Vous êtes commissaire
générale de l'expo «Habiter écologique»,
à Paris*. Quelle définition donneriez-vous de l'architecture
écologique?
Il n'existe pas de recette toute faite, mais c'est une démarche qui prend en compte les quatre piliers du développement durable : le territoire, les matériaux, la consommation d'énergie et l'usage de l'habitat. S'intéresser au territoire, c'est analyser la topographie, la géographie, l'orientation, et le climat. C'est aussi rechercher les sources d'énergie exploitables à proximité, ainsi que la présence de carrières qui permettraient d'économiser le transport des matériaux. Pour la construction du bâtiment, on utilisera évidemment des matériaux recyclables : le bois, la terre, l'aluminium... Même si des armatures en béton ou en métal peuvent aussi s'avérer nécessaires. L'architecture écologique, c'est une question d'équilibre. Il ne s'agit donc pas simplement d'installer des panneaux solaires
ou une toiture végétalisée?
Les architectures allemande, autrichienne, ou nordique, seraient
plus écolos que celle à la française. La France est-elle
en retard?
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Pourquoi ce retard de la France?
Le choix du nucléaire dans les années 1970 nous a fait perdre du temps, car face à une électricité bon marché, nous avons laissé de côté la recherche d'économies d'énergie. Nos «élites» sont aussi responsables : elles ne vont plus sur le terrain, et elles ont perdu le bon sens face aux enjeux d'aménagement urbain. Elles ne jurent que par les intellectuels, alors qu'il faut avoir une approche holistique - c'est-à-dire complète et pluridisciplinaire - de l'habitat, en profitant de l'expertise du constructeur de matériau, de l'artisan... J'ai plus de respect pour un bon charpentier que pour un mauvais architecte. Enfin, le lobby du béton en France est bien plus fort que celui du bois, par exemple... A l'heure de la création du Grand Paris, on reparle beaucoup
de la construction de tours. Sont-elles écologiques?
La forme de l'habitat doit-elle aussi évoluer?
Recueilli par Mickaël Bosredon
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