Même si un demi-siècle
s'est écoulé depuis le premier essai nucléaire français
effectué dans la région de Reggane (avec toutes les retombées
néfastes que l'on puisse imaginer sur l'homme et sur l'environnement),
il n'en demeure pas moins que la plaie est encore vivace et que l'événement
continue de susciter les débats les plus passionnés. Hier,
à la faveur du forum du quotidien El Moudjahid, lequel a
saisi l'occasion du 49e anniversaire du déroulement des essais nucléaires
français pour organiser une conférence-débat, le chercheur
algérien Amar Mansouri n'est pas allé avec le dos de la cuillère
pour affirmer que, en dépit du maintien par les anciens colonisateurs
du black-out sur les archives inhérentes à leur passé
en Algérie, il ne fait pas de doute que les retombées néfastes
de ces essais nucléaires apparaîtront avec le temps de manière
graduelle. «L'ancienne puissance coloniale s'obstine à
maintenir fermées les archives relatives à sa présence
en Algérie, mais, malgré cet état de fait, les retombées
des essais nucléaires français effectués dans le sud
de l'Algérie apparaîtront avec le temps», dira-t-il,
affirmant que les êtres humains, les animaux et l'environnement de
façon générale ne pourront qu'être affectés
par les essais nucléaires en question.
Dans la foulée, le célèbre chercheur fustigera les affirmations françaises selon lesquelles les déchets nucléaires ont été enterrés dans des fouilles en béton armé. Pour lui, les déchets qui ont découlé des essais nucléaires en question ont été dissimulés sans aucune mesure de sécurité, ce qui, bien évidement, constitue un danger permanent pour la faune et la flore de la région. |
Tirant les premiers éléments
d'une enquête menée par des experts de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), Amar Mansouri a indiqué que
les régions ayant abrité ces essais sont toujours dangereuses
«y compris les localités ayant abrité des essais
souterrains». Pour étayer ses dires, il informera l'assistance
que, lors d'une visite sur le site des essais, les 16 et 17 novembre 2007,
trois cages contenant les restes d'animaux (qui étaient exposés
aux essais nucléaires) ont été découverts,
ce qui fait que la thèse française officielle selon laquelle
l'ancienne puissance coloniale n'avait pas procédé à
des essais biologiques ne tient plus la route.
Par ailleurs, Amar Mansouri démentira, de la manière la plus catégorique qui soit, la version française officielle prétendant que seulement 17 essais ont été réalisés en Algérie entre 1960 et 1966: «Des associations françaises activant dans le domaine font état de pas moins de 57 essais effectués dans le sud de l'Algérie durant la période à laquelle il a été fait allusion.» Abordant le volet juridique de la question, l'avocate Fatma-Zohra Benbraham a, de son côté, mis en évidence la responsabilité de l'Etat français dans ces essais. Elle saisira cette occasion pour appeler à l'indemnisation des victimes et à l'ouverture des archives. Dans ce registre, on croit savoir qu'une loi française, en vertu de laquelle les militaires algériens victimes de ces essais pouvaient être indemnisés, serait actuellement en discussion. Billal Larbi
|