LES ENERGIES DU FUTUR... AUJOURD'HUI
     Tout le monde s'accorde sur le constat que le système énergétique mondial est entré dans une nouvelle crise: après celle des ressources, au début des années 70 avec la perspective d'un épuisement des sources d'énergie, on assiste à celle des déchets et autres rejets. "Tout le monde s'accorde": peut-être, mais de là à prendre véritablement conscience et plus encore à remettre en cause son mode de croissance et donc de consommation, il y a encore beaucoup de chemin à faire...

 En attendant, prenons acte (et "divulguons" le !) du fait que les solutions à plus ou moins long terme passent par le développement des énergies renouvelables et la maîtrise de l'énergie. La question est de savoir s'il s'agit d'un court, moyen ou long terme... Alors tâchons de faire une sorte "d'état des lieux", résumé bien entendu, de ce qu'elles représentent.

 Première constatation: les énergies renouvelables fournissent 10% de la consommation totale européenne (au lieu des quelques % habituellement annoncés) si l'on n'oublie pas les multiples apports du bois, de l'architecture solaire (passive ou active) et... l'hydroélectricité; pour la France, ce chiffre est de 13% de la consommation, expliqués justement par l'importance des gisements hydraulique et forestier.

 L'hydroélectricité: grâce au développement important des petites turbines (6% en France) dont la souplesse permet d'équiper des sites variés, la gamme de puissance va de quelques kW à plusieurs MW.

 Le bois (la biomasse), la première des sources énergétiques (...commerciales): grâce aux innovations récentes, le bois a quitté son image archaïque; les prix ont été divisés par 2 en 5ans et les rendements atteignent 80% (ne voulant pas aujourd'hui être polémiste je ne comparerai qu'avec les 50% des optimistes et les 30% des... réalistes, en ce qui concerne le nucléaire); j'en profite pour rappeler que la filière bois est globalement équilibrée en ce qui concerne l'augmentation de l'effet de serre, à condition que le prélèvement ne soit pas supérieur à la croissance naturelle de la forêt (ce qui est le cas de la France en particulier).

 Habitat bioclimatique: l'architecture solaire est aujourd'hui belle et performante et a déjà permis l'économie de 1,5Mtep (pour le seul solaire passif).

 Valorisation des ordures ménagères: la production de chaleur n'étant sans nul doute pas la meilleure solution, on se tourne vers des procédés de recyclage et de production de méthane, après les premiers déboires (largement médiatisés!) de cette filière.

 Avec les immenses possibilités de la cogénération et des réseaux de chaleur, en pleine évolution, nous avons fait le tour des marchés déjà importants.

 Quatres autres énergies sont moins développées du fait d'un marché encore restreint (et d'une volonté qui l'est souvent encore plus, suivez mon regard, messieurs d'EDF...):

 - Géothermie: 200.000 logements sont concernés en France, mais la chute (provisoire...) des prix du pétrole (tant qu'il y en a...) et quelques problèmes techniques maintenant en cours de solution, ont ralenti son développement; cependant les progrès réalisés promettent une technologie compétitive (dans les zones favorables: Bassins Parisien et Aquitain).

 - Solaire thermique: la productivité des capteurs à eau (il en existe à air et - ô horreur! - à fréon) a été multipliée par 3; de nombreux exemples de grande taille prouvent leur fiabilité et le PSD (plancher solaire direct, chauffage du sol à basse température) montre la vitalité de ce procédé.

 - Photovoltaïque: ce marché est en plein "boom", particulièrement celui de l'électrification rurale des pays du Sud et concerne l'éclairage, les télécommunications, les pompes, la réfrigération et... la TV. A noter les progrès spectaculaires sur les photopiles: 37% sont atteints (qui a dit nucléaire ?!...) et le seuil de rentabilité se rapproche.

 - Energie éolienne: les USA, leaders dans le précédent domaine, le sont encore actuellement dans celui-ci (Californie); en Europe c'est le Danemark qui s'y est lancé avec le plus de succès. En France, le marasme est (presque... voir au Cun du Larzac en particulier) total.

    Est-il possible de signaler qu'un atout majeur de ces énergies est leur répartition relativement homogène sur la planète et que les estimations des réserves mobilisables (dans les conditions actuelles) représentent la moitié de la consommation mondiale ?! Pour terminer, si la France a pris un retard considérable par rapport à de nombreux pays industrialisés, elle est comme eux capable de promouvoir une politique de maîtrise de l'énergie: si les énergies renouvelables demandent encore des investissements plus élevés que pour les systèmes "classiques", la différence de coût entre cette maîtrise et l'installation de kW supplémentaires est encore de 1 à 3 !!!; conclusion, LA MEILLEURE (ET HELAS ENCORE INSOUPCONNEE CAR ENCORE SOUVENT DENIGREE)   RESERVE D'ENERGIE  EST BIEN DANS LES ECONOMIES D'ENERGIES.

 Appellerions-nous aussi seulement les énergies renouvelables "énergies du futur", pour ne pas avoir à y penser aujourd'hui ?!
Alors, qu'est-il de plus urgent: attendre ou préparer l'avenir ?!

 Pour terminer, quid du CERN qui pourrait au moins engager une réflexion (voire faire un effort ne serait-ce que dans la récupération du papier par exemple)? Je pense qu'il serait intéressant de "traquer" , en plus de l'infiniment petit, les... infinies formes de gaspillage dans nos murs (*). Serait-il même utopique d'envisager la participation du CERN à une recherche..."fondamentale" pour l'avenir du monde et donc du sien ? (**)

Y.Renaud
(*)  : Y a t-il des volontaires?!
(**): Comment ne pas également mettre en parallèle la toute récente demande du Directeur Général d'économiser 5MFS sur l'électricité?!