Par Pierre DAUM lundi 19 juin 2006 Montpellier de notre correspondant
C'est une résurrection
Abandonnée après trois ans de fonctionnement, la centrale solaire Thémis de Targassonne (Pyrénées-Orientales) est restée dans un état semi-comateux pendant vingt ans(1). Seul un technicien venait parfois donner un petit coup d'huile et de chiffon aux 201 héliostats, ces immenses miroirs suivant la course du soleil dans le ciel, disposés à flanc de montagne autour d'une longue tour de béton, au sommet de laquelle l'énergie solaire était renvoyée et concentrée. Celle-ci chauffait des sels qui transportaient la chaleur dans une turbine à eau placée au pied de la tour. Considérant que l'électricité ainsi produite coûtait trop cher, EDF avait arrêté ce programme pourtant très novateur en 1986. Aujourd'hui, alors que de grandes interrogations pèsent sur l'avenir des énergies fossiles, deux projets viennent d'être lancés qui vont redonner vie à un site dont certains envisageaient la destruction totale, il y a quelques années. Démarche audacieuse
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Ce projet, intitulé Pégase, est expérimental mais,
pour Alain Ferrière, «des applications industrielles pourraient
voir le jour dès 2013 dans des régions très ensoleillées
comme le Maghreb
ou le Moyen-Orient, et peut-être en France vers 2020».
Les chercheurs du CNRS auraient bien voulu disposer de l'ensemble du site de Thémis. Sous la pression des collectivités locales, ils ont dû accepter de le partager avec Tecsol, un important bureau d'études spécialisé dans les énergies solaires, créé à Perpignan en 1982. Son projet, Thémis-PV, consiste à utiliser 80 des héliostats restants, à en retirer les miroirs et à y installer des panneaux photovoltaïques. «La production d'électricité sera optimale puisque nous utilisons le mécanisme des héliostats, qui fait que chaque panneau est capable de suivre le mouvement quotidien du soleil», explique Jean-Yves Quinette, responsable du projet chez Tecsol. L'installation devrait bénéficier d'un rendement 30% supérieur à des panneaux photovoltaïques fixes et atteindre une puissance de 500 kW. Pour Tecsol, le projet semble d'autant plus alléchant que 40% des investissements devraient être couverts par des fonds publics (Etat, région, département) et que l'électricité produite pourra bénéficier du nouveau tarif de rachat par EDF, fixé à partir du 1er janvier 2007 à 30 centimes € le kWh, contre 13,8 centimes aujourd'hui. Politique régionale Pour Yves Pietrasanta, élu vert au conseil régional du Languedoc-Roussillon, «Thémis a pour vocation de devenir la vitrine de la politique régionale en faveur des énergies renouvelables». Sur le budget 2006, la région va donner 700.000 € au CNRS et 1,2 million € à Tecsol. «Et s'il leur manque de l'argent pour boucler leurs projets, on sera toujours là pour les aider», promet l'élu écologiste. Au total, le budget nécessaire à Pégase s'élève à 5,1 millions €. Celui de Thémis-PV, à 5,8 millions €. |