A l'occasion du colloque d'Alger des 13 et 14 février 2007, le gouvernement algérien a organisé un déplacement sur le site d’In Eker. Accompagnés de nombreux journalistes des médias algériens, français et japonais, nous avons pu approcher du site où s'est produit l'accident le 1er mal 1962. De son côté, le gouvernement français, via son ambassade d'Alger, adressait au gouvernement algérien - et aux médias - un document affirmant que ses essais nucléaires au Sahara étaient «propres»! Réactions.
L'aspect extérieur des lieux permet probablement une meilleure compréhension de ce qui a pu se produire lors de l'accident. En effet, les témoins de l'époque ne pouvaient pas être à une telle proximité ni évaluer ce qui s'était réellement passé en raison de la panique et du sauve-qui-peut général. On constate donc aujourd'hui que la lave radioactive a été projetée à distance depuis l'entrée de la galerie jusque sur la colline qui se trouve en face de cette entrée. Il ne s'agit donc pas d'une simple coulée: la violence de l'explosion a projeté en jets puissants la roche fondue contaminée par les matériaux radioactifs de la bombe. On constate que des couches de «scories» dont la radioactivité a été mesurée (entre 77 et 100 microGy/h) se trouvent sur le carreau de l'entrée de la galerie et que la surface de la lave solidifiée est dégradée probablement en raison des événements météorologiques qui se sont produits depuis 45 ans. | La collègue japonaise qui était avec nous a calculé
qu'un séjour de 12 heures permettrait d'absorber une dose effective
de 1 mSv, soit la dose annuelle maximale admissible pour le public selon
la Commission internationale de protection radiologique. Autre constat
effarant: le carreau et les environs du tunnel E2 restent encore jonchés
de matériaux de chantier et autres objets (câbles électriques,
rails, restes de tapis roulants, ferrailles diverses...) abandonnés
sur place. Cet accident du 1er mai 1962 est vraisemblablement un cas unique
dans l'histoire mondiale des essais nucléaires. La «coulée»
radioactive du Tan Afella reste un héritage, dangereux pour des
siècles, abandonné sans véritable protection.
Bruno Barrillot
POUR EN SAVOIR PLUS: lire le dossier Quelques vérités
sur les essais nucléaires français au Sahara (10 pages) publié
par l'Aven, Moruroa e tatou et l'Observatoire des armements/CDRPC, disponible
sur les sites: www.obsarm.org ou www.aven.org |