C’est la grande absente de la
crise nucléaire qui secoue le Japon. Alors qu’elle est censée
coordonner l’aide technique et les informations autour de l’accident nucléaire,
l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a jamais
été en mesure, depuis le 11 mars, de peser sur les événements,
d’informer à temps les Etats sur l’avancée des opérations
de refroidissement des réacteurs, ou encore de réellement
estimer le niveau de gravité de la catastrophe sur l’échelle
des événements nucléaires. Hier, un nouveau coup a
été porté au fondement même de son existence.
En déplacement express à Tokyo, le président français
a appelé à l’adoption, avant la fin de l’année, de
nouvelles normes internationales en matière de sûreté
des centrales nucléaires. Des normes censées avoir été
édictées et imposées par l’agence de Vienne. Pour
Stéphane Lhomme, président de l’Observatoire du nucléaire
et ancien porte parole du Réseau Sortir du nucléaire, un
renforcement effectif de ces normes de sûreté s’avère
impossible dans la mesure où l’AIEA est "intimement liée
à l’industrie nucléaire".
Quelle est la mission de l'AIEA?
Stéphane Lhomme: L’Agence internationale de l’énergie
atomique a été fondée en 1957 avec une double mission:
contrôler le développement de l’énergie nucléaire
et promouvoir son industrie. Sous prétexte de s’assurer que ses
Etats membres développent seulement du nucléaire civil, et
non militaire avec les recherches sur l’arme atomique, cette agence fournit
aussi son aide en matière de construction de réacteurs.
Elle doit donc faire respecter des normes en matière de sûreté
nucléaire...
Stéphane Lhomme: Depuis son origine, elle a édicté
un socle de normes de sûreté. Mais il s’agit de normes minimalistes,
sur lesquelles se basent les pays et constructeurs pour réaliser
leurs propres règles. La politique énergétique de
chaque pays est ainsi totalement indépendante. Si les pays signataires
du traité de non-prolifération nucléaire autorisent
l’agence à visiter leurs installations, ils ne sont néanmoins
obligés en rien de respecter ses recommandations. L’AIEA n’a en
effet aucun pouvoir contraignant. Pour des questions de coûts, ses
Etats membres ne veulent pas qu’on leur dise quels investissements réaliser
pour améliorer la sécurité de leurs réacteurs.
Pourquoi l’AIEA n’a-t-elle pas d’attribution coercitive?
Stéphane Lhomme: Elle est impuissante par nature dans
la mesure où elle a été créée par l’industrie
nucléaire pour l’industrie nucléaire. Elle est composée
d’experts détachés de l’industrie nucléaire de ses
différents Etats membres. C’est un petit monde, des amis qui cherchent
à s’arranger entre eux. Lorsqu’une délégation effectue
des contrôles dans un pays étranger, elle ne se montre pas
trop sévère par peur qu’on lui adresse des reproches sur
ses propres installations. Tout le monde essaie de préserver ses
intérêts en faisant en sorte que l’industrie perdure. Par
exemple, en 2007, une mission de l’AIEA, menée par un expert de
l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) français, avait examiné la centrale de Kashiwazaki-Kariwa,
endommagée par un tremblement de terre de magnitude 6,8 sur l’échelle
de Richter. Son travail n’a pas débouché sur des mesures
de sécurité renforcées quant aux séismes.
Peut-on adopter des normes plus exigeantes en matière de sûreté
nucléaire?
Stéphane Lhomme: Les pays accepteront peut-être
de nouvelles normes, face à la pression de l’opinion publique mondiale.
Mais il ne faut pas se leurrer, si Nicolas Sarkozy les promeut, c’est seulement
pour protéger l’industrie nucléaire et favoriser l’EPR développé
par Areva, qu’il qualifie de plus sûr. En réalité,
ces nouvelles normes ne pourront pas être beaucoup plus élevées
dans la mesure où elles impliqueraient de fermer un grand nombre
de réacteurs. Et cela, aucun pays n’en veut, étant donné
le coût que constitue le démantèlement de centrales.
Commentaires
1. C’est bien pire que ça. L’AIEA a
toujours eu des accointances avec les militaires (affaires atomiques Dominique
Lorentz) au point de dessiner une bombe entre amis.
Quant au président Français
les normes internationales sont la limite d’évacuation autour des
centrales à 20 km que le gouvernement Japonais s’est empressé
d’honorer ce matin pour assurer la France de sa loyauté et l’élévation
des seuils de radioactivité pour le public en cas d’accident que
le Japon met déjà en place.
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suite:
2. Les capteurs héliothermiques
Ce qui est déplorable, c’est
qu’on considère l’électricité comme la seule source
de toute énergie possible. Ce qui est ridicule.
En matière d’énergie "renouvelable"
il y en a une qu’on évite soigneusement de parler, d’utiliser, de
comparer, etc. l’énergie thermique du soleil à BASSE TEMPÉRATURE
(60-70°C) immédiatement - c’est-à-dire sans solution
de continuité sinon que pour une NON-rentabilité capitalistique,
car gratuite, véritablement GRATUITE - utilisable.
A tel point que ce système simple
n’a toujours pas le nom qui lui correspond (on utilise encore le mot "capteur
plan").
Installez sur tous les toits convenablement
exposés des capteurs héliothermiques à raison de 8
m2 par famille, et vous avez la moitié des centrales
nucléaires qui tombent en désuétude. GRATUITEMENT
hormis le coût de l’installation.
Ce qu’on nomme "énergies renouvelables"
n’utilise en rien ce qui est GRATUIT car sans cesse à la recherche
d’un profit qui ne peut qu’être délirant. On parle de rentabilité
lors même qu’on utilise quelque chose de GRATUIT: la lumière
et la chaleur du soleil qui nourrit notre planète en surabondance!!!
J’ai trouvé des expérimentations
de "Récupération d’énergie à partir de basses
différences de température" qui ont été abandonnées
au PROFIT du nucléaire. On en voit le résultat.
Pour le nucléaire, c’est sans
parler de l’extraction... tout cela est ailleurs... et des déchets...
qui sont aussi ailleurs... ou pour d’autres temps!
J’en arrive à penser qu’une telle
dissimulation est précisément due à cette GRATUITÉ:
l’État ne peut PAS récupérer de taxes sur elle, à
l’encontre du pétrole ou du nucléaire (concentration des
esprit sur l’électricité comme "fée salvatrice et
unique" - alors que pourtant concurrentielle au pétrole et au charbon:
mais focalisation sur l’ÉLECTRICITÉ!!! et la chaleur du soleil
???) sur lesquels il peut en percevoir un max.
Ce sera donc, lorsque l’État
trouvera le moyen de monnayer une taxe sur les ressources gratuites d’énergie
qu’elles commenceront à se développer!!
3. Il semble assez évident que si chacun disposait
sur son toit de capteurs solaires, la consommation, au moins privée,
serait couverte, pour peu qu’on améliore encore la technologie.
Qd je vois les Km2 des toits
de Paris...
Toute la R&D devrait être
centrée sur le moyen de stocker l’énergie électrique!
Il y a aussi ITER et la fusion telle
le soleil, qui dit qu’un jour ça ne marchera pas?
Cette obsession nucléaire, outre
le danger majeure d’une pollution grave, durable et planétaire sur
toutes la bio-diversité, entrave toute solutions alternatives d’avenir
et l’Uranium n’est pas plus éternel que le pétrole, ni probablement
si rentable qu’annoncé !
4. Hou les utopistes!
Je réagis face aux commentaires
précédents: il y a des personnes qui s’imaginent qu’en mettant
des panneaux solaires et des capteurs on pourra trouver une substitution
à l’énergie nucléaire.
Or il faut être réaliste
s’il vous plait, ces sources d’énergies ne remplaceront jamais totalement
l’énergie nucléaire parce que cela ne fournit pas assez de
puissance énergétique.
En complément ou appoint énergétique
je veux bien mais de là à fermer Creys-Malville, Pierrelatte
et les autres faut pas rêver non plus.
5. "Elle est impuissante par nature dans la mesure où
elle a été créée par l’industrie nucléaire
pour l’industrie nucléaire. Elle est composée d’experts détachés
de l’industrie nucléaire de ses différents Etats membres.
C’est un petit monde, des amis qui cherchent à s’arranger entre
eux. Lorsqu’une délégation effectue des contrôles dans
un pays étranger, elle ne se montre pas trop sévère
par peur qu’on lui adresse des reproches sur ses propres installations."
Remplacer dans le texte AIEA par l’AFSSAPS
ainsi pourra-t-on traité à la fois la problématique
des contrôles au niveau du nucléaire comme du médicament.
Pour ce qui concerne le commentaire
de Polemik Victor, je dirais que si le nucléaire absorbe la totalité
des investissements en ce qui concerne la recherche sur les sources d’énergie,
il n’y a aucune raison de compter en découvrir de nouvelles beaucoup
moins dangereuses. |