Les façades interminables en
verre du bâtiment au 1 Bryant Park à Manhattan, abritant la
Bank of America, peuvent paraître anodines aux New Yorkais habitués
à ces grands buildings de verre. Et pourtant ce n’est pas l’architecture
de ce gratte-ciel qu’il faut retenir. Ce qui lui vaut sa renommée,
c’est sa structure à double mur qui dissipe intelligemment la chaleur
du soleil, le chauffage qui passe dans les sols plutôt que dans des
conduits plafonniers, les moniteurs qui régulent le niveau de dioxyde
de carbone pour garantir la qualité de l’air, son système
de collecte et de traitement des eaux de pluie et eaux usagées qui
permet une économie de plus de 2,7 millions de litres d’eau par
an.
Pour son ouverture en 2008, il est prévu que ce bijou, d’une valeur de 1 milliard de dollars - réalisé par le cabinet d’architectes Cook + Fox et le maître d’œuvre Durst Organization - atteigne les sommets des classements environnementaux établis par l’industrie du bâtiment. Cette tour fait partie, avec 14 autres projets, d’une exposition sur l’architecture verte, consciente de l’environnement, exposée au Musée du gratte-ciel de New York. Intitulée «Des tours vertes à New York: de la vision à la réalité.» Elle regroupe des bâtiments déjà en construction ou de futurs projets avec entre autres la Hearst Tower de Lord Norman Foster ou la Freedom Tower de David Child, la tour qui s’élèvera en lieu et place du défunt World Trade Center. Les projets se veulent emblématiques de la nouvelle prise de conscience des architectes, des entrepreneurs et autres professionnels du bâtiment, réalisant que quasiment toutes les grandes constructions urbaines polluent et consomment de l’énergie qui est en fait à leur portée naturellement. La tendance actuelle est donc aux structures durables capables d’améliorer les profits et la productivité sur le long terme; c’est aussi un signe en terme de marketing, à mesure que la préoccupation écologique sur de tels bâtiments progresse. Le fondateur du Musée du gratte-ciel de New York, Carol Willis, déclarait dans le discours inaugural de l’exposition: «Nous sommes à une étape décisive de ces grands projets de tours vertes. Du développement à la construction, en passant par la vente, tout est désormais prêt pour que de tels projets soient adoptés par le marché.» Les temps changent, doucement
Une ingéniosité sans limite, et bénéfique
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Parmi les projets les plus importants présentés, on retrouve
les nouveaux locaux de Goldman Sachs, le centre de recherche sur le cancer
Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, et des bureaux additionnels pour
la direction du New York Times sur la 8e avenue. Ces buildings utilisent
des toits recouverts de pelouse pour l’isolation thermique, des tuyaux
moins riches en plomb, des moquettes fabriquées à partir
d’éléments non-chimiquement traités. La palme du design
revenant probablement aux nouveaux locaux du New York Times: un jardin
intérieur à ciel ouvert apporte de la lumière naturelle,
laquelle lumière solaire est capturée dans des cylindres
de céramique et redistribuée dans le bâtiment pour
éclairer naturellement le hall central.
Les innovations d’autres buildings sont tout aussi surprenantes. La structure «diagride» de la Hearst Tower contient 20% d’acier en moins par rapport à une structure classique, ce qui représente une économie de 2000 tonnes d’acier environ. Le verre qui recouvre ses parois extérieures est un composé spécial qui filtre la lumière du soleil, ne laissant rentrer que les rayons lumineux mais pas la chaleur, pour ne pas avoir recours à une climatisation en été. En hiver, il agit comme une coque protectrice et isole le building de l’extérieur. Ses murs intérieurs sont peints avec des peintures à émission toxique faible, et les fournitures de bureau sont dépourvues de formaldéhyde (un composé chimique présent dans les mousses isolantes, colles ou vernis et qui entraîne des allergies). Mais l’ingéniosité des concepteurs ne s’arrête pas là. Des détecteurs de mouvements placés à chaque étage détecteront si une pièce est vide et, le cas échéant, la lumière et les moniteurs d’ordinateurs s’éteindront automatiquement. Le gain d’énergie est considérable: -25% de consommation électrique. La même économie est réalisée sur la consommation d’eau grâce au toit qui collecte et stocke les eaux de pluie dans deux réservoirs pour irriguer les végétaux du building et réguler le taux d’humidité de l’air. Et pour joindre l’utile à l’agréable, l’eau de