Un site unique en Europe, par
sa capacité et ses équipements, a été ouvert
par la Communauté urbaine de Lille (CUDL) à Sequedin (Nord)
pour transformer les déchets de cuisine et de jardin en biogaz-carburant
destiné à l'alimentation des bus de l'agglomération.
"Utiliser une ressource locale pour la flotte locale: en terme de développement durable, il n'y a pas d'exemple plus achevé que ça. La boucle est bouclée", s'est félicité mercredi le vice-président de la CUDL chargé des transports urbains, Eric Quiquet (Verts), lors d'une visite du site. Le Centre de valorisation organique (CVO), construit sur un terrain de 55.000 m2, doit commencer à approvisionner les bus fin 2007 et être complètement opérationnel fin 2008. Il transformera chaque année 108.600 tonnes de biodéchets - issus du tri domestique, de la restauration collective ou des déchetteries municipales - en 34.000 tonnes de compost et quatre millions de mètres cubes de biogaz-carburant, soit l'équivalent de quatre millions de litres de diesel et la consommation annuelle de 100 bus. En face du centre de biométhanisation, un dépôt de 150 bus permettra leur approvisionnement direct en biogaz, et gaz naturel, pour un prix de revient kilométrique équivalent à celui du gasoil, beaucoup plus polluant. Le CVO, qui emploie 40 salariés, a également été aménagé pour transférer les déchets incinérables par voie navigable vers le centre de valorisation énergétique d'Halluin (Nord), qui produit chaque année l'équivalent de la consommation en électricité de 30.000 foyers. Seul site en France à produire du biogaz-carburant, le CVO est "une réalisation unique en Europe" par sa capacité de traitement et ses infrastructures conçues en Haute Qualité Environnementale (HQE), a souligné la Communauté urbaine présidée par l'ex-Premier ministre socialiste Pierre Mauroy qui doit inaugurer l'équipement jeudi. Le projet, qui représente un investissement de 75 millions financé en grande partie par la CUDL, s'inscrit dans la politique de développement durable lancée il y a une quinzaine d'années par Lille Métropole. Face à la croissance des ordures ménagères, la CUDL avait décidé en 1989 de modifier son approche pour atteindre "une valorisation maximale" des 700.000 tonnes de déchets collectés chaque année, en les considérant comme "une source d'énergie et de matière", a expliqué le vice-président de la CUDL chargé du traitement des résidus urbains, Paul Deffontaine. Concernant le CVO, 650.000 habitants, sur les 1,1 million de Lille Métropole, sont invités à trier leurs biodéchets. "Il s'agit des épluchures, des fleurs, mais aussi de l'essuie-tout, des papiers gras, des mouchoirs en papier", a précisé Pierre Hirtzberger, chef de projet du CVO, en soulignant sa "réalité palpable" pour les habitants, "la "finalité (étant) la production de carburant". |
LE MONDE | 21.09.07 Lille, correspondant La communauté urbaine de Lille a inauguré, jeudi 20 septembre, un équipement majeur de son schéma de gestion des résidus urbains. Construit à Sequedin, en bordure de la Deûle, le Centre de valorisation organique (CVO) exploité par la société Carbiolane, filiale de Dalkia France, se présente comme le plus grand d'Europe et transforme les déchets en biogaz. Il a nécessité un investissement de 55 millions € auxquels s'ajoutent 20 autres millions pour un centre de transfert relié à la voie fluviale. Cet équipement, qui répond aux normes de haute qualité environnementale (HQE), a été conçu pour valoriser et transformer en énergie 108.600 tonnes de biodéchets par an. Il s'agit des ordures ménagères triées par les habitants (déchets de cuisine et de jardin essentiellement) et de celles produites par la restauration collective. Le CVO traite également les déchets verts collectés dans les six déchetteries communautaires. Les biodéchets sont broyés et précompostés avant de passer en phase de méthanisation. Celle-ci est réalisée à une température de 57°C, sans oxygène. La matière est ainsi traitée durant vingt-cinq jours dans trois "digesteurs". A l'issue de cette période, deux produits sont obtenus: le digestat et le biogaz. Le premier est mélangé à des déchets verts puis, après un processus de six semaines, est transformé en compost pour l'agriculture. Le biogaz est épuré pour produire un méthane consommable par les bus. Un dépôt de bus au gaz de 150 véhicules a été ouvert, fin 2005, à proximité immédiate du CVO auquel il est relié par une canalisation souterraine. Ces bus étaient jusqu'à présent alimentés au gaz naturel fourni par Gaz de France. Dans un premier temps, une centaine d'entre eux utiliseront le biogaz produit par le CVO. "Les territoires qui réussiront sont ceux qui vont s'affranchir du pétrole", s'enthousiasme Eric Quiquet, vice-président (Verts) chargé des transports à la communauté urbaine de Lille. Ce système procure aussi l'avantage d'éviter le recours aux agrocarburants (éthanol ou biodiesel). Lorsque le CVO de Sequedin atteindra sa vitesse de croisière, il produira 4 millions de m3 de biogaz. D'ici à 2011, l'ensemble de la flotte, soit 450 bus, roulera soit au gaz naturel, soit au biogaz. Philippe Allienne
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