Le président ukrainien
Viktor Iouchtchenko a inauguré mercredi un centre de stockage et
de retraitement de déchets radioactifs dans la zone contaminée
autour de la centrale de Tchernobyl (nord de l'Ukraine), à la veille
du 22e anniversaire de la catastrophe, a annoncé la présidence.
La première partie du centre, construite
avec l'aide de la Commission européenne, sera mise en exploitation
d'ici la fin 2008 et pourra accueillir jusqu'à 75.000 m3
de déchets radioactifs provenant de la centrale de Tchernobyl et
de la zone qui l'entoure, a précisé à l'AFP Valentin
Melnitchenko, un des responsables du projet.
L'ensemble du complexe, qui doit être
achevé d'ici "cinq à dix ans", servira aussi à retraiter
et stocker des déchets radioactifs provenant de quatre centrales
nucléaires opérationnelles en Ukraine, a-t-il souligné.
Aucun stockage de déchets nucléaires
étrangers n'est prévu, a assuré M. Melnitchenko, directeur
adjoint de la société ukrainienne Technocentre, qui a construit
le centre.
Le 26 avril 1986, le réacteur numéro
4 de la centrale de Tchernobyl a explosé, contaminant l'Ukraine
et une bonne partie de l'Europe, surtout l'Ukraine, le Bélarus et
la Russie, alors républiques de l'URSS.
Plus de 25.000 "liquidateurs", qui ont effectué
divers travaux dont la construction d'une chape de béton, nommée
"sarcophage", autour du réacteur accidenté, sont décédés,
selon des estimations officieuses.
La centrale, dont un dernier réacteur
continuait à produire de l'électricité, a été
fermée en décembre 2000.
Mercredi, le directeur de Tchernobyl Igor
Gramotkine a annoncé la fin des travaux de renforcement de la vieille
chape qui, fissurée, constituait une menace constante. Le sarcophage
pourra désormais tenir un séisme de magnitude 6 sur l'échelle
de Richter, a-t-il assuré selon Interfax.
Un consortium réunissant les français
Bouygues et Vinci a pour sa part entamé les préparatifs pour
la construction d'une nouvelle chape d'acier devant recouvrir le vieux
sarcophage, selon Interfax.
L'Ukraine compte quatre autres centrales nucléaires,
qui couvrent une moitié de sa consommation d'électricité.
http://www.enerzine.com
Le 26 avril, l'Ukraine célèbrera
le 22 ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. A la veille
de cet évènement annuel, le Président ukrainien Viktor
Iouchtchenko a inauguré un centre de stockage et de retraitement
des déchets radioactifs issus de la zone contaminée.
Avec l'aide de la Commission européenne,
l'Ukraine mettra en exploitation d'ici la fin de l'année ce centre
Vektor, capable de traiter quelque 75 000 m3 de déchets radioactifs.
Ceux-ci proviendront de la centrale de Tchernobyl, de la zone contaminée,
et à terme, des 4 centrales opérationnelles dans le pays.
Ils seront désactivés, transportés, retraités
puis enfouis.
Les déchets radioactifs de faible ou
moyenne activité accumulés dans la zone contaminée
sont estimés à plus de 3 millions de mètres cubes.
Le complexe sera entièrement achevé
dans 5 à 10 ans.
Mercredi, le directeur de Tchernobyl annonçait
la fin des travaux de renforcement du sarcophage de béton, fissurée.
Désormais, elle pourra supporter un séisme de magnitude 6,
en attendant que vienne s'y superposer une nouvelle protection, en acier.
Un nouvelle chape est en effet à
l'étude par les groupes Bouygues et Vinci, qui devra permettre de
déconstruire la précédente (voir ci-dessous, "suivi
du 2ème sacrophage").
Tchernobyl : la nouvelle image
http://www.rfi.fr
Vingt-deux ans après l'explosion nucléaire
survenue dans l'un de ses réacteurs, la centrale de Tchernobyl se
dote d'un centre de retraitement de déchets radioactifs. Actuellement
en cours de construction, les bâtiments seront tous situés
en zone de sécurité appelée « aire décontaminée
» entendre.
Lors de l'inauguration, mercredi dernier,
le président ukrainien s'est félicité d'un tel centre
de retraitement, une première et unique installation pour le pays
et la région tout entière. On se souvient qu'en 1986, lors
de la fuite radioactive du réacteur numéro quatre de la centrale
de Tchernobyl, les plus fortes doses de particules nucléaires s'étaient
propagées chez les voisins, en Europe, mais surtout dans les pays
frontaliers, c'est-à-dire le Biélorussie et la Russie.
Cependant, alors qu'il prépare son
entrée au sein de l'Organisation mondiale du Commerce en mai prochain,
et cherchant toujours plus à se démarquer de Moscou, Victor
Iouchtchenko a bien fait comprendre dans son discours que l'Ukraine détenait
là un marché dont elle tient les rênes et compte rester
maître jusqu'au bout: «La première aile du complexe
a été réalisée avec l'aide de la Commission
européenne, elle devrait être opérationnelle fin 2008,
avec une capacité de stockage de 75.000 mètres cubes de déchets
venus de Tchernobyl et des quatre autres centrales ukrainiennes». |
Des propos soulignés par l'intervention
du constructeur, Valentin Melnichenko, le patron de la compagnie ukrainienne
Technocentre: «La plateforme s'agrandira avec la construction
de bâtiments supplémentaires dans les dix prochaines années.
