Madame, Monsieur le (la) candidat(e) à líélection présidentielle,
La sortie du nucléaire
doit être un thème de débat central lors de la campagne
présidentielle. Líénergie nucléaire níest ni propre,
ni sûre, ni rentable. Des solutions de remplacement existent, plus
respectueuses de líenvironnement et fortement créatrices díemploi.
Il níy a pas díobstacle technique à une sortie rapide du nucléaire
en France. Une décision immédiate de sortie du nucléaire
síimpose. Comme première étape, je vous demande de vous engager
sur 4 points concrets :
- le basculement des crédits
de recherche et díinvestissement (actuellement monopolisés par le
nucléaire) au profit des alternatives énergétiques
;
- líarrêt díune première
centrale nucléaire, comme celle de Fessenheim, en Alsace, qui est
la plus ancienne ;
- líarrêt de líinutile,
coûteux et polluant retraitement à la Hague, dans la Manche
;
- líarrêt du centre
díenfouissement de déchets radioactifs de Bure, dans la Meuse; je
serai très intéressé de recevoir votre position écrite
sur cette question essentielle, qui serait de nature à influencer
mon vote. Veuillez recevoir mes très sincères salutations.
Je pense que le problème
du nucléaire a été très mal traité,
qu'il doit être abordé à partir de ce constat simple
et indiscutable qu'il s'agit de l'énergie qui respecte le plus
notre atmosphère (souligné par le webmaistre). Si l'on
veut lutter contre l'effet de serre, le nucléaire est une arme précieuse
à condition qu'on se fixe comme objectif d'obtenir un "nucléaire
propre".
Cette expression de nucléaire propre
résumera la politique que je souhaite suivre.
J'ai rencontré de très
nombreux experts mondiaux sur le sujet: la condition que j'en tire est
que d'ici quelques 15 à 20 ans on peut espérer non seulement
le traitement mais même la disparition de l'essentiel des déchets
nucléaires par le traitement et l'utilisation de ceux-ci comme de
nouveaux combustibles. Je ne prétends pas qu'elle soit juste, je
dis que cela mérite un débat national en entre expert, national
et européen.
Atteindre le nucléaire
propre
ce serait obtenir un résultat formidable en matière d'indépendance
énergétique de l'Europe, et en matière de respect
de notre atmosphère et c'est le seul moyen d'atteindre les objectifs
fixés à Kyoto. Il n'existe aucune perspective d'obtenir les
objectifs fixés à Kyoto si on renonçait au nucléaire.
C'est la raison pour laquelle je me suis prononcé contre la privatisation
d'EDF. Je considère que la responsabilité des centrales nucléaires,
de leur sécurité, de leur démantèlement un
jour, de la réponse au problème des déchets c'est
la responsabilité de l'Etat. Cette responsabilité à
mes yeux, ne peut pas être déléguée et en particulier
pas à des structures capitalistes anonymes.
Donc ma ligne c'est obtenir
le nucléaire propre.
Pour cela, il faut favoriser
une recherche européenne. Si l'on veut traiter sérieusement
ce problème cela mérite aussi que soit mise en place une
agence européenne des déchets à risques, avec toutes
les expertises extérieures nécessaires. Car la clef du nucléaire
propre
c'est la transparence, c'est que chacun des acteurs intéressés
puisse avoir communication et vérification des résultats
obtenus.
Dans le même temps,
je souhaite engager un grand programme de recherche et développement
sur les énergies renouvelables et lancer une campagne sur les économies
d'énergie. La France est l'un des pays de l'OCDE qui fait le moins
d'effort pour la recherche et le développement des énergies
renouvelables. Un grand programme de recherche, mobilisant tous les acteurs
du secteur, doit être lancé pour rendre compétitives
les filières des énergies renouvelables. En s'inspirant des
fonds d'investissement locaux pour les énergies renouvelables comme
il en existe en Allemagne, je souhaite créer un système d'incitation
pour que les collectivités locales expérimentent les technologies
de demain, comme les piles à combustible.
Mesdames
et Messieurs les membres du conseil díadministration,
Mes propositions en la matière
se fondent sur une conviction: la croissance des besoins fait que nous
aurons líusage de toutes les formes díénergies disponibles. Cíest
pourquoi, il me semble quíil faut dépassionner le débat et
ne síenfermer dans aucun dogme car la seule réponse possible, cíest
un «mix énergétique» assurant notre indépendance
et la meilleure efficacité possible avec un impact environnemental
minimal
Aujourdíhui, dans un contexte
marqué à la fois par la poursuite de la croissance des besoins
en énergie et par les exigences environnementales pour maîtriser
entre autres les émissions de gaz à effet de serre, une politique
énergétique efficace doit díabord chercher à maîtriser
líévolution de la demande, puis à offrir une offre díénergie
diversifiée et adaptée à chaque besoin.
Avant même de chercher
à modifier líoffre actuelle díénergie, ma première
priorité est díagir pour accroître líefficacité énergétique.
Nous devons relancer les efforts pour économiser líénergie,
car cíest une des réponses les plus élémentaires à
la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, il me paraît
nécessaire díagir en priorité dans deux direction: les transports
et líhabitat, car ce sont les deux secteurs dont les besoins en énergie
vont continuer à fortement progresser.
