(Flash d'Océanie) - L'association
néo-zélandaise des anciens travailleurs sur les sites d'expérimentation
nucléaires britanniques, en particulier sur l'île de Kiritimati
(Christmas, aux îles Kiribati, anciennes îles Gilbert) a annoncé
lundi les résultats d'une nouvelle étude scientifique qui,
selon elle, met en évidence les retombées que ces expérimentations
ont eu pour les personnes y ayant participé.
En 1958 et 1959, ces essais, qui concernaient un prototype de bombe à hydrogène, avaient pour nom de code "Opération Grapple". Roy Sefton, Président de la Nuclear Test Veterans Association (NTVA), a déclaré à la presse locale lundi que les résultats de cette étude, dirigée par un scientifique, Al Rowland, établissent un lien entre la présence des personnes sur ces sites d'essais atmosphériques et les maladies dont ils ont ensuite souffert, notamment au plan génétique. La plupart des personnes exposées se trouvaient là pour assister, de loin, à ces tirs, effectué en mer. Rick Barker, ministre néo-zélandais des vétérans, s'est toutefois montré prudent lundi, en évoquant notamment des " problèmes de méthodologie " qui nécessitent, selon lui, un examen plus approfondi de cette étude, résumée dans un rapport d'une trentaine de pages et dont la NTVA a obtenu une copie. L'étude se base sur l'examen sanguin de deux groupes de cinquante personnes : l'un d'anciens marins de l'époque ayant participé à l'opération Grapple, le second (groupe témoin) d'anciens militaires à l'époque, mais n'ayant jamais participé à ces essais. Selon les résultats de cette enquête, tels que cités par la NTVA, le taux d'anomalies chromosomiques, au niveau des lymphocytes (globules blancs) était plus élevé chez les anciens participants à cette série d'essais. Selon l'auteur de l'étude, ces anomalies constituent habituellement des indicateurs de génotoxicité "ce qui nous amène à conclure que les vétérans néo-zélandais des essais ont subi des dégâts génétiques, en conséquence directe de leur participation à l'opération Grapple", indique le rapport, qui admet toutefois un niveau " faible" d'incidence, mais toutefois "observable et significatif". Autre conséquence, selon le rapport: les vétérans "devraient être considérés comme un groupe à risque en droit d'obtenir une surveillance médicale spéciale", y compris leurs enfants, en raison du caractère génétique de ces affections. Les chercheurs ont aussi pris soin d'écarter les vétérans les plus atteints, y compris ceux souffrant de cancers déclarés ou avancés, principalement à cause du fait que leur traitement impliquait l'exposition à des radiations ou à des chimiothérapies qui, dans le cadre de l'étude, auraient pu être des facteurs de distorsion des analyses. L'opération Grapple a aussi concerné, à l'époque, des Océaniens, notamment de Fidji, alors sous tutelle britannique. (suite)
|
suite:
Anciens travailleurs néo-zélandais, mais aussi fidjiens et britanniques Formés eux aussi en une association de vétérans, ils tentent depuis plusieurs années d'obtenir des dédommagements de la part du gouvernement britannique, dont ils veulent aussi qu'il admette sa "responsabilité morale" dans les essais atmosphériques effectués à la fin des années 1950. Cette association de vétérans porte son combat sur le terrain juridique et tente d'obtenir des compensations pour ses membres, dont nombre souffrent de cancers. De nombreux autres sont déjà décédés des suites de ce type de maladie. L'un de ces vétérans se souvenait récemment des messages de la Reine d'Angleterre, diffusés par hauts-parleurs sur le site des essais, à Kiritimati, et qui félicitait les travailleurs d'avoir accompli leur tâche. "À l'époque, c'était pour Dieu, le Roi et notre pays, on y croyait, alors quand nos chefs nous ont appelé (pour aller travailler sur ces sites), on y est allé de bon coeur", a-t-il déclaré sous conditions d'anonymat. "Mais aucun d'entre nous ne savait dans quoi on s'embarquait. Parce que si on avait su qu'on allait souffrir de tous ces cancers, et ensuite qu'on allait aussi voir nos enfants être touchés, on n'y serait pas allés", ajoute-t-il. À Londres, le ministère de la défense, fin 2004, accusait sobrement réception de la demande de dédommagement émanant des Fidjiens, Néo-zélandais et Britanniques ayant travaillé, dans les années 1950, sur les sites d'expérimentation nucléaire de Kiritimati. Cette action conjointe concerne notamment les personnes qui étaient employées sur le site des îles Christmas (Kiritimati) et Malden, entre 1957 et 1958. Le ministère britannique de la défense cite également de précédentes études, dont une réalisée par la BRPB (British Radiological Protection Board, conseil britannique pour la protection radiologique), qui avaient écarté toute possibilité de lien entre des cas de cancer et la présence des victimes sur ces sites, il y a presque cinquante ans. Selon la Fiji Nuclear Tests Veterans Association (FNTVA), association d'anciens militaires fidjiens ayant servi sous les drapeaux de l'armée britannique avant l'indépendance, ils étaient quelque trois cents soldats Fidjiens ayant participé à l'opération " Grapple ". Les vétérans fidjiens ont ces derniers mois reçu le soutien de l'association japonaise des victimes des bombardements nucléaires d' Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945. En 2003, ils déclaraient avoir obtenu un accord de principe de la part du gouvernement britannique afin de soumettre à nouveau leurs doléances documentées. La FNTVA évoque notamment chez les survivants de Christmas et de Malden des "maladies étranges, des problèmes congénitaux, des fausses couches chez les épouses des vétérans, la perte des ongles et des cheveux, des saignements de gencives, des tumeurs de la peau" ou encore des "morts de plusieurs formes de cancers". |