TECHNIQUE du SOLAIRE THERMIQUE
Documentation technique
SOLAIRE à haute température
Le regain des centrales solaires dans le monde
Thémis, le solaire se relève au sud

FRANCE (juin 2006)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=391303#
    Trop coûteux et abandonné par EDF en 1986, le site de Targassonne est relancé et devient le siège de deux projets de recherches et d'expérimentations.

Par Pierre DAUM   lundi 19 juin 2006   Montpellier de notre correspondant

    C'est une résurrection
    Abandonnée après trois ans de fonctionnement, la centrale solaire Thémis de Targassonne (Pyrénées-Orientales) est restée dans un état semi-comateux pendant vingt ans(1). Seul un technicien venait parfois donner un petit coup d'huile et de chiffon aux 201 héliostats, ces immenses miroirs suivant la course du soleil dans le ciel, disposés à flanc de montagne autour d'une longue tour de béton, au sommet de laquelle l'énergie solaire était renvoyée et concentrée. Celle-ci chauffait des sels qui transportaient la chaleur dans une turbine à eau placée au pied de la tour. Considérant que l'électricité ainsi produite coûtait trop cher, EDF avait arrêté ce programme pourtant très novateur en 1986. Aujourd'hui, alors que de grandes interrogations pèsent sur l'avenir des énergies fossiles, deux projets viennent d'être lancés qui vont redonner vie à un site dont certains envisageaient la destruction totale, il y a quelques années.

    Démarche audacieuse
    Créée par le laboratoire Promes du CNRS, qui poursuit déjà, à quelques kilomètres de là (à Odeillo), des recherches utilisant la chaleur du soleil, une nouvelle expérience de production d'électricité à base d'énergie solaire va utiliser les 100 héliostats de la partie basse du site, regroupés au pied de la tour. Avec deux grandes nouveautés: le cycle thermodynamique sera installé au sommet de la tour (et non plus à son pied), sous forme d'une turbine à gaz (et non plus à eau) réduite. Sa puissance thermique devrait atteindre 4,5 mégawatts (avec un gaz chauffé à 1.000°C), pour une puissance électrique de 1,6 mégawatt, l'équivalent d'une éolienne moderne. «Notre démarche se veut audacieuse, souligne Alain Ferrière, chargé de recherches à Promes, puisque nous abordons un domaine encore mal exploré. Avant nous, seuls les chercheurs d'Almería, en Espagne, ont déjà fait tourner une turbine à gaz, mais pendant quelques dizaines d'heures seulement et dans une installation cinq fois plus petite que la nôtre

Ce projet, intitulé Pégase, est expérimental mais, pour Alain Ferrière, «des applications industrielles pourraient voir le jour dès 2013 dans des régions très ensoleillées comme le Maghreb ou le Moyen-Orient, et peut-être en France vers 2020».
    Les chercheurs du CNRS auraient bien voulu disposer de l'ensemble du site de Thémis. Sous la pression des collectivités locales, ils ont dû accepter de le partager avec Tecsol, un important bureau d'études spécialisé dans les énergies solaires, créé à Perpignan en 1982. Son projet, Thémis-PV, consiste à utiliser 80 des héliostats restants, à en retirer les miroirs et à y installer des panneaux photovoltaïques. «La production d'électricité sera optimale puisque nous utilisons le mécanisme des héliostats, qui fait que chaque panneau est capable de suivre le mouvement quotidien du soleil», explique Jean-Yves Quinette, responsable du projet chez Tecsol. L'installation devrait bénéficier d'un rendement 30% supérieur à des panneaux photovoltaïques fixes et atteindre une puissance de 500 kW. Pour Tecsol, le projet semble d'autant plus alléchant que 40% des investissements devraient être couverts par des fonds publics (Etat, région, département) et que l'électricité produite pourra bénéficier du nouveau tarif de rachat par EDF, fixé à partir du 1er janvier 2007 à 30 centimes € le kWh, contre 13,8 centimes aujourd'hui.
    Politique régionale
    Pour Yves Pietrasanta, élu vert au conseil régional du Languedoc-Roussillon, «Thémis a pour vocation de devenir la vitrine de la politique régionale en faveur des énergies renouvelables». Sur le budget 2006, la région va donner 700.000 € au CNRS et 1,2 million € à Tecsol. «Et s'il leur manque de l'argent pour boucler leurs projets, on sera toujours là pour les aider», promet l'élu écologiste. Au total, le budget nécessaire à Pégase s'élève à 5,1 millions €. Celui de Thémis-PV, à 5,8 millions €.
(1) A l'exception d'une utilisation partielle pour l'astrophysique des rayons gamma en 1986, puis à partir de 1997.