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SEISMES et énergie nucléaire
JAPON 16 juillet 2007
La plus grande centrale du Japon fermée sine die après le séisme
Source ADIT, 18 juillet

      Les autorités locales ont confirmé mercredi la fermeture jusqu'à nouvel ordre de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dont la sécurité est mise en doute depuis le séisme meurtrier de lundi dans le centre du Japon.
     Le gouvernement central a toutefois exclu, à ce stade, de fermer définitivement cette usine.
     Le maire de Kashiwazaki, Hiroshi Aida, a convoqué le PDG de l'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), pour lui faire part de sa décision de stopper les activités de l'ensemble du site, dont les dépôts de combustible nucléaire usagé.
     Conformément à la coutume nippone, le patron de Tepco, Tsunehisa Katsumata, habillé d'un bleu de travail comme les employés de la centrale, s'est profondément prosterné devant le maire en présentant des "excuses du fond du coeur pour avoir suscité des inquiétudes et des troubles immenses".
     Tout en soulignant que les réacteurs nucléaires n'avaient reçu aucun dommage sérieux, M. Katsumata a reconnu qu'ils "avaient subi sans aucun doute un choc supérieur aux limites de résistance prévues à l'époque de la construction".
     Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a relevé que le séisme "était plus fort que ce pour quoi la centrale avait été conçue".
     "A l'évidence, le Japon doit conduire un examen exhaustif de la structure, des systèmes et des composants du réacteur pour être certain de tirer les leçons nécessaires du séisme", a prôné M. ElBaradei.
     La centrale de Kashiwazaki-Kariwa est située à seulement neuf kilomètres de l'épicentre du tremblement de terre de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter, un des plus violents de ces dernières années au Japon, qui a fait neuf morts, plus de 1.000 blessés et a détruit des centaines de bâtiments.
     La principale secousse a entraîné une fuite d'1,2 mètre cube d'eau radioactive dans la Mer du Japon, un incendie majeur et plus d'une quarantaine d'autres incidents dans le complexe nucléaire.
     Plusieurs centaine de fûts d'acier hermétiques destinés à recueillir les gants et autres vêtements potentiellement irradiés se sont renversés lors de la secousse.
     Tepco a reconnu mercredi avoir sous-évalué au départ la radioactivité du liquide échappé. Selon la compagnie, cette radioactivité totale a atteint en réalité 90.000 becquerels, contre 60.000 becquerels initialement estimés, tout en restant "sans danger pour la santé".
     La radioactivité est cent millions de fois inférieure au maximum autorisé, a précisé le directeur général adjoint de l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle, Akira Fukushima, qui a toutefois admis que l'annonce publique de l'incident avait été "trop tardive".
     Mais M. Fukushima a assuré que la fermeture définitive de la centrale n'était pas à l'ordre du jour.
     Le gouvernement central, les autorités locales et Tepco ont ordonné des examens géologiques car ils craignent que la faille active qui a provoqué le séisme de lundi ne passe directement sous la centrale.
     "C'est une hypothèse qu'on ne peut complètement écarter" compte tenu de la nature des répliques observées après le séisme, a indiqué M. Fukushima.
     C'est apparemment la première fois qu'un tremblement de terre déclenche une fuite radioactive au Japon, pays qui dépend à 35% du nucléaire pour son électricité mais qui est aussi situé dans une zone à très hauts risques sismiques.
     Le gouvernement central avait déjà demandé à Tepco de maintenir les sept réacteurs fermés jusqu'à ce que des vérifications poussées aient été effectuées.
     La centrale de Kashiwazaki-Kariwa (8.212 mégawatts) représente environ 7% des capacités de production totales de Tepco, la plus grande compagnie d'électricité privée du monde.
     Elle fournit en électricité la mégalopole de Tokyo (20 millions d'habitants), à 250 km au sud.