BOUIN (Vendée), 1er juil (AFP) - EDF a
inauguré mardi en Vendée un parc éolien de grande
capacité, alors que les initiatives se multiplient pour rattraper
le retard de la France dans la production d'électricité fournie
par le vent, au risque de déplaire aux défenseurs du paysage.
La France n'occupe que le quinzième rang
mondial parmi les producteurs de cette énergie, avec 200 MW contre
12.000 pour l'Allemagne, le leader mondial.
Les huit "aérogénérateurs"
hauts d'une quarantaine de mètres inaugurés mardi sur le
polder de Bouin, face à l'île de Noirmoutier, sont les plus
puissants installés à ce jour en France. Ils délivrent
ensemble et en silence une puissance proche de 20 MW, ce qui les place
en tête du parc hexagonal avec le site de Souleilla Corbières
(Aude). Leur production alimentera 20.000 foyers hors consommation de chauffage
électrique.
Les projets similaires sont légion. La France
met les bouchées doubles pour remplir l'objectif fixé par
une directive européenne de 2001, qui lui imposera en 2010 de tirer
21% de son énergie de sources renouvelables, contre 14% en 1997.
La capacité a ainsi progressé de 62,8% en 2002.
Le retard français, argumente Michel Benard,
chargé de mission à EDF en charge des filiales travaillant
aux énergies renouvelables, tiendrait à ce que le nucléaire
et l'hydraulique fournissent l'essentiel du courant français : "Ce
sont des sources d'électricité propres, contrairement aux
centrales à charbon" très présentes en Allemagne et
en Espagne par exemple.
Des réticences ...
Reste que l'éolien devra assurer entre 80
et 90% de l'effort français pour espérer atteindre les objectifs
communautaires. "La géothermie n'est pas possible sur notre sol,
et la part de la biomasse comme du solaire resteront limitées",
reconnaît Michel Bénard, qui estime qu'il faudra produire
au moins 10.000 MW d'origine éolienne en 2010.
Or les éoliennes, longtemps plébiscitées
par les écologistes, suscitent désormais des réticences.
La ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot, favorable
à cette source d'énergie, a déploré mardi le
refus du port du Havre d'autoriser des éoliennes le long de la digue
du terminal pétrolier d'Antifer. Elle mettait néanmoins en
garde en février contre "un développement anarchique" des
aérogénérateurs.
Outre les associations, bien des élus hésitent
devant ces hélices géantes qui altèrent le paysage,
selon leurs détracteurs. C'est notamment le cas de Philippe de Villiers,
le président MPF du conseil général de Vendée,
qui n'a pas assisté à l'inauguration de Bouin.
Eric Granguillot, dont le bureau d'études
Al Tech a conçu le parc de Bouin, estime donc qu'on "ne pourra pas
construire à terre des parcs plus grands que celui-ci." La solution
résidera alors dans les parcs off-shores (en mer), mais au prix
d'un coût et d'une complexité technique incomparables.