La Grande-Bretagne devrait amorcer prochainement
un virage à 180 degrés dans le domaine énergétique,
en annonçant son intention de relancer le nucléaire civil
auquel elle avait tourné le dos ces dernières années.
Tout indique que Tony Blair a décidé de renouveler rapidement
une partie du parc nucléaire: douze centrales vieillissantes, pour
la plupart construites dans les années 1960 et 1970, et dont la
moitié est censée fermer d'ici à 2015.
Mardi 22 novembre, le premier ministre britannique s'est dit prêt à prendre "des décisions difficiles et controversées, dans l'intérêt à long terme du pays". L'influent conseiller scientifique de Tony Blair, David King, plus précis, l'avait invité à donner son "feu vert" à la construction d'une nouvelle génération de réacteurs : "Face au réchauffement climatique, avait-il tranché, l'équation est simple." D'autres voix se sont élevées dans le même sens. Le chef du patronat, Digby Jones, a appelé le gouvernement à "prendre une décision sur le nucléaire, qui a été laissée en plan pendant trop longtemps". Même exhortation de la part du commissaire européen à l'énergie, Andris Piebalgs : "Le nucléaire, a-t-il dit, devrait faire partie de la palette du Royaume- Uni." |
VOLTE-FACE
Il s'agira d'une volte-face gouvernementale. Le "Livre Blanc" sur l'énergie, publié en 2003, avait jugé "peu attirante" la perspective de construire de nouvelles centrales nucléaires. Mais, de l'aveu de M. Blair, "les faits ont changé depuis deux ans". Et ils ont fait évoluer les jugements des politiques. Primo, le réchauffement climatique s'est accéléré et, sans une relance du nucléaire, le pays n'atteindra pas ses objectifs de réduction d'émission de CO2 (moins 20% en 2010). Le nucléaire, qui ne produit pas de gaz carbonique, est réhabilité plus vite que prévu. Secundo, le royaume, dont les ressources fossiles en mer du Nord sont presque épuisées, veut diminuer sa dépendance à l'égard du pétrole, et du gaz importé, dont les prix ont plus que doublé en trois ans. Le nucléaire fournit 21% des besoins actuels, contre 37% pour le gaz et 34% pour le charbon. Si rien n'est fait, la part du nucléaire sera réduite à 4% en 2020. Le gouvernement envisage donc la construction de nouveaux réacteurs, sur les sites actuels, qui commenceraient à produire en 2015. Le nucléaire pourrait, dans dix ou quinze ans, fournir 40% des besoins en électricité. Tony Blair donnerait son aval à ce plan si les centrales peuvent être édifiées sans subventions publiques, si elles sont bien protégées d'éventuelles attaques terroristes et si la sécurité des déchets est garantie. Cette conversion au nucléaire rencontrera une certaine opposition au sein du Parti travailliste, traditionnellement hostile à cette option. Mais la grande majorité des ministres y sont favorables. Tony Blair a sans doute trouvé du réconfort dans un sondage récent, selon lequel 55% des Britanniques étaient désormais favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires, dans le cadre d'un meilleur équilibre entre les différentes sources d'énergie. |
It is reported that the head of the European Union's
Environment Agency, Jacqueline McGlade, has said that the EU needs a unified
energy policy to replace member state's individual energy strategies in
order to combat climate change and to improve the security of supply.
The Financial Times, p12, 2 cols
An article looks at the pros and cons of nuclear
power.
The Independent, p1, 2/3p
Tony Blair will today announce the terms of an energy
review that he hopes will lead to the building of a new generation of nuclear
power stations.
The Independent, p2, 1p; editorial, p32, 1 col
George Monbiot attempts a detailed calculation of
Britain's future energy needs, arguing that only by cutting demand can
a crisis be averted.
The
Guardian, p27, 2 cols