Mais il n'est aucunement question que notre centre de stockage serve aux
pays alentour».
Tout au long de la cérémonie
d'ouverture, les deux orateurs n'auront cependant eu aucun mot pour commenter
les protestations entendues en marge de l'inauguration. Certains citoyens
et des associations de défense de l'environnement considèrent
le projet trop précipité.
« Le principal danger, c'est l'eau… »
Roland Desbordes, président de la CRIIRAD
Mis à part les félicitations
lors de l'inauguration à Tchernobyl, peu de détails et d'informations
techniques ont été délivrés. Au grand regret
des réseaux écologistes qui travaillent en Ukraine ou à
l'étranger sur la question nucléaire. Que va-t-on faire exactement
dans la centrale, du reconditionnement? Du tri? Certains habitants à
Tchernobyl ont brandi leurs inquiétudes sur la nature du sol de
la zone dénucléarisée autour de la centrale.
Aujourd'hui, et compte tenu du manque de recul
(puisque les débuts de l'énergie nucléaire appartiennent
à la seconde moitié du XXème siècle), il existe
deux
façons de traiter les déchets.
La première, propre aux Etats-Unis
consiste à enterrer les résidus radioactifs dans des
fûts de béton et à les entreposer profondément
dans le sol dans des zones isolées. C'est ce que l'on nomme la gestion
«irréversible», aimée des exploitants nucléaires
car définitive et non discutable mais tant décriée
par les militants «verts». Les écologistes les plus
radicaux comme les plus modérés y voient un cadeau empoisonné
pour nos enfants et les générations du XXIème siècle.
«Il y a différents types de déchets, chaque pays
a sa spécificité, explique Christian Bataille, rapporteur
de la loi française sur le retraitement des déchets nucléaires,
l'un des plus fins connaisseurs du dossier, le combustible nucléaire
est varié et très complexe mais ce qu'il faut savoir c'est
que quelque soit la méthode envisagée, il reste un surplus
qui ne pourra jamais être réutilisé et dont la durée
de vie s'étale sur des centaines, des milliers d'années avant
que leur taux de radioactivité finisse par disparaître».
Joint par téléphone par RFI,
Christian Bataille décrit la seconde méthode, adoptée
par les Européens et des Japonais. Ces derniers préfèrent
retraiter,
à savoir, récupérer les matières, les recycler
et stocker les résidus pérennes dans des confinements souterrains.
L'avantage dans ce cas étant qu'en
cas de risques sismiques les experts puissent les récupérer.
«Justement, sur ce point-là et Tchernobyl, on entend tout
et n'importe quoi» estime le président de la CRIIRAD,
la Commission française de recherche et d'information indépendante
sur la radioactivité. Christian Desbordes a maintes fois entendu
la thèse selon laquelle l'explosion du réacteur numéro
quatre en 1986 aurait été provoquée par un mini-tremblement
de terre. Or, pour ce grand spécialiste, le plus grand risque dans
cette région du monde, n'est certainement pas la rencontre de plaques
tectoniques mais l'infiltration des fûts stockés par l'eau
ou la fuite de certains liquides dans les nappes phréatiques, véritables
véhicules de particules radioactives.
Des déchets enterrés à la va-vite
A la CRIIRAD on se réjouit tout de
même que l'Ukraine ait construit ce nouveau centre de retraitement.
«Il fallait faire quelque chose, le gouvernement ukrainien a tranché,
et c'est bien» ajoute Roland Desbordes en expliquant qu'à
l'époque, les autorités de Kiev n'ont pas eu d'autres choix
que l'urgence. «Une partie des déchets, ceux au niveau
d'irradiation extrêmement élevé, responsables de la
mort des "premiers pompiers" ont été dépêchés
sur place, confinés et enterrés à la va-vite dans
des champs vraiment tout près de la centrale». Selon des
estimations non officielles, près de 25.000 «liquidateurs»
chargés de divers travaux autour du réacteur accidenté,
seraient décédés dans les premières
semaines suivant la catastrophe.
Ils y sont toujours avec le même degré
de dangerosité, d'où la question qui et comment se chargera
t-on de leur transfert jusqu'à la nouvelle installation! Les autres
réacteurs de Tchernobyl ont produit des déchets mais de nature
différente. Et actuellement, les quatre autres centrales en fonctionnement
en Ukraine génèrent aussi chaque jour, comme toutes les centrales
du monde, plusieurs mètres cubes de combustibles à retraiter.
Compte tenu des données scientifiques,
avec ce qu'elles contiennent d'incertitudes mais aussi de solutions à
moyen terme pour l'humanité, l'option la plus raisonnable serait
avant toute chose d'établir un état des lieux géologique
et hydraulique très précis. Parce que le béton et
les fûts de stockage sont peut-être de qualité aujourd'hui,
mais bien malin qui pourra dire combien de temps ils le resteront. Renseignement
pris, même au sein de la communauté scientifique, les prévisions
divergent avec des écarts de chiffre allant de 0 à 80%! |