L’ASN fait le point, sur l’accident
à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et ses conséquences
au Japon, sur la mission de M. Jamet, commissaire de l’ASN, au Japon et
sur la préparation de l’audit français et des tests de résistance
européens.
1. Situation de la centrale de Fukushima
L’alimentation électrique externe des pompes à eau des
réacteurs 1, 2 et 3 a été rétablie. L’injection
en eau douce se poursuit dans les cuves des réacteurs n°1 à
4. C’est un refroidissement en circuit ouvert, c’est-à-dire qu’une
partie de l’eau apportée se répand dans l’enceinte de confinement
ou dans d’autres bâtiments, essentiellement les salles des turbines.
L’exploitant japonais Tepco réalise
des opérations en vue de collecter cette eau et de l’isoler.
Tepco a évalué la quantité
d’eau fortement radioactive à pomper dans les diverses installations
du site à 60.000 tonnes. La moitié sera stockée sur
site (dans des condenseurs et d’autres bâtiments) et l’autre moitié
sur une barge de la Marine américaine et sur une île artificielle
Megafloat.
L’objectif de l’exploitant à terme
est de mettre en place un refroidissement en circuit fermé: eau
circulant en boucle dans un circuit de la centrale, de façon à
ce que l’eau contaminée ne s’échappe pas. La remise en fonction
des matériels nécessaires à cette fin s’avère
difficile car ils ont pu être détériorés. En
outre, la présence d’eau contaminée dans certains bâtiments
complique les interventions humaines.
Tepco essaye actuellement de remédier
à deux problèmes principaux:
* Le risque d’explosion en raison de l’accumulation
d’hydrogène. Une injection d’azote liquide pourrait être opérée
sur le réacteur 1 afin d’éviter ce risque;
* Les fuites d’eau contaminée issues
du réacteur 2. Tepco a indiqué qu’il injecterait du silicate
de sodium dans les fondations situées à proximité
de la tuyauterie du réacteur pour empêcher ce phénomène.
2. Conséquences radiologiques de l’accident au Japon
A ce jour, 3.430 tonnes d’eau faiblement contaminée
ont été rejetées de façon volontaire en mer.
L’exploitant estime à 11.500 tonnes la quantité d’eau à
rejeter de façon volontaire.
Une fuite d’eau fortement contaminée
(de l’ordre de 300 kilo-becquerels (KBq) par cm3 en iode 131)
issue du réacteur n°2 a été détectée
en mer. L’exploitant essaye de remédier à cette fuite (cf.
supra).
Les conditions de travail des intervenants
sur le site restent difficiles. Les débits de doses (mesure des
rayonnements) relevés sur le site de la centrale restent élevés.
Les mesures de la radioactivité dans
la région de Tokyo réalisées par les autorités
japonaises et par l’Agence internationale de l’énergie atomique
(AIEA) demeurent faibles. La tendance est à une décroissance
lente, confirmant l’absence de nouveaux rejets atmosphériques importants.
3. La mission de M. Jamet, commissaire de l’ASN, au Japon
A l’occasion du voyage du Président
de la République et de la ministre chargée de l’écologie
au Japon le 30 mars, Philippe Jamet a rencontré les homologues japonais
de l’ASN.
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suite:
Outre le message de soutien et de sympathie
qu’il portait, M. Jamet a renouvelé l’offre d’assistance de l’ASN
en matière de gestion post-accidentelle. Depuis 2005, l’ASN mène
en effet d’importants travaux sur la gestion des conséquences d’un
accident nucléaire sur la population et l’environnement (démarche
Codirpa).
M. Jamet a eu des échanges avec les
Autorités de sûreté nucléaire japonaises (NSC
et Nisa) afin de faire le point sur la situation technique et préparer
le retour d’expérience de cet accident. Il a indiqué l’accord
de l’ASN pour participer à toute mission d’expertise internationale
qui pourrait être organisée.
M. Jamet confirme que la situation reste précaire
et que des enseignements peuvent dès à présent être
tirés de cet accident.
4. La préparation de l’audit français et des tests
de résistance européens relatifs aux centrales nucléaires
L’ASN considère qu’il est fondamental
de tirer les leçons de l’accident survenu au Japon, comme cela a
été le cas après notamment ceux de Three Mile Island
et Tchernobyl. Le retour d’expérience approfondi sera un processus
long s’étalant sur plusieurs années. Il s’agira notamment
de vérifier si des améliorations sont nécessaires
dans la prise en compte des risques liés à la perte des alimentations
électriques ou de la source froide ainsi qu’au séisme. Les
cumuls de tels risques devront également être réévalués.
En outre, des leçons devront être tirées dans le domaine
de la gestion des situations d’urgence.
A court et moyen terme, l’ASN mettra en œuvre
la mission d’audit des installations nucléaires françaises
demandée par le Premier ministre et participera à la démarche
des tests de résistance des centrales européennes demandée
par la Commission européenne. Les premières échéances
interviendront cette année.
Les centrales nucléaires françaises
sont conçues pour résister à des contraintes sévères
(inondation, séisme, perte d’alimentation électrique...).
Il s’agit dès lors d’étudier comment elles se comporteraient
dans des situations encore plus dégradées, de faire une analyse
des marges de sûreté et d’en déduire le cas échéant
des modifications. Cette analyse portera sur les centrales en exploitation,
en construction et en projet.
L’ASN insiste sur la nécessité
d’assurer une cohérence entre l’audit français et la démarche
européenne. Ce travail va mobiliser d’importantes ressources à
l’ASN. L’ASN travaille dès à présent à l’élaboration
du cahier des charges de l’audit français. Par ailleurs, Olivier
Gupta, directeur général adjoint de l’ASN, préside
aujourd’hui et demain une réunion des groupes de travail créés
par l’association des responsables des Autorités de sûreté
nucléaire d’Europe de l’ouest (Wenra). Cette réunion vise
à proposer le cahier des charges des tests de résistance
européens.
5. Les retombées radioactives en France
Les concentrations en radionucléides
artificiels (iode 131, césiums 134 et 137) mesurées dans
les différents milieux surveillés sont très faibles
et ne présentent aucun danger sanitaire et environnemental. Les
résultats des mesures de radioactivité en France font l’objet
de bulletins d’information réguliers de la part de l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’appui
technique de l’ASN.
Les réponses aux principales questions
du public sur les enjeux sanitaires et la circulation des masses d’air
sont en ligne sur le site Internet www.asn.fr, rubrique «Questions
fréquentes».
Contact service presse ASN: Tél. : 01 40 19 86 61 |