Pour les transports, ma priorité
stratégique est le développement díune voiture propre
et líélimination par des actions incitatives des véhicules
les plus anciens. En matière díhabitat, la recherche que nous
entendons fortement encouragée doit se porter sur le solaire photovoltaïque
et thermique, la pile à combustible et sur les matériaux
díisolation.
40 ans après les premières
décisions, et pour des raisons parfois différentes d'alors,
le choix du nucléaire reste aujourd'hui pertinent la France.
En effet, le nucléaire
reste aujourd'hui particulièrement adapté aux besoins d'alimentation
de líindustrie et de nos villes et présente objectivement plusieurs
avantages: bas coûts, énergie la plus propre
quant à líeffet de serre, contribution à líindépendance
énergétique.
Il est illusoire à
court et moyen terme de trouver une source díénergie de substitution
qui présente autant díavantages. Ni líéolien, ni le solaire,
ni le gaz sont susceptibles de constituer des alternatives économiquement
et même environnementalement crédibles. Dans ces conditions,
si il ne faut pas rejeter ces sources díénergies, il faut aussi
assurer à notre filière nucléaire, dont la France
peut être fière, une plus grande visibilité quant à
sa pérennité.
Cíest pourquoi, je suis favorable
à un projet de loi cadre qui, précédée díun
débat au Parlement, redéfinira líavenir de la filière
à líhorizon des vingt prochaines années.
Le débat sur le renouvellement
du parc de centrales électro-nucléaires devra avoir lieu.
Les stricts besoins de production níentraînent pas la nécessité
de décision immédiate. Cependant, la France doit prendre
une décision à relativement court terme concernant la réalisation
díune tête de série du réacteur franco-allemand EPR,
en tenant compte des délais nécessaires à son rodage.
Se situant dans la continuité
des Réacteurs à Eau sous Pression, líEPR en améliore
encore la performance en termes de sûreté, de compétitivité
économique et de réduction du volume de déchets.
LíEPR permettra aussi díassurer
la jonction entre les réacteurs díaujourdíhui et ceux de 2030 et
de conserver líexpertise humaine, qui se perdrait sans cela. En outre,
cela permettra de disposer díun réacteur intégrant líensemble
du retour díexpérience connu à ce jour avec les technologies
les plus récentes.
Par ailleurs, les perspectives
à líexportation (Chine) nécessitent de disposer díun exemplaire
de démonstration en Europe. Il reviendra au prochain gouvernement
de prendre une décision dans les 5 ans de la nouvelle mandature.
Sur la question des déchets
nucléaires, la loi Bataille de 1991 a fixé un rendez-vous
en 2006 pour que soit choisie la manière dont seront traités
et stockés les déchets ultimes du nucléaire. Plusieurs
voies définies par la loi sont à líétude. Ces recherches
sont donc faites au vu et au su de tous. Il n'y a pas de déficit
démocratique, comme le prétendent certains. Au 2/3 du délai
prévu par cette loi, un certain nombre de résultats scientifiques
et techniques sont déjà disponibles. Sur cette question,
il serait donc contraire avec les délais quía choisi le Parlement
de prendre des décisions irréversibles dès à
présent. Arrêter le retraitement comme vous le proposez, serait
une confiscation du débat démocratique qui est prévu
en 2006 par nos lois. Je vous rappelle que la loi Bataille interdit le
stockage de déchets nucléaires dans le laboratoire souterrain
de Bure dans la Meuse. Seul, le parlement pourrait décider de transformer
ce laboratoire de recherche en site díenfouissement à líissue de
cette loi en 2006.
Face aux menaces díapprovisionnement
qui pèsent à plus ou moins long terme sur les énergies
fossiles, et compte tenu des contraintes internationales en matière
díémission de gaz à effet de serre, augmenter le recours
aux énergies renouvelables est une nécessité. Cependant,
il convient de bien évaluer leurs potentialités et
leurs conséquences (notamment procéder à un bilan
complet díémission de CO2).
La France dépend
("dépend" ?! souligné par le webmaistre) moins que
díautres pays des sources díélectricité renouvelable en raison
de son parc électronucléaire, qui fournit 80% de la consommation
díélectricité. Contrairement à líEspagne ou
líAllemagne, notre pays produit davantage díélectricité que
sa consommation. Cette surcapacité de production, qui est une source
de richesse, puisque nous exportons de líélectricité, est
assurée encore pour une dizaine díannée avec le parc actuel
de centrales. Dans ces conditions, la diversification est nécessaire,
mais elle níest pas urgente; ce luxe doit nous permettre díétudier
sereinement et de manière dépassionnée, toutes les
hypothèses (énergie éolienne notamment les projets
de ferme éolienne off-shore, solaire voltaïque, solaire thermique,
géothermie, pile à combustible avec le cycle hydrogène,
biomasse, petit hydraulique, énergie des mers, Ö).
De plus, notre pays, grâce
à ses investissements importants en matière hydro-électrique,
dispose déjà díune capacité de production «díélectricité
verte».
Pensant avoir répondu
à votre questionnement par une réponse équilibrée
et raisonnable, je vous prie de croire, Mesdames et Messieurs du conseil
díadministration, en ma considération distinguée.