LaG@zette Nucléaire sur le Net!
N°280, juin 2016

ATTENTION DANGER:
PIÈCES FALSIFIÉES DANS LE NUCLÉAIRE

De quoi avons-nous l'(EP)R ?
Raymond Sené


 
    Je sens qu’on va revenir aux grands cris de l’époque du «père» Combes: À bas la calotte!!!
    Reprenons la chronologie des événements:
    2006-20..: Creusot-Forges coule les lingots destinés à façonner les calottes promises à la fonction de fond de cuve et à celle, plus glorieuse de couvercle.
    Ils font ce qu’ils savent encore faire, mais en l’occurrence, ce ne sont pas les dernières techniques élaborées, en particulier, par les Japonais.
    La qualité du lingot dépend de son refroidissement: les Japonais utilisent la meilleure méthode soit un suivi strict de la température.
    Ensuite ils forgent, tous petits travaux destinés à donner une forme plus utilisable, mais également ces grands «coups de marteau» vont servir à homogénéiser les veines de ségrégations qui se forment inéluctablement lors du refroidissement d’une masse énorme de métal en fusion.
    Puis ils coupent ce qui dépasse... etc.
    Lors de ces opérations, l’industriel doit prendre des échantillons pour faire des analyses, faire des contrôles multiples pour s’assurer qu’à ce niveau du travail, le cahier de charge est bien respecté (composition de l’acier et le moins de ségrégations possibles).
    DAMNED!!! Il s’avère que ce n’est pas conforme aux spécifications... alors que faire?
    On rebute ce bébé de 200 tonnes, on recommence... ou on continue en se disant que, comme l’ont pensé les ingénieurs de VW... ils ne verront rien.
    Les Américains, avec le mauvais esprit qu’on leur connaît (Concorde, l’Airbus destiné à l’US Air Force...) et leur philosophie de protection de leur industrie, envoient une mission de la NRC visiter Creusot –Forges en 2009.
    Leur rapport... boff, en termes polis, prudents, ils y disent que c’est possiblement de la m...
    Quant au suivi du refroidissement d’un lingot et de la question de thermocouples AREVA dit: «c’est trop chaud,, ils vont fondre» et les pyromètres optiques, ils sont faits pour... la NRC?
    Justement la NRC a relevé leur mauvais fonctionnement d’où la réponse AREVA: on va les régler...
    Maintenant se situe un épisode loufoque.
    L’ASN découvre (ou dit découvrir) plusieurs années plus tard  (2013) ce rapport.
    C’est surréaliste; Une mission d’enquête de la NRC vient fouiner sur un site industriel sensible - Creusot-Forges  - sans que leurs homologues de l’ASN ne soient ni informés, ni avisés!!!
    Heureusement que ce n’était pas une mission d’inspection de l’EI!
    Pendant tout ce temps, AREVA continue le travail...
    Dans une logique industrielle bien rodée, le schéma des contrôles devrait être approximativement celui présenté ci-après:
    Mais comme le dit si bien Pierre-Franck Chevet: tout a failli dans ce contrôle de chantier. D’ailleurs rappelons-nous qu’il y a 20 ans nos inspecteurs du BCCN (Bureau de Contrôle des Chaudières Nucléaires) se déplaçaient jusqu’au Japon pour contrôler la fabrication de lingots creux (par ex viroles de Golfech): il est vrai que se déplacer au Japon était alors plus motivant, que d’aller aux forges du Creusot!!!
    En bons professionnels, ils ont dû effectuer les prises d’échantillons, les diverses mesures, constituer des rapports à toutes les étapes et archiver le tout.
    Mais les conclusions ont-elles été lues? analysées? et si j’osais, prises en compte???

