Un puissant séisme
de magnitude (M) 6,8 a secoué la région de Niigata le 16
juillet à 10h13 du matin heure locale. L'hypocentre (point d'origine
du tremblement de terre) se situait à 17 km de profondeur. Le bilan
au 20 juillet est de 10 morts, 1000 blessés, plus de 400 habitations
détruites et de nombreux dégâts dans les infrastructures.
Il est appelé "The Niigataken Chuetsu-oki Earthquake in 2007".
Ce séisme est en réalité le résultat de deux fortes secousses ayant eu lieu à quelques secondes d'intervalle. Un premier glissement de 70 cm de la faille inverse à 10 km du plan de faille a provoqué un premier séisme de M 6,5. Puis une seconde déformation a eu lieu à 5 km de profondeur, 4 à 5 secondes après la première secousse. Le séisme provoqué était également de M 6,5, situé seulement à 10 km du premier. C'est l'étude des ondes sismiques qui a permis de découvrir ce phénomène, assimilé plus généralement à un seul séisme de M 6,8. Certains scientifiques pensent que la deuxième secousse a été provoquée par le premier mouvement de faille. Ce séisme en deux étapes ressemble étrangement au mécanisme du séisme de Niigata du 13 octobre 2004 de M 6,8 qui avait provoqué la mort de 67 personnes. Or, l'AIST* a annoncé que le séisme de 2007 a été causé par les distorsions de la croûte terrestre dues au séisme de 2004. Ceci aurait provoqué l'activation des failles inverses environnantes. La pression transmise lors d'un tremblement de terre est généralement de 0.5 à 1 atm (1 atm = 1,013 bar ) mais certaines failles ont accumulé une pression allant jusqu'à 40 atm. Le cycle de ces failles est estimé entre 1.200 et 3.700 ans. Ceci correspond à une probabilité inférieure à 2% qu'un séisme de M 8 ait lieu d'ici trente ans. Cependant, si l'analyse de l'AIST est juste, la possibilité que d'autres fortes secousses aient lieu dans la région augmente. La JMA**, elle, réfute totalement l'hypothèse d'un lien entre les deux séismes de Niigata. L'AIST a par ailleurs déterminé par mesures GPS qu'un soulèvement du littoral de 25 cm au maximum avait été provoqué suite au séisme du 16 juillet. Une autre conséquence du séisme est la série d'accidents survenus à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, située à seulement neuf kilomètres de l'épicentre. La centrale, exploitée par Tokyo Electrics (TEPCO) compte 7 tranches pour un total de 8.212 MWe. Les tranches en fonctionnement lors du tremblement de terre ont été automatiquement arrêtées. Des dégâts ont cependant pu être remarqués dans le reste de la centrale: un incendie s'est déclaré au niveau d'un transformateur électrique, provoqué par la rupture d'un câble consécutive à un affaissement de terrain; il n'a été maîtrisé que deux heures après. Une fuite d'eau déversant 12.000 litres d'eau radioactive (9x10E4 Bq) dans la mer a également été détectée dans une " zone non surveillée". Une centaine de fûts contenant des déchets de faible radioactivité ont été renversés par les secousses, certains ayant le couvercle défait. Des traces d'Iode, de Chrome 51 et de Cobalt 60 ont été découvertes dans le filtre du système de ventilation, supposant une émission vers l'atmosphère estimée à 3x10^8 Bq. Enfin, plus globalement, la centrale a subi une déformation des allées ainsi que des affaissements de terrain dus en partie à la liquéfaction du sol. (suite)
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Le gouverneur de la préfecture de Niigata a ordonné l'arrêt immédiat de la centrale. Ceci intervient alors que s 'approche le pic estival de consommation électrique. TEPCO a sollicité les autres entreprises de production d'électricité afin de racheter une part de leur production de manière à répondre aux besoins en électricité de la capitale. L'arrêt de la centrale pourrait durer un an selon les autorités gouvernementales, d'autant plus que l'étude des répliques du séisme a révélé que la faille pourrait s'étendre jusque sous la centrale à une profondeur de 20 km. Les organismes compétents jugent que la présence d'une faille sous une centrale n'est pas problématique en soi tant que les risques sismiques sont bien compris et à condition que la résistance sismique des équipements soit adaptée au risque. TEPCO aurait largement sous-estimé le risque sismique du site lors de la conception de la centrale qui avait été conçue pour résister à un séisme de M 6,5 comme le demandent les standards imposés par le gouvernement. Une nouvelle étude de la sismicité de la région est donc nécessaire, pouvant conduire à des travaux de consolidation des installations. Le séisme a également provoqué l'arrêt de plusieurs usines dont celle de l'équipementier Riken, endommagée par le séisme. Riken détient 50% du marché national des joints d'étanchéité pour les pistons et 70% de celui des joints d'étanchéité pour les transmissions. Les constructeurs automobiles Toyota, Nissan, Suzuki, Mazda et Mitsubishi Motors ont ainsi dû arrêter ou suspendre temporairement leur production, touchant 70% de la production de l'industrie automobile japonaise. Toyota a décidé d'envoyer 300 de ses salariés à Kashiwazaki pour aider au redémarrage de l'usine de Riken. Enfin, le même jour à 23h18 un autre séisme de M 6,6 a eu lieu dans la mer du Japon à 370 km de profondeur. Ce phénomène n'est en rien lié au séisme de Niigata, mais a provoqué des secousses sur la côte pacifique du Japon, à 1000 km de l'épicentre. Lorsque des secousses ont lieu très en profondeur, les ondes longent la plaque tectonique au lieu de se propager vers la surface à l'épicentre et provoquent ainsi des secousses dans des régions très éloignées de ce dernier, dénommées "regions of abnormal seismic intensity". * AIST: National Institute of Advanced Industrial Science and Technology ** JMA: Japan Meteorological Agency Pour en savoir plus, contacts: - Revue de presse de l'ambassade France: synthèse de l'actualité au Japon - AIST (anglais) - JMA (anglais) - TEPCO (anglais) Sources: - Presse japonaise du 17 au 20 juillet 2007 - Nikkei, Asahi, Yomiuri, Mainichi - Rapport de la JMA (japonais) - Rapport de l'AIST (japonais) - Rapport du High Sensitivity Seismograph Network Japan (japonais) - Press release de TEPCO (japonais) Rédacteur: Daphné OGAWA - adjoint.ing(arobase)ambafrance-jp.org - 452/ENV/1525 |