Le 4 mai 2007, la Cour d'appel de Rennes vient de confirmer le jugement de première instance de Michel Cariou en reconnaissant que son cancer de la thyroïde est la conséquence de sa contamination lors des campagnes de tirs nucléaires de 1966 à 1972 auxquelles il a participé.
Il s'agit d'un résultat
très important qui, s'il est confirmé, peut ouvrir une jurisprudence
nouvelle pour toutes les victimes des essais nudéaires français
atteintes de cancers de la thyroïde et même au-delà.
Bien que la législation états-unienne, depuis 1988, place
le cancer de la thyroide au deuxième rang (après les leucémies)
des maladies indemnisées provoquées par les essais nucléaires,
la France a jusqu'à present refusé de s'aligner sur la loi
états-unienne. Pourquoi?
Les raisons, non dites, de cette «résistance française» peuvent s'expliquer par les nombreuses procédures engagées par l'association des malades de la thyroïde qui attribuent cette maladie aux retombées d'iode radioactif de Tiernobyl, mais aussi par le risque de voir se multiplier les plaintes en justice par les Polynésiennes et Polynésiens, de plus en plus nombreux, atteints de cancer de la thyroïde qu'ils attribuent eux aussi à l'iode radioactif éjecté par les bombes. On comprend donc que la Sécurité Sociale ait fait appel d'une décision du tribunal des affaires sociales de Nantes reconnaissant le cancer de la thyroïde de Madame Bourel, ancienne employée du CEA à Moruroa, comme maladie professionnelle. On comprend également l'acharnement du ministère de la Défense à contrecarrer les travaux et les résultats des études épidémiologiques sur le cancer de la thyroïde en Polynésie. Ainsi, en juillet 2006, Florent de Vathaire, directeur de l'unité 605 de l'Inserm avait annoncé par courrier au président Oscar Temaru que quelques cas de cancer de la thyroïde en Polynésie ne pouvaient trouver d'explication qu'en raison des essais nucléaires. |
Quelques semaines plus tard, à Tahiti,
Julien de la Gravière, représentant du ministère de
la Défense, dénigrait devant la presse la qualité
scientifique de ce chercheur et annonçait qu'il demandait aux Académies
des Sciences et de Médecine de vérifier l'étude de
l'Inserm. Revenant début mars 2007 à Tahiti, M. de la Gravière
proclamait même que les deux Académies venaient d'invalider,
dans un rapport à paraïtre, les travaux de Florent de Vathaire.
A Tahiti, on s’étonne que Julien de la Gravière n’ai fait aucune communication, dès sa parution, sur le rapport de ces duex Académies qui devaient confirmer sa thèse des «essais propres». Or, si ce rapport est bien paru et reconnaît que les résultats de l’étude de M. de Vazthaire ne sont pas convaincants, les deux Académies des Sciences ed de Médecine en donnent l araison. Il s’agit, disent-elles d’«un grave problème lié au manque de transparence dans l’accès aux donn ées» et elles regrettent que «plusieurs organismes en charge de données extrêmement sensibles – Armées et CEA – n’aient pas mieux collaboré» avec les chercheurs. Les proclamations de transparence du ministère de la défense ne sont donc que paroles en l'air. Il est clair maintenant que toutes les entraves de ce ministère, à l'encontre des victimes devant les tribunaux comme à l'égard des chercheurs, veulent d'abord exonérer le budget de l'Etat et surtout anesthésier le public français sur les conséquences sanitaires de la poursuite des programmes nucléaires civils et militaires. Bruno Barillot
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