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Infos JAPON séisme du 11 mars 2011
Communiqués GSIEN

MARS
Quelques précisions sur les accidents de fusion de St Laurent A
     Les réacteurs UNGG pouvaient être rechargés en combustible alors qu'ils étaient en fonctionnement. Le combustible était de l'uranium métal "naturel" (non enrichi) conditionné en cartouche de 10 kg environ avec une âme en graphite et une gaine en magnésium. Chaque cartouche était insérée dans une chemise en graphite. C'est l'ensemble chemise-cartouche qui était manipulé par la machine de déchargement-rechargement. Il y avait 3.000 canaux de combustible contenant chacun 15 cartouches. Afin d'homogénéiser les température du cœur, des rondins de graphite calibrés (diaphragme) permettaient de diminuer le débit de refroidissement des canaux  moins chaud situés en périphérie par rapport à ceux du centre du cœur sans diaphragme.
     Le fluide de refroidissement était du CO2.

Accident de 1969 - St Laurent A1:
     Lors du rechargement d'un canal en combustible neuf, un rondin de graphite diaphragmé à 20 mm a été posé à la place de la dernière cartouche. Tant que le bras de la machine de déchargement / rechargement est resté affalé sur le canal il ne s'est rien passé car le débit de refroidissement transitant par la machine était plus important que le débit nominal. Lors du retrait du bras, le débit a chuté et il est devenu insuffisant pour assurer le refroidissement de l'ensemble des 14 cartouches. A cause de la réduction du débit, les températures des 5 cartouches les plus chaudes ont dépassé les valeurs de fusion des gaines et de l'uranium métal. Un début de combustion de l'uranium s'est même produit.
     L'uranium naturel et le magnésium fonde vers 650°C, soit bien plus bas que l'uranium oxyde des Rep. La contamination du réacteur a été limitée car le combustible fondu avait moins d'une heure d'irradiation dans le cœur. Ce qui n'a pas empêché des contaminations internes chez les intervenants, et même 25 ans plus tard lors du démantèlement de la piscine A1.
     L'accident a pour origine une erreur humaine dans la programmation de la machine de déchargement-rechargement où des rondins diaphragmés ont occupé la place de cartouches combustible neuves dans le barillet de la machine.
     Durée des réparations: 1 an.

Accident de 1980 - St Laurent A2:
     Il s'agit également d'une réduction du débit de refroidissement d'un canal de combustible qui a provoqué la fusion complète de 2 cartouches d'uranium et la fusion partielle de 2 autres cartouches. C'est une tôle de capotage des prises de pression du réacteur qui s'est envolée et est venue obstruer partiellement une douzaine de canaux. En fait 3 autres tôles se sont aussi décrochées. On ne peut donc pas parler d'erreur humaine pour cet accident.
     Durée des réparations: 3,5 ans. Moins d'uranium dispersé dans le réacteur mais comme c'était de l'uranium fortement irradié, cela a provoqué une contamination importante et des conditions d'intervention difficiles.

     Cet article du Point est sorti une dizaine de jours après Fukushima, il y a deux ans donc. Le témoignage de l'employé de radioprotection qui explique que la direction de la centrale lui demandait de tricher sur la contamination des intervenants devrait lever le doute sur l'origine de ces informations: elles ne viennent pas d'EDF...

MB


     En fait, c'est connu.
     Il s'agit d'une erreur de manipulation lors du rechargement des combustibles: l'opérateur aurait confondu (et donc mal placé) des grappes de combustibles neuf et déjà utilisées.

     MAIS comme c'était en 1980, il n'y avait pas encore d'échelle INES de "communication", ni d'obligation de communication...
     Cet "incident" a été classé au niveau 4 par après. C'est le plus grave incident nucléaire jamais répertorié en France.
     Ce qui est marrant, c'est qu'on le redécouvre maintenant. Mais est-ce étonnant?
        - Il s'agit d'une UNGG, et il n'y en a plus en France. Donc
accident impossible aujourd'hui.
        - Il s'agit d'une erreur humaine, et on a depuis "amélioré" les
contrôles.
     Ca viendrait d'EDF que je ne serais pas surpris...

Jean-Marie Brom