fabrication lingots AREVA - EPR
(suite)
suite:
    Donc AREVA continue la construction afin de dépasser le plus vite possible le point de non-retour.
    - Vous vous rendez compte, si on sortait la cuve, dessoudait le fond ... tous les risques que cela induirait sur le reste de la gamelle!
    Autant faire la démonstration que cela «passe».
    Et voilà lancé le grand jeu des calottes «représentatives», des belles figures avec des nuages de points dits «de mesure» ... points de mesure pour lesquels ne figure aucune barre d’erreur, le tout borné par une jolie courbe qu’on déplace au rythme des besoins.
    On nous montre, avec un renfort de jolis croquis montrant où vont être prélevées les éprouvettes sur une calotte destinée à un hypothétique UA (USA) ou UK (Grande Bretagne). Mais si c’est à cet endroit-là qu’il faut faire des prélèvements pour avoir des données significatives du niveau des ségrégations de carbone, cela n’a jamais été fait pour les calottes de FA3.
    Donc les mesures dont on nous assène les résultats pour FA3, n’ont guère de sens.
    Pour montrer et démontrer que c’est du bon matériel, on va sortir le grand jeu ... de là à penser que pour FA3 cela avait été fait au doigt mouillé!
    Les demandes de l’ASN sont toutes pertinentes, mais rédigées sur un mode pouvant donner lieu à de multiples interprétations permissives.
    «L’ASN note que la démarche de justification que vous proposez est une analyse du comportement mécanique à la rupture brutale des calottes du fond et du couvercle de la cuve de Flamanville 3, fondée sur des essais menés sur deux pièces sacrificielles représentatives. Cette démarche est susceptible de mettre en évidence que le procédé de fabrication confère au matériau des propriétés mécaniques d’un niveau suffisant pour prévenir les risques redoutés.
     Toutefois l’ASN considère que cette démarche seule ne permettra pas de restaurer la garantie sur la robustesse du premier niveau de défense en profondeur qu’aurait apportée une qualification technique conforme aux standards actuels.
     Demande n°13: L’ASN vous demande de proposer des mesures renforcées de contrôle de mise en service, d’exploitation et de suivi en service adaptées à la situation rencontrée et les reporter dans la notice d’instruction de l’équipement
     Nous pouvons leur suggérer dans le cadre des «mesures renforcées ... d’exploitation»
     - en cas de petite fuite du fond de cuve, prévoir des serpillières dans le puits de cuve,
     - en cas de grosse fuite (rupture brutale), comme cela conduirait à un dénoyage du combustible, fusion de coeur, écoulement dans le puits de cuve .... c’est déjà prévu, il y a le récupérateur de corium, cette petite merveille pour laquelle tous les scénarios ont été prévus
     (Cf par exemple, comme la chute d’un GV en cours de manutention considérée comme impossible...)
     «Demande n°14: L’ASN vous demande de réaliser, en lien avec l’exploitant, une étude technique des scénarios d’extraction du corps de cuve du puits du bâtiment réacteur et de remplacement de la calotte de fond de cuve. Cette étude devra analyser les avantages et inconvénients pour la qualité de réalisation et la sûreté de l’installation
     Demande n°15: L’ASN vous demande, sans préjuger des résultats de la campagne d’essais mécaniques à venir, d’étudier dès à présent la fabrication d’un nouveau couvercle de cuve en tenant compte du retour d’expérience en matière de conception et de fabrication de l’actuel
     Il n’est même pas envisagé d’étudier la fabrication d’un nouveau fond de cuve.
     Voilà comment je vois la suite de cette histoire «abracadabrantesque» (comme dit Chichi):
     «ON» décide en haut lieu que c’est tout bon - Macron qui s’en dédit! - AREVA achève (?!?!) la construction, EDF met en route...
     ... et cela fonctionne sans pépins, au moins pour cette partie là de l’engin, quelques années.
     Vous voyez bien qu’«ON» avait raison!
     Et puis, au bout d’un certain temps, le prévisible intervient, et comme à ce moment-là «NOUS» serons tous dans la merde, on aura autre chose à faire que de reconstituer un arbre des responsabilités remontant à...
     Bonne nuit les petits
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