Nos traditionnelles maisons
vont devoir faire leur révolution. En 2005, les constructions françaises
ont émis 135 millions de tonnes de gaz carbonique, 13% de plus qu'en
1990! Une augmentation malvenue, alors que la Commission européenne
recommande une réduction d'un tiers des émissions de gaz
à effet de serre d'ici à 2020 dans les pays développés
pour limiter le réchauffement planétaire.
Des prototypes décoiffants de "maisons du futur", vertes et économes, fleurissent au Japon, en Suisse, en Allemagne, en Californie... mais il s'agit là de constructions flambant neuves. Le défi des pays développés va au-delà. Que faire avec tout ce qui est déjà construit? La France compte 30 millions de logements, dont le tiers a plus de 50 ans. Et elle s'est engagée, dans le cadre de la loi de programmation et d'orientation de la politique énergétique, à diviser par quatre sa consommation d'énergie. Architectes, chercheurs et industriels cogitent pour transformer sans détruire nos lieux de vie. ISOLER TOUJOURS PLUS
Autre piste, les murs émetteurs de chaleur ou de fraîcheur. Mélangées aux peintures ou crépis, des microcapsules contenant un matériau dit à changement de phase (cire ou paraffine) vont jouer, en se liquéfiant ou en se solidifiant, un effet glaçon ou chauffant, de plus ou moins 4°C ou 5°C. Cela permet de se dispenser de climatisation en été et de réduire le chauffage en hiver. Baptisé Micronal, ce procédé BASF a été expérimenté sur 3.000 maisons outre-Rhin. Des équipes de chercheurs en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, travaillent également sur des nanorevêtements de façade et des isolants nanostructurés. Demain, les fenêtres pourront être équipées de triples vitrages enfermant des gaz (argon, krypton). Elles deviendront même "intelligentes". Au Royaume-Uni, des chercheurs de l'University College de Londres élaborent des revêtements d'oxyde de vanadium pour que les vitres laissent passer les rayons du soleil ou, au contraire, les réfléchissent. Saint-Gobain a mis au point un vitrage "peu émissif" recouvert d'une fine pellicule d'argent qui arrête le rayonnement solaire en été et retient la chaleur à l'intérieur en hiver. 3M a développé un nanorevêtement aux propriétés similaires pour se passer de climatisation. Seul inconvénient, l'isolation à outrance confinera l'air au risque d'altérer sa qualité sanitaire. Il faudra donc aérer au plus juste. |
EXPLOITER TOUTES SORTES D'ÉNERGIES
La première étape sera de repenser la ventilation du bâtiment. Ainsi, l'air ambiant, déjà chauffé, pourra être recyclé grâce à un réseau de ventilation "à double flux" incorporant si nécessaire de l'air extérieur. Celui-ci pourra être aspiré à travers un puits canadien, une conduite qui passe à environ 1 mètre sous terre, là où la température est constamment entre 12°C et 15°C. Cette solution, déjà appliquée dans certaines constructions, réchauffe la maison en hiver et la rafraîchit l'été. L'utilisation du soleil ou de la lumière va également monter en puissance. En Espagne, à Castellon de la Plana, est testée une façade dans laquelle certaines briques ont été remplacées par des modules photovoltaïques. Les cellules transformant la lumière en électricité vont se glisser partout, dans des vitrages, dans des tuiles... De véritables "peaux solaires" très minces pourront envelopper des parties de bâtiments. Autre piste, de nouvelles façons de produire de la chaleur, comme les chaudières à piles à combustible, procédé électrochimique qui fonctionne à l'hydrogène. Un test est mené à Paris par l'Office public de HLM dans le 15e arrondissement depuis octobre 2006. Résultat espéré : une baisse de la facture de 10% et une réduction des rejets de CO2 de 30%. Une quinzaine d'expérimentations sont en cours en Europe. FAIRE LA RÉVOLUTION DES LUMIÈRES
Isabelle Rey-Lefebvre
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