La plus grande centrale photovoltaïque
de Suisse, avec ses 1.000 kilowatts de puissance installée, alimente
le réseau électrique genevois en courant 100% renouvelable
produit localement. Ce courant participe à la gamme « SIG
Vitale vert », un produit des Services industriels genevois (SIG),
laquelle approvisionne aujourd’hui une personne sur quinze dans notre
canton, l’équivalent de 15'000 ménages.
Qu’elles soient fortement centralisées
comme à Verbois, ou plus éparses comme chez les personnes
privées, les installations photovoltaïques contribuent à
concrétiser un objectif majeur de la politique genevoise. Car dans
la quantité d’électricité que nous allons utiliser
d’ici 2010, il s’agit d’augmenter la quote-part du renouvelable d’au moins
1%.
Actuellement, le canton s’appuie sur l’hydroélectricité
et l’incinération des déchets, avec d’une part les barrages
de Verbois, de Chancy-Pougny et du Seujet, et d’autre part l’usine des
Cheneviers, qui produisent 30% de notre électricité. Mais
c’est aussi avec l’énergie solaire photovoltaïque que la croissance
attendue pourra être réalisée.
Priorités et moyens d’action pour développer le solaire
photovoltaïque
Dans le cadre de la politique cantonale, la gestion
de l’énergie repose sur une disposition constitutionnelle dont les
principaux objectifs sont la maîtrise des besoins et le développement
des ressources renouvelables. Or, pour atteindre l’objectif de couvrir
avec de l’électricité photovoltaïque 1% de la consommation
électrique du canton – ce qui représente 2500 gigawattheures
- il faudrait installer une surface de 250'000 mètres carrés
de panneaux, soit 25 hectares.
Il faut relever que ce qui est de l’ordre du
possible n’est pas réalisable – ni finalement souhaitable - du jour
au lendemain, sur l’une ou l’autre portion du territoire genevois. Car
les enjeux dans ce domaine sont le coût et l’espace, dans un canton
où les surfaces disponibles au sol sont rares. L’option d’une centrale
solaire photovoltaïque est donc exceptionnelle sous cette forme. Il
est prévu à l’avenir d’utiliser des surfaces d’une autre
nature: les toitures des bâtiments.
Produire de l’électricité solaire à grande échelle
n’est pas une utopie
Répondant le 4 mai dernier à une
motion du Grand Conseil (M 1461-B), le Conseil d’Etat indiquait que l’inventaire
des toitures existantes de l’administration cantonale et des communes montrait
une disponibilité pour des tranches de 10 à 100 kilowatts.
L’intégration des panneaux doit être étudiée
pour que toitures et parois conservent un aspect esthétique satisfaisant
et pour que la protection du patrimoine soit effective. Point important,
les panneaux peuvent aussi améliorer l’isolation thermique et l’ombrage
des bâtiments.
Notre territoire présente assez de
toitures bien exposées pour couvrir d’ici 2030 environ 10% des besoins
en électricité des Genevoises et des Genevois. C’est
dire si la production d’électricité à partir du soleil
n’est de loin pas une application marginale dans le domaine des énergies
renouvelables. Cette perspective s’appuie sur l’évolution des techniques
de fabrication des panneaux et leur coût, ainsi que sur l’adaptation
des milieux de la construction à cette réalité. |
Genève, canton le plus équipé de Suisse d’ici
la fin 2006:
La centrale photovoltaïque SIG Solar 3,
située près de Verbois. Photo SIG
L’objectif à court terme est d’avoir d’ici
fin 2006 une « puissance installée » de 4 mégawatts
pour 440'000 habitants, soit environ 9 watts par habitant. Genève
sera alors le canton le plus équipé en watts d’origine solaire,
quand on sait que la Suisse en 2005 dispose de 20 mégawatts,
c’est à dire moins de 3 watts par habitant.
Il est important de rappeler que multiplier les
surfaces disponibles afin d’offrir plus de courant renouvelable, pour répondre
à une demande en augmentation, n’est pas un objectif en soi. Le
principal est ailleurs. Il s’agit avant tout de privilégier une
approche plus rationnelle dans nos usages afin de contenir la progression
de la demande d’énergie électrique.
La meilleure énergie est celle que l’on n’utilise pas
Et pour cela il est recommandé – notamment
aux ménages - de choisir des appareils économes au rendement
optimal. Utiliser du courant électrique pour chauffer l’eau des
lave-linge ou pour congeler des aliments n’est pas anodin. Pour une même
fonction, la différence de consommation d’électricité
d’un appareil à l’autre peut varier du simple au double. Voilà
pourquoi il faut privilégier, à l’achat, les appareils électriques
qui consomment peu. L’éventuel surcoût est largement remboursé
par l’économie d’énergie réalisée.
Quant au «mode veille», il représente
jusqu’à 15% du budget énergétique d’un ménage.
On peut éviter cette dépense: il suffit par exemple d’éteindre
son téléviseur avec l’interrupteur lorsqu’on ne l’utilise
pas!
Il faut aussi se rendre compte que bien des arrivées
de courant dans les bâtiments sont surdimensionnées, parce
que les utilisations sont insuffisamment évaluées ou maîtrisées.
Autant de pertes évitables.
L’équation de l’énergie dans notre
canton tient en deux facteurs. D’une part un emploi plus rationnel du courant,
mieux étudié à la base, et d’autre part une demande
en électricité renouvelable et locale satisfaite à
travers la gamme «SIG Vitale». La choisir permet de
nourrir la demande et de soutenir la construction d’installations solaires.
De la combinaison harmonieuse de ces facteurs
dépend l’avenir d’un approvisionnement électrique plus mesuré
et aussi plus propre, au plus près des besoins de notre canton.
Robert Cramer
Conseiller d’Etat
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