Il subsiste encore quelques traces radioactives des dix-sept explosions atomiques réalisées dans le Sahara entre 1960 et 1966...
JEAN-LUC NOTHIAS.
COMME il l'avait fait pour les essais nucléaires
réalisés en Polynésie, le ministère de la Défense
vient de rendre publique un dossier de présentation des essais nucléaires
et de leur suivi au Sahara. Le dossier, avec photos, cartes et graphiques,
retrace l'historique des tirs, les mesures de sécurité, les
études radiologiques aussi bien sur les lieux que sur les hommes
et détaille les principaux accidents qui s'y sont produits.
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Des manoeuvres en zone radioactive
Il est un point dont l'armée n'est pas très fière aujourd'hui. Lors des premiers essais aériens, des exercices impliquant une centaine de militaires ont été réalisés en milieu contaminé. Des hélicoptères guidant des blindés et des fantassins, munis d'équipements de protection, ont manoeuvré en zone radioactive. Même s'il n'y a pas eu mise en danger de ces soldats au vu des doses de radioactivité rencontrées, de telles manoeuvres seraient aujourd'hui, loin de l'esprit « guerre froide » des années 1960, totalement exclues. La France a par ailleurs été accusée d'avoir utilisé des cadavres lors de ces essais pour tester l'effet de l'explosion. Ce que le ministère de la Défense réfute catégoriquement, affirmant que ce sont des mannequins revêtus, ou non, des tenues de protection qui ont été utilisés. Enfin, on reconnaît officieusement que si le nettoyage des sites et des installations au moment où les Français sont partis se faisait aujourd'hui, il serait plus rigoureux. Que reste-t-il aujourd'hui de la radioactivité libérée par ces essais? Il subsiste bien, dans le désert, quelques zones radioactives qui pourraient poser des problèmes sanitaires. Un rapport établi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en 2005 relève 4 zones contaminées, autour des essais Gerboise blanche et bleue, de manière faible et localisée, et au sortir des tunnels des essais Béryl et Améthyste dans le massif Tan Afella. C'est là que la radioactivité résiduelle est la plus forte. Avant leur départ en 1966, les Français avaient construit une vaste clôture pour empêcher l'accès aux lieux des essais souterrains. Au fil des années, cette clôture s'était dégradée. Elle est actuellement en cours de réfection. L'Association des vétérans des essais nucléaires (Aven) n'est pas satisfaite de ce rapport et reproche au ministère de la Défense d'entonner «à nouveau le refrain de la bombe propre». «Alors qu'il serait de la responsabilité du gouvernement français, en accord avec le gouvernement algérien, de mettre en place une surveillance de la radioactivité des sites, comme celle installée à Moruroa et à Fangataufa, de nettoyer les zones contaminées comme les Britanniques l'ont réalisé en Australie, le ministère de la Défense s'autocongratule sur l'absence d'incidence environnementale de ses essais», déplore l'Aven. |