteur Loek Roozen, ne cachait pas sa colère hier soir. 
     Vendredi, il avait déposé devant le tribunal administratif de Lyon un recours en référé-suspension pour faire arrêter les travaux de construction d'ICEDA. En considérant que son client avait de grandes chances de faire annuler le permis de construire par la justice administrative, mais que les travaux seraient finis quand elle se prononcera en 2011. 
     Hier, le juge a rejeté la demande, considérant que même s'il pouvait y avoir un préjudice pour Loek Roozen, l'urgence n'était pas avérée pour suspendre le chantier. «Le permis de construire de février 2010 est pourtant illégal car le plan d'urbanisme local de Saint-Vulbas n'autorise que des constructions liées à l'activité de la centrale du Bugey. Or ICEDA accueillera des déchets nucléaires de toute la France», remarque l'avocat. À l'instar de sept associations, Loek Roozen a attaqué à la fois le décret du Premier ministre du 23 avril autorisant ICEDA et les différents permis de construire. 
     «Tout le dossier a été morcelé, dénonce Pierre-Yves Joly, son autre avocat. Nous avons soulevé des erreurs manifestes sur les permis de construire. Et comme par hasard, le 6 décembre, un permis modificatif est tombé.» L'avocat s'insurge également contre les conditions de l'enquête publique et de l'étude d'impact. L'entreprise Roozen s'est installée en 1989 à proximité de la centrale nucléaire, pour bénéficier gratuitement de l'eau de refroidissement des réacteurs à 20 °C l'hiver et 40 °C l'été. Elle chauffe ainsi 7 ha de serres où poussent chaque année 150000 cycas revoluta, une variété de palmier asiatique. «J'ai investi 3millions € en 2008 pour une extension sans savoir tout ce qui se tramait, s'indigne l'horticulteur hollandais. Et en 2005, EDF m'a proposé un rachat du terrain à 2 € le mètre carré, même pas le prix de la terre agricole

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Militants de Greenpeace en procès à Cherbourg:
jugés pour avoir eu raison?

     Cherbourg, 1er février 2011 – 16 militants de Greenpeace ainsi que l’association, représentée par son directeur général Pascal Husting, sont convoqués demain mardi 1er février au tribunal de grande instance de Cherbourg (Manche), pour entrave à la circulation de trains. Les faits remontent à décembre 2009 et janvier 2010: à plusieurs reprises, des militants écologistes avaient dénoncé le passage de convois de déchets nucléaires affrétés par Areva et à destination de la Russie. 
      «En dénonçant ces scandaleux transports de déchets nucléaires français vers la Russie, ces citoyens ont contribué de façon décisive à l’arrêt anticipé de ce trafic qui aura duré près de quarante ans, déclare Yannick Rousselet, responsable de la campagne Nucléaire de Greenpeace France. L’histoire leur a donné raison et grâce à eux, entre autres, Areva ne peut plus continuer de considérer la Russie comme une poubelle radioactive. » 
     Les militants et Pascal Husting seront présents dès 13h devant le TGI de Cherbourg. 
     Une quarantaine de salariés et bénévoles de l’association seront sur place pour les soutenir. 
     La désobéissance civile en procès 
     Depuis sa création en 1971, Greenpeace utilise la désobéissance civile non-violente pour dénoncer les atteintes à l’environnement et proposer des solutions. 
     «Ainsi, par exemple, l’engagement de quelques citoyens à s’interposer physiquement et de façon pacifique a été décisif pour permettre l’interdiction des rejets en mer de déchets nucléaires en 1993, rappelle Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. En France, face à un État et des élites obsédés par le nucléaire et qui empêchent tout débat, Greenpeace et le mouvement anti-nucléaire sont souvent amenés à mettre en place des actions de confrontation non-violentes. Celles-ci sont légitimes, même si elles sont illégales. » 
     Greenpeace considère que les actes de désobéissance civile sont un des outils qui restent aux citoyens pour participer aux débats, voire se faire entendre. Comme le rappelle l’historien américain Howard Zinn, «les protestations "hors la loi" ne sont pas une atteinte à la démocratie, mais sont essentielles à la démocratie ». 
Petit rappel historique (pour plus de détails, voir http://bit.ly/dSFibd ) 
     L’histoire commence en réalité en 1984 quand, suite au naufrage du cargo Mont-Louis au large de Zeebrugge (Belgique), Greenpeace découvre que le navire transportait des conteneurs d’hexafluorure d’uranium et met au jour un scandale: la France exporte des déchets nucléaires en Russie depuis 1972. 
     Greenpeace prend position contre ce trafic et s’interpose à plusieurs reprises. En octobre 2009, la diffusion sur Arte de l’enquête de Laure Noualhat et Éric Guéret, «Déchets: le cauchemar du nucléaire» relance la polémique. N’obtenant aucune explication satisfaisante de la part d’Areva, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie et de l’Énergie, saisit le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire qui ouvre une enquête. Mais les exportations de déchets nucléaires continuent... 
     Greenpeace enchaîne les actions sur le terrain pour dénoncer publiquement la poursuite de ce trafic et demander l’arrêt immédiat des expéditions de déchets vers la Russie. Fin mai 2010, Greenpeace révèle qu’Areva va prématurément cesser d’exporter ces déchets nucléaires: le contrat liant normalement Areva et l’agence atomique russe Rosatom jusqu’à fin 2014, sera interrompu le 11 juillet 2010, stoppant un trafic qui a duré près de quarante ans. 

Contact sur place 
Adélaïde Colin, Communication: 06 84 25 08 25

suite:
A PROPOS DU NIGER
FRANCE-NIGER: LETTRE OUVERTE
AU MINISTRE FRANÇAIS DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

     Poitiers, le 12 janvier 2011 
     Monsieur le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, 
     Nous condamnons unanimement l’acte de barbarie qui nous prive aujourd’hui d’un ami cher. 
     Cependant, votre empressement à justifier l’intervention militaire qui a conduit à la mort d'Antoine de Léocour et Vincent Delory nous a beaucoup surpris. 
     Réduire l'analyse de ce drame à un discours sécuritaire ne fait qu’alimenter grossièrement la presse à sensations. Cela occulte totalement les enjeux globaux de la situation économique et politique que traverse la zone sahélienne. Les épiphénomènes que nous vivons actuellement participent des conséquences de politiques étrangères occidentales vis-à-vis de ces régions. 
     «Ne rien faire, c’est prendre un double risque» www.defense.gouv.fr/actualites/articles2/sahel- alain-juppe-au-niger
     Vos déclarations nous amènent à nous interroger sur la mission de l’armée française: consiste-t-elle à abréger les souffrances de ses ressortissants (emmenés par les ravisseurs [...] et on sait ensuite comment ils sont traités) lorsque vous, M. Le Ministre de la Défense et M. Le Président de la République, Chef des Armées n'êtes pas en mesure d'envisager une autre solution, plus digne?
     Ou a-t-elle pour objectifs de démontrer - quel qu'en soit le prix - que la France est prête à entrer dans l'escalade de la violence au nom de son combat pour la démocratie et contre le terrorisme (ne rien faire, c’est donner un signal que la France finalement ne se bat plus contre le terrorisme)?
     Sachez qu'à nos yeux la raison d’Etat ne doit jamais l’emporter sur le respect de la vie des citoyens. 
     Nous sommes particulièrement indignés par le ton de vos propos et de ceux de la majorité de la classe politique française dans un consensus national sans fausse note. Nous croyons comprendre que la France, patrie des Droits de l’Homme, sacrifie ses ressortissants sur l’autel d’orientations stratégiques occultes. Vous avez effectivement pris le parti de vous mettre à l’abri de tous moyens de pression en excluant l’option des négociations. 
      Nous nous inquiétons également du traitement différencié réservé aux citoyens et victimes en fonction de ce que leurs employeurs représentent pour les intérêts de la France. 
    En conclusion, si vous "assumez" si bien cette mission, sachez dire aux Français qu’elle est un échec et prenez véritablement vos responsabilités en démissionnant. Si un tel courage vous manque, alors ayez au moins la décence de laisser reposer en paix les âmes d’Antoine et de Vincent en stoppant toute récupération politique de cet assassinat sordide. 
     Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées. 

 Les amis de Master 2 d’Antoine de Léocour 
Régis Belmonte, Amélie Benokba, Elodie Bordrie, Marielle Cartiaux, Marion Leriche, Marie Marchand
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