CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2005
    Grande - Bretagne: Tony Blair est prêt à renouveler le parc nucléaire britannique
 LE MONDE | 28.11.05
 

    La Grande-Bretagne devrait amorcer prochainement un virage à 180 degrés dans le domaine énergétique, en annonçant son intention de relancer le nucléaire civil auquel elle avait tourné le dos ces dernières années. Tout indique que Tony Blair a décidé de renouveler rapidement une partie du parc nucléaire: douze centrales vieillissantes, pour la plupart construites dans les années 1960 et 1970, et dont la moitié est censée fermer d'ici à 2015.

    Mardi 22 novembre, le premier ministre britannique s'est dit prêt à prendre "des décisions difficiles et controversées, dans l'intérêt à long terme du pays". L'influent conseiller scientifique de Tony Blair, David King, plus précis, l'avait invité à donner son "feu vert" à la construction d'une nouvelle génération de réacteurs : "Face au réchauffement climatique, avait-il tranché, l'équation est simple."

    D'autres voix se sont élevées dans le même sens. Le chef du patronat, Digby Jones, a appelé le gouvernement à "prendre une décision sur le nucléaire, qui a été laissée en plan pendant trop longtemps". Même exhortation de la part du commissaire européen à l'énergie, Andris Piebalgs : "Le nucléaire, a-t-il dit, devrait faire partie de la palette du Royaume- Uni."

VOLTE-FACE
    Il s'agira d'une volte-face gouvernementale. Le "Livre Blanc" sur l'énergie, publié en 2003, avait jugé "peu attirante"  la perspective de construire de nouvelles centrales nucléaires. Mais, de l'aveu de M. Blair, "les faits ont changé depuis deux ans". Et ils ont fait évoluer les jugements des politiques.
    Primo, le réchauffement climatique s'est accéléré et, sans une relance du nucléaire, le pays n'atteindra pas ses objectifs de réduction d'émission de CO2 (moins 20% en 2010). Le nucléaire, qui ne produit pas de gaz carbonique, est réhabilité plus vite que prévu. Secundo, le royaume, dont les ressources fossiles en mer du Nord sont presque épuisées, veut diminuer sa dépendance à l'égard du pétrole, et du gaz importé, dont les prix ont plus que doublé en trois ans. Le nucléaire fournit 21% des besoins actuels, contre 37% pour le gaz et 34% pour le charbon. Si rien n'est fait, la part du nucléaire sera réduite à 4% en 2020.
    Le gouvernement envisage donc la construction de nouveaux réacteurs, sur les sites actuels, qui commenceraient à produire en 2015. Le nucléaire pourrait, dans dix ou quinze ans, fournir 40% des besoins en électricité. Tony Blair donnerait son aval à ce plan si les centrales peuvent être édifiées sans subventions publiques, si elles sont bien protégées d'éventuelles attaques terroristes et si la sécurité des déchets est garantie.
    Cette conversion au nucléaire rencontrera une certaine opposition au sein du Parti travailliste, traditionnellement hostile à cette option. Mais la grande majorité des ministres y sont favorables. Tony Blair a sans doute trouvé du réconfort dans un sondage récent, selon lequel 55% des Britanniques étaient désormais favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires, dans le cadre d'un meilleur équilibre entre les différentes sources d'énergie.
Jean-Pierre Langellier
Sur ce sujet, voir aussi un dossier de la BBC http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/4478946.stm
Dans la presse anglaise:
    BP has unveiled plans for significant new investment in renewable energy, including wind farms. However, little of the investment will be in the UK.
The Times, p49, 1 col
The Guardian, p23, 2/3 col
The Independent, p60, 1/2p

    It is reported that the head of the European Union's Environment Agency, Jacqueline McGlade, has said that the EU needs a unified energy policy to replace member state's individual energy strategies in order to combat climate change and to improve the security of supply.
The Financial Times, p12, 2 cols

    An article looks at the pros and cons of nuclear power.
The Independent, p1, 2/3p

    Tony Blair will today announce the terms of an energy review that he hopes will lead to the building of a new generation of nuclear power stations.
The Independent, p2, 1p; editorial, p32, 1 col

    George Monbiot attempts a detailed calculation of Britain's future energy needs, arguing that only by cutting demand can a crisis be averted.
The Guardian, p27, 2 cols


Note: un article qui est une démonstration chiffrée et détaillée, arrivant à la conclusion suivante:
    "So the choice then comes down to this: we make up the shortfall either with nuclear power, as Jenkins suggests, or with gas or coal accompanied by carbon burial (pumping the carbon dioxide into salt aquifers or old gas fields). The first option means uranium mining, nuclear waste and the threat of proliferation and terrorism. The second means insecurity (gas) or opencast mining and air pollution (coal) and a risk (though probably quite small) of carbon seepage.
    Neither option looks pretty. I fear I have succeeded not only in writing the densest column the Guardian has ever published, but also in demonstrating that this problem is harder to solve than I had hoped."
George Monbiot will be speaking at the Climate March on Saturday: http://www.campaigncc.org