CONTROVERSES NUCLEAIRES !
SEISMES ET ENERGIE NUCLEAIRE

JAPON Fukushima Dai-Ichi (11 mars 2011)
SUIVI 2011
5 avril
ASN: Communiqué à 19h30
ADIT,
     L’ASN fait le point, sur l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et ses conséquences au Japon, sur la mission de M. Jamet, commissaire de l’ASN, au Japon et sur la préparation de l’audit français et des tests de résistance européens.

1. Situation de la centrale de Fukushima
L’alimentation électrique externe des pompes à eau des réacteurs 1, 2 et 3 a été rétablie. L’injection en eau douce se poursuit dans les cuves des réacteurs n°1 à 4. C’est un refroidissement en circuit ouvert, c’est-à-dire qu’une partie de l’eau apportée se répand dans l’enceinte de confinement ou dans d’autres bâtiments, essentiellement les salles des turbines.
     L’exploitant japonais Tepco réalise des opérations en vue de collecter cette eau et de l’isoler.
     Tepco a évalué la quantité d’eau fortement radioactive à pomper dans les diverses installations du site à 60.000 tonnes. La moitié sera stockée sur site (dans des condenseurs et d’autres bâtiments) et l’autre moitié sur une barge de la Marine américaine et sur une île artificielle Megafloat.
     L’objectif de l’exploitant à terme est de mettre en place un refroidissement en circuit fermé: eau circulant en boucle dans un circuit de la centrale, de façon à ce que l’eau contaminée ne s’échappe pas. La remise en fonction des matériels nécessaires à cette fin s’avère difficile car ils ont pu être détériorés. En outre, la présence d’eau contaminée dans certains bâtiments complique les interventions humaines.
     Tepco essaye actuellement de remédier à deux problèmes principaux:
     * Le risque d’explosion en raison de l’accumulation d’hydrogène. Une injection d’azote liquide pourrait être opérée sur le réacteur 1 afin d’éviter ce risque;
     * Les fuites d’eau contaminée issues du réacteur 2. Tepco a indiqué qu’il injecterait du silicate de sodium dans les fondations situées à proximité de la tuyauterie du réacteur pour empêcher ce phénomène. 

2. Conséquences radiologiques de l’accident au Japon
     A ce jour, 3.430 tonnes d’eau faiblement contaminée ont été rejetées de façon volontaire en mer. L’exploitant estime à 11.500 tonnes la quantité d’eau à rejeter de façon volontaire.
     Une fuite d’eau fortement contaminée (de l’ordre de 300 kilo-becquerels (KBq) par cm3 en iode 131) issue du réacteur n°2 a été détectée en mer. L’exploitant essaye de remédier à cette fuite (cf. supra).
     Les conditions de travail des intervenants sur le site restent difficiles. Les débits de doses (mesure des rayonnements) relevés sur le site de la centrale restent élevés.
     Les mesures de la radioactivité dans la région de Tokyo réalisées par les autorités japonaises et par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) demeurent faibles. La tendance est à une décroissance lente, confirmant l’absence de nouveaux rejets atmosphériques importants.

3. La mission de M. Jamet, commissaire de l’ASN, au Japon
     A l’occasion du voyage du Président de la République et de la ministre chargée de l’écologie au Japon le 30 mars, Philippe Jamet a rencontré les homologues japonais de l’ASN.

suite:
     Outre le message de soutien et de sympathie qu’il portait, M. Jamet a renouvelé l’offre d’assistance de l’ASN en matière de gestion post-accidentelle. Depuis 2005, l’ASN mène en effet d’importants travaux sur la gestion des conséquences d’un accident nucléaire sur la population et l’environnement (démarche Codirpa).
     M. Jamet a eu des échanges avec les Autorités de sûreté nucléaire japonaises (NSC et Nisa) afin de faire le point sur la situation technique et préparer le retour d’expérience de cet accident. Il a indiqué l’accord de l’ASN pour participer à toute mission d’expertise internationale qui pourrait être organisée.
     M. Jamet confirme que la situation reste précaire et que des enseignements peuvent dès à présent être tirés de cet accident.

4. La préparation de l’audit français et des tests de résistance européens relatifs aux centrales nucléaires
     L’ASN considère qu’il est fondamental de tirer les leçons de l’accident survenu au Japon, comme cela a été le cas après notamment ceux de Three Mile Island et Tchernobyl. Le retour d’expérience approfondi sera un processus long s’étalant sur plusieurs années. Il s’agira notamment de vérifier si des améliorations sont nécessaires dans la prise en compte des risques liés à la perte des alimentations électriques ou de la source froide ainsi qu’au séisme. Les cumuls de tels risques devront également être réévalués. En outre, des leçons devront être tirées dans le domaine de la gestion des situations d’urgence.
     A court et moyen terme, l’ASN mettra en œuvre la mission d’audit des installations nucléaires françaises demandée par le Premier ministre et participera à la démarche des tests de résistance des centrales européennes demandée par la Commission européenne. Les premières échéances interviendront cette année.
     Les centrales nucléaires françaises sont conçues pour résister à des contraintes sévères (inondation, séisme, perte d’alimentation électrique...). Il s’agit dès lors d’étudier comment elles se comporteraient dans des situations encore plus dégradées, de faire une analyse des marges de sûreté et d’en déduire le cas échéant des modifications. Cette analyse portera sur les centrales en exploitation, en construction et en projet.
     L’ASN insiste sur la nécessité d’assurer une cohérence entre l’audit français et la démarche européenne. Ce travail va mobiliser d’importantes ressources à l’ASN. L’ASN travaille dès à présent à l’élaboration du cahier des charges de l’audit français. Par ailleurs, Olivier Gupta, directeur général adjoint de l’ASN, préside aujourd’hui et demain une réunion des groupes de travail créés par l’association des responsables des Autorités de sûreté nucléaire d’Europe de l’ouest (Wenra). Cette réunion vise à proposer le cahier des charges des tests de résistance européens.

5. Les retombées radioactives en France
     Les concentrations en radionucléides artificiels (iode 131, césiums 134 et 137) mesurées dans les différents milieux surveillés sont très faibles et ne présentent aucun danger sanitaire et environnemental. Les résultats des mesures de radioactivité en France font l’objet de bulletins d’information réguliers de la part de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’appui technique de l’ASN.
     Les réponses aux principales questions du public sur les enjeux sanitaires et la circulation des masses d’air sont en ligne sur le site Internet www.asn.fr, rubrique «Questions fréquentes».
Contact service presse ASN: Tél. : 01 40 19 86 61