Ramuntxo Garbisu - publié 26/04/2009
| eitb.com
Des milliers de personnes ont été
sacrifiées pour contenir la fusion du réacteur nucléaire
N°4 de Tchernobyl: Valeri Legassov, un haut fonctionnaire soviétique
chargé des questions nucléaires, se suicidera en voyant la
manière dont l'accident a été géré par
les autorités.
Afin d'éteindre l'incendie survenue
dans le 4ème réacteur nucléaire de Tchernobyl, le
Directeur de la centrale appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus
de Pripyat, située à 3km de la centrale, interviennent sur
les lieux sans équipement particulier: gravement irradiés,
ils seront évacués et mourront pour la plupart.
Afin d'éviter que le magma en fusion
ne rentre en contact avec l'eau et provoque une explosion qui disperserait
dans l'atmosphère d'immenses quantités de matière
radioactive, des plongeurs sont envoyés afin de fermer les vannes
et installer un système de pompage pour vider les salles noyées.
Eux non plus ne survivront pas à cette initiative.
L'incendie finira par être éteint
par projection dans le brasier de sacs de sable et de plomb depuis des
hélicoptères.
Dès lors, le graphite toujours en combustion,
mélangé au magma de combustible qui continue de réagir,
dégage un nuage de fumée saturé de particules radioactives.
La collecte à la main des débrits très radioactifs
La première opération de rembalyage
du cratère dans la centrale est réalisée grâce
à un ballet d'hélicoptères militaires de transport:
plus de mille pilotes se relaient alors pour larguer dans le trou béant
5.000 tonnes de sable, d'argile, de plomb, de bore, de borax et de dolomite,
un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire
et d'étouffer l'incendie du graphite afin de limiter les rejets
radioactifs.
On estime que, en 8 secondes, les pilotes
reçoivent 3.000 fois la dose maximale tolérée par
an en France pour une personne.
Sur le toit et aux alentours immédiats
de la centrale, des opérateurs, surnommés les liquidateurs,
sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter
les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose
que de 90 secondes pour effectuer sa tâche. Il est exposé
à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement
élevés dont ne le protègent guère des équipements
de protection dérisoires, principalement destinés à
l'empêcher d'inhaler des poussières radioactives.
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suite:
Un grand nombre de ces travailleurs en première
ligne ont développé par la suite des cancers et sont morts
dans les années qui ont suivi.
Les manoeuvres pour éviter une réaction en chaîne
Une nouvelle équipe de pompiers envoyée
pour évacuer cette eau est alors chargée d'ouvrir les vannes
de vidange de la piscine de surpression située sous le plancher
de la cavité du réacteur. Ceux-ci travailleront toujours
sans protection et y laisseront leur vie.
Quand, sous le coeur du réacteur en
fusion, la dalle de béton menace de fondre, on fait appel à
400 mineurs des environs de Moscou pour creuser un tunnel de 167 mètres
de long menant sous le réacteur afin d'y construire une salle. Un
sacrifice humain inutile, puisque une autre solution sera finalement adoptée
pour stabiliser la fusion en cours.
Valeri Legassov, un haut fonctionnaire soviétique
chargé des questions nucléaires, se suicide en voyant la
manière dont l'accident a été géré par
les autorités, et publie à titre posthume un article dans
la Pravda.
Le 6 mai, soit 11 jours après
l'accident, l'émission du réacteur tombe en moins de vingt
minutes à 1/50 de sa valeur précédente, puis à
quelques curies par jour.
Le bilan des victimes de Tchernobyl
L'explication sur la réaction nucléaire
ne sera connue qu'en 1988, suite aux forages horizontaux faits à
cette date à travers le bloc 4 par l'institut Kurtchatov: le fond
du réacteur avait cédé d'un coup, et le coeur fondu
en lave liquide s'était écoulé puis définitivement
solidifié 20 m plus bas dans les infrastructures, dans la piscine
de suppression de pression qui avait heureusement été vidée.
La population avoisinnante ne sera informée
que le lendemain de la tragédie et un spectacle d'enfant, le "marathon
de la paix"* sera tout de même organisé le 26 avril à
proximité de la centrale.
Le président russe Mikhaïl Gorbatchev
n'est informé officiellement lui aussi que le lendemain, 27 avril.
Le rapport qui lui est transmis parlera d'une explosion, de la mort de
deux hommes, et de l'arrêt partiel de la centrale.
Les bilans humains officiels variaient
à l'époque entre 50 morts et
quelques milliers.
On estime qu'aujourd'hui que près de
6 millions de personnes vivent dans une superficie de 200.000 km2
où les contaminations radioactives multiplient par deux les cas
de cancers et de malformations congénitales, tandis que le taux
de mortalité est passé à deux fois celui du taux de
natalité.
Voir Wikipedia,
paragraphe "Evacuation tardive des populations"
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