GESTION
DES RISQUES - Actu-Environnement.com - 11/03/2009
Longtemps restées dans le tabou, les retombées radioactives des essais atomiques atmosphériques deviennent visibles. La radioactivité artificielle qui en résulte laisse des traces dans l'environnement aujourd'hui publiées par l'IRSN. Sur son nouveau portail
Internet dédié à la radioactivité de l'environnement,
l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
(IRSN) publie une chronique de 50 ans de mesure des retombées radioactives
sur l'Hexagone dues aux essais aériens d'armes nucléaires.
Ce travail résulte d'une commande en 2003 du ministère en
charge de l'environnement (l'un de ses 4 ou 5 ministères de tutelle),
d'évaluer les conséquences environnementales et dosimétriques
de ces retombées sur le territoire. Jusqu'alors, les données
officielles exploitées par les autorités françaises
reposaient uniquement sur des estimations du Comité scientifique
des Nations Unies sur l'effet des Rayonnements (UNSCEAR).
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Avec l'arrêt des essais atmosphériques, la radioactivité décroît. Elle atteint presque 1 mBq/m3 de Césium 137 dans l'air lorsqu'en 1986 survient la catastrophe de Tchernobyl. Le Césium 137 remonte en flèche à 10 millions de ?Bq/m3 dans l'air, puis décroît de 1000 à quelques dizaines jusqu'à l'accident d'Algésiras en Espagne. En 1998, un rejet accidentel lors de l'incinération d'une source radioactive provoque un pic de remontée à 10.000 mBq/m3 de Césium 137 dans l'air. Depuis lors, la radioactivité dans l'air de l'Hexagone oscille de 1 à 10 mBq/m3 de Césium 137. Les effets sur l'environnement et la santé de la population ont été de courte durée pour les radionucléides artificiels à vie courte, tels que l'iode 131 (8 jours). Les radionucléides artificiels à vie longue, tels que le Césium 137 (30 ans) ou le Strontium 90 (30 ans), ont eu le temps de s'infiltrer dans tous les compartiments de la chaîne alimentaire et entretiennent une contamination qui ne diminue que lentement depuis le début des années 60. Aujourd'hui, ces particules solides sont toujours présentes dans le sol et les sédiments, avec le risque de migrations dans les écosystèmes, tient à préciser Didier Champion, directeur de l'environnement et de l'intervention de l'IRSN. Ce qu'on observe aujourd'hui, c'est la remise en suspension par le vent du stock qui s'est déposé au sol. Trois ans d'étude ont été nécessaires à l'IRSN pour arriver à établir des conclusions de l'analyse de ces données historiques. Le lait, la viande et les légumes produits dans les régions les plus arrosées ont pu être cinq fois plus contaminés que les denrées provenant des régions où les précipitations étaient en moyenne plus faibles. Cet écart s'est retrouvé au niveau de l'alimentation des consommateurs : jusqu'au début des années 80, alors que la consommation alimentaire empruntait encore un circuit court, les enfants d'Auvergne ou des Vosges ingéraient en moyenne 2,5 fois plus de Césium 137 que ceux de la Région parisienne. La génération la plus exposée aux retombées radioactives de ces essais est celle des enfants nés en 1961: à 18 ans, la dose cumulée depuis leur naissance du fait de ces essais est estimée à 15 millisievert (mSv) en moyenne et jusqu'à 5 mSv dans les régions les plus arrosées. La dose annuelle reçue par la population française a été maximale en 1963: 0,3 mSv par an. Ces résultats paraissent au moment où circule dans les salles de cinéma françaises un documentaire éloquent de Djamel Ouahab sur les essais nucléaires français dans le sud du Sahara: «Gerboise Bleue», du nom du premier essai atomique atmosphérique français effectué 50 ans en arrière. Ce film amorce une ébauche de réconciliation franco-algérienne sur cette période. Avec un point d'interrogation: Quelles sont les retombées radioactives des essais atmosphériques français dans le Sahara algérien, sur la population et les militaires alors mobilisés? |