TECHNIQUE
du SOLAIRE THERMIQUE
Documentation technique
SOLAIRE à haute température
Le regain des centrales solaires dans le monde
FRANCE
(novembre 2004)
A configuration unique, projet unique! Les deux fours
solaires de la région prouvent que la France peut être à
la pointe des énergies renouvelables. Pour peu qu'elle s'en donne
les moyens.
Le four solaire d'Odeillo: 2900 m2 de miroirs
pour une puissance de 1MW.
Le soleil apprivoisé
Avec leurs 2800 heures d'ensoleillement annuel et la
pureté de leur atmosphère, les hautes terres des Pyrénées
catalanes étaient destinées à devenir un haut lieu
de la recherche sur l'énergie solaire. L’histoire prend racine à
Mont-louis, où le chimiste Félix Trombe crée, en 1949,
le premier four solaire mondial à double réflexion. Le principe
est simple: un pauneau équipé de miroirs suivant la course
du soleil (ou héliostat) réfléchit les rayons sur
un miroir parabolique qui les concentre sur un point foyer où la
température peut atteindre plus de 3000 oC (1a lave en
fusion ne dépasse pas 1000 oC).
Ces essais prometteurs incitent à voir plus
grand. Le four solaire d'Odeillo, au pied de Font-Romeu, voit le jour en
1969. Colossal: une parabole haute de 40 m et large de 54 m (1800 m2
de surface), un champ de 63 héliostats (2900 m2 de miroirs),
une puissance de 1MW (vingt fois plus qu'à Mont-Louis). Cette source
de chaleur immédiate, souple et économique, offre trois grands
axes d'études pilotées par le CNRS: les matériaux
liés à l'exploration de l'espace; ceux liés à
l'énergie solaire (dans le secteur photovoltaïque, par exemple);
ceux permettant de limiter l'impact environnemental des gaz à effet
de serre.
En 1980, la construction de la centrale solaire
Thémis est lancée sur le site de Targasonne, non loin d'Odeillo.
Cette centrale, dont la tour de 80 mètres domine le plateau de Cerdagne,
permet pour la première fois au monde, à taille réelle,
la production d'électricité par un cycle thermodynamique
conventionnel dont la source de chaleur est le flux solaire, concentré
grâce à un champ de 200 héliostats (10.000 m2
de miroirs). Mais en 1986, après trois ans d'exploitation, le projet
est abandonné sur décision d'EDF, faute de rentabilité.
D'aucuns y verront un choix politique: le développement durable
n'est pas dans l'air du temps! Le site est alors reconverti en centre de
recherche en astrophysique et accueille les touristes... Même sort
pour le four de Mont-louis, délaissé par le CNRS.
Pourtant, «avec les questionnements sur
le
réchauffement climatique, la France s'intéresse à
nouveau à ce potentiel considérable que représente
le four solaire», s'enthousiasme Gilles Flamant, directeur du
laboratoire du CNRS d'Odeillo. «Nous avions à l'époque
tous les atouts en main pour être à la pointe de l'énergie
solaire, nous sommes aujourd'hui devancés... Mais il n'est pas trop
tard. Odeillo a créé un Laboratoire européen de recherche
sur les systèmes solaires à concentration et fait partie
d'un programme international sous tutelle allemande visant à comparer
sur différents sites européens des paraboles solaires de
production d'électricité. EDF porte un nouveau regard sur
cette énergie dans une optique de développement de l'électricité
décentralisée»
Un projet de réhabilitation de Thémis
pourrait prochainement voir le jour, en partenariat notamment avec EDF
pour tester des systèmes décentralisés et faire de
la recherche-développement. «Plusieurs options se profilent,
souligne
Jean-Claude Gibrac, adjoint du délégué régional
EDF Languedoc-Roussillon. La plus simple consisterait à fixer
des cellules photovoltaïques sur une partie des héliostats
pour faire de Thémis une centrale photovoltaïque, d'une puissance
de 500 kW dans un premier temps, avec panneaux orientables. Ce serait une
première. il est aussi envisagé de rendre à nouveau
opérationnelle la centrale d'origine, avec de nouvelles techniques.
Dans tous les cas Thémis devrait redevenir un centre d’expérimentation
en matière d'énergie solaire.» L’occasion sans
doute de relancer les énergies renouvelables dans notre pays.
Le coin du visiteur
Le site d'Odeillo vaut par la taille monumentale
de la parabole (visible de très loin) et son champ d'héliostats,
mais aussi par son exposition moderne sur l'énergie solaire, avec
maquettes d'expérimentation et autres outils pédagogiques.
Le site de Mont-Louis est plus captivant encore, car à taille humaine.
L'installation vingt fois plus petite, au sein même de la cité
fortifiée, permet véritablement de toucher du doigt le fonctionnement
et les applications d'un tel dispositif.
Rens.: 04 68 30 77 86 (Odeillo); 04 68 04 14 89 (Mont-Louis).
CCASINFOS, octobre 2004