Nombre de
téléspectateurs français ont encore en mémoire
cette fameuse carte météorologique du 30 avril 1986 où
figurait en toutes lettres un «stop» sur la frontière
franco-allemande. Une iconographie inédite diffusée par la
télévision publique et qui a grandement contribué
au mythe selon lequel un anticyclone avait protégé la France
du nuage radioactif de Tchernobyl.
Vingt ans après, un rapport d'experts mandatés par la justice vient confirmer le mal fondé de cette théorie, redonnant espoir aux 471 personnes qui, en 2001, ont déposé plainte contre X auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Rendus à la fin de l'année dernière, les travaux des professeurs Genty et Mouthon se révéleraient particulièrement critiques à l'égard de la gestion de la crise par les autorités françaises. C'est en tout cas ce qu'affirme l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD), également plaignants dans cette affaire. «Les experts ont démontré que les retombées radioactives étaient bien plus élevées que ce qui avait été affirmé à l'époque par le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI)», observe Roland Desbordes, président de la Criirad. Selon lui, les résultats ont été systématiquement minimisés et revus à la baisse. «Concernant le seul césium 137 (le radioélément qui disparaît le plus lentement, ndlr), les premières cartes communiquées indiquaient une moyenne nationale de 8,5 becquerels[1] par mètre carré, alors que c'était au minimum 2.000 à 3.000 becquerels par mètre carré. Dans les zones les plus touchées, on est monté entre 50.000 et 60.000. A partir de septembre 1986, les chiffres ont bien été revus à la hausse mais de manière insuffisante.» Tchernobyl est toujours l'objet de polémiques
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«Les professeurs Genty et Mouthon eux-mêmes
ont exprimé une certaine curiosité devant la multiplication
de ces publications au fur et à mesure que leurs recherches avançaient.
La France, regrette Roland Desbordes, est malheureusement le seul pays
où l'on doit encore se battre pour que la vérité sur
Tchernobyl éclate.»
Au sein d'une nation dont le nucléaire constitue l'une des premières sources d'énergie, l'action de la justice est donc particulièrement scrutée. Alors que des premières mises en examen pourraient intervenir très rapidement, la justice devra confirmer s'il y a eu négligence des autorités de l'Etat, ou pis, une volonté délibérée d'avoir voulu minimiser l'impact de Tchernobyl sur le sol français. Même si elle avance, la procédure s'annonce encore longue pour les victimes présumées. Car l'instruction devra établir un lien de causalité entre les retombées du nuage et les cancers et maladies constatés. Cet aspect du dossier demeure sans doute le plus complexe. Des expertises complémentaires devraient être demandées. Mais on peut d'ores et déjà supposer que les personnes mises en cause contesteront ce lien. Entrefilet
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