Début août 2006, les médias
ont largement fait état des conclusions d'une étude de l'Inserm
sur le cancer de la thyroïde en Polynésie française.
Selon Florent de Vathaire, directeur de l'unité de l'Inserm spécialisée
dans l'épidémiologie des cancers, il est maintenant prouvé
que le surnombre des cancers de la thyroïde en Polynésie française
a pour origine les retombées des essais nucléaires aériens.
Ces condusions du chercheur de l'Inserm ont été lues publiquement à l'Assemblée de la Polynésie française par Oscar Temaru, président du Pays. Il s'agit d'un véritable «événement» scientifique français, d'autant que le ministère de la défense continue à prétendre qu'il n'est pas prouvé que les essais nucléaires aient eu une influence sur la santé. De plus, encore aujourd'hui, ce même ministère s'appuie sur des études antérieures sur le cancer de Florent de Vathaire pour affirmer l'innocuité des essais. Ainsi, depuis août 2006, le ministère de la défense ne dispose plus du «soutien» des scientifiques indépendants de l'Inserm: il n'y a plus, en France, que les «chercheurs» du ministère de la défense et du CEA pour soutenir la thèse des essais propres. |
Les conclusions de l'étude de Florent
de Vathaire seront validées prochainement lors de leur publication
dans une revue scientifique internationale. Elles rejoignent l'étude
réalisée par le professeur Claude Parmentier, de l'Institut
Guslave Roussy (Villejuif) qui avait constaté que les chromosomes
des femmes polynésiennes atteintes de cancer de la thyroïde
présentaient des anomalies en nombre trois fois plus important que
les femmes de métropole atteintes de la même pathologie. De
même, les études américaines ont depuis des années
admis la relation entre essais nucléaires et cancers, si bien qu’une
loi d’indemnisation des victimes a été votée au Congrès
depuis 1988. Cette loi place le cancer de la thyroïde au deuxième
rang des quelque 30 catégories de cancers considérés
comme «radio induits».
Prochainement, Marcel Jurien de la Gravière, délégué à la sûreté des installations nucléaires de la défense doit se rendre à Papeete pour informer, selon ses dires, les Polynésiens sur les essais nucléaires et la santé. On voit mal le délégué avancer à nouveau des arguments sur l'innocuité des essais. Désormais, le ministère de la défense doit admettre qu'il a menti sur les conséquences des essais et s'engager sur la voie des réparations. Bruno Barrillot
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