L'un des derniers actes du gouvernement
indépendantiste d'Oscar
Temaru, en décembre 2006, avait permis de conclure un accord avec l'État français pour la réhabilitation de cinq îles proches de Moruroa encore défigurées par les ruines et autres installations abandonnées sur ces «postes périphériques» du Centre d'expérimentations nucléaires. Les travaux ont commencé en avril dernier sur le petit atoll de Pukarua. Rien à redire: quand le Génie militaire s'attelle à la tâche, reconnaissons qu'ils travaillent «en professionnels». Le béton est concassé et réutilisé pour des ouvrages à usage collectif, une digue en l'occurrence à Pukarua. Les ferrailles, soigneusement compactées, seront entreposées provisoirement sur Moruroa en attendant une destination finale. On veillera à ce que le «provisoire» ne soit pas définitif. Les chantiers vont donc se poursuivre. Mais tout n'est pas simple, d'autant qu'il y a quarante ans, les intendants militaires, pressés de construire les infrastructures des essais, n'ont pas fait dans la dentelle. À Tureja, l'atoll le plus proche de Moruroa, ils avaient signé un bail de location du terrain destiné aux abris antiatomiques - d'énormes blockhaus - avec une brave veuve qui n'était pas propriétaire du terrain. Décédée peu après, ses héritiers avaient perçu les locations du terrain pendant vingt ans. Les vrais propriétaires qui n'ont pas touché un sou veulent aujourd'hui qu'on règle tout cela avant de commencer les nécessaires démolitions. |
Il aura fallu toute l'énergie de l'association Moruroa e
tatou à qui les habitants de Tureia font confiance pour que
les représentants de l'État admettent les erreurs du passé
et se décident à régler le problème en concertation.
Évidemment, l'actuel gouvernement de la Polynésie «fait toute confiance à l'État», c'est-à-dire qu'il abandonne ses administrés des îles lointaines de Tahiti. Mais la «publicité» faite autour de ces travaux de «réhabilitation», notamment par M. Jurien de la Gravière qui félicitait les armées, il y a peu, pour ces actions au bénéfice de l'environnement, a ouvert les yeux et la bouche des insulaires qui ont alerté Moruroa e tatou. Nous découvrons ainsi qu'en plus des cinq îles à nettoyer, ce sont 32 autres atolls et îles qui, du temps des essais, ont été occupés par des installations militaires. Tout est resté en l'état - c'est-à-dire en ruines - depuis quarante ans. Et les insulaires réclament l'égalité pour tous. Mais ce n'est pas tout. Les poubelles atomiques de Moruroa et de Fangataufa inquiètent aussi les Polynésiens L'association Moruroa e tatou tempête: «Nous avons appris que le CEA - en partie aux frais de la Défense - allait mettre six milliards € pour débarasser le centre de Marcoule de la moindre trace de plutonium. Nos atolls nucléaires qui renferment phusieurs tonnes de plutonium méritent bien quelque attention de la part des armées. Et ça coûtera ce que ça coûtera!» Décidément, nos militaires du Génie vont devenir de véritables spécialistes de la réhabilitation de l'environnement! Bruno Barrillot
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