CONTROVERSES ÉNER...GÉTHIQUES
et NUCLÉAIRES

(Gazette Nucléaire N° 5, 1977)

Quelques notions de base
     Tout le monde utilise, en matière d'activité, de doses et d'équivalents de doses, des unités anciennes et nouvelles. Ceci ne facilite pas la compréhension des textes, aussi faut-il rappeler quelques notions et définitions. 
     1. Certains éléments chimiques sont instables: ce sont des «radioéléments». Ils se désintègrent spontanément, en émettant des «rayonnement ionisant » qui sont essentiellement des , des  et des . Cette ionisation (c'est-à-dire action sur la matière) se produit dans tous les cas, et quelle que soit l'intensité du rayonnement.
     2. Il existe deux sortes principales de risques: « l'irradiation externe» provenant de sources radioactives situées loin de l'organisme; la «contamination interne» provenant de sources qui peuvent être absorbées par l'organisme (avalées, respirées, déposées sur des blessures).
     3. Les grandeurs physiques essentielles et leurs unités:
     a) «L'activité» d'une source caractérise le nombre de noyaux qui se désintègrent par unité de temps; elle était exprimée en Curies (Ci) [maintenant en becquerels (Bq) avec 1 Ci = 37.109Bq et 1 Bq = 2.7.10-11Ci]
     b) La «dose» absorbée est l'énergie communiquée par le rayonnement à une unité de masse de matière; elle était exprimée en Rads [maintenant en gray (Gy) = 1 joule / kg avec 1 Gy = 100rad et 1 rad = 10-2Gy]
     c) Le «débit de dose» représente la dose reçue par unité de temps: elle caractérise donc la rapidité avec laquelle une dose est absorbée; elle s'exprimait en rads/heure.
     4. Les effets des rayonnements sont appelés «somatiques» ou «génétiques» selon qu'ils affectent les individus exposés eux-mêmes ou leur descendance. Les effets peuvent être également classés en «effets immédiats»ou «effets différés».
     5. L'effet d'un rayonnement dépend de trois facteurs essentiels:
     a) Le «champ» est la partie irradiée de l'organisme: l'effet est différent selon que l'irradiation est globale ou partielle sur tel ou tel organe.
     b) L'effet est d'autant plus important que la «dose» est élevée.
     c) L'effet est d'autant plus grand que le «débit de dose» est élevé, c'est-à-dire qu'une même dose est reçue en un temps plus court.
     6. A dose absorbée égale et début de dose égal, les effets biologiques sur l'organisme dépendent de plusieurs facteurs tels que la nature du rayonnement et la façon dont un radioélément est réparti à l'intérieur du corps. On a donc été amené à définir un «équivalent de dose», grandeur biologique, qui était exprimée en rems, qui découle de la «dose» physique (en Rads) [maintenant l'unité légale d'équivalent de dose est le Sievert (Sv) 
avec 1 Sievert = 100 rem et 1 rem = 10-2 Sv]. Par exemple: 
     1 rad de Tritium est compté pour 1 rem,
     1 rad de Plutonium pour 50 rem,
     1 rad de Strontium pour 5 rem.
     On voit donc que le rem n'est pas une grandeur physique qui se mesure mais une unité qui découle d'un calcul effectué sur des bases définies par la CIPR en fonction de l'état des connaissances biologiques.
     On notera enfin que pendant longtemps 1 rad de Plutonium était compté pour 10 rem seulement; il y a quelques années, le «coefficient» a été modifié et c'est devenu 50 rem. C'était une modification dans le bon sens mais:
     a) cela montre que ces calculs ne signifient pas grand chose;
     b) qui sait si un jour - au cas par exemple où les contraintes économiques de 1'«homme-rem» deviendraient trop fortes - on ne décrétera pas la modification des «coefficients», dans l'autre sens!
p.9
     Rappelons que l'homme, qui est naturellement radioactif présente en moyenne une radioactivité d'environ 5.000 Bq ou 5 KBq. A garder à l'esprit: pour une personne de 50kg, la radioactivité par gramme sera donc de 0,1 Bq/g (potassium 40 et carbone 14 principalement)
     Rappelons enfin surtout que la vie n'a pu apparaître sur la terre que quand la radioactivité de celle-ci a suffisamment diminué; comment oser risquer la ré-augmenter par l'énergie nucléaire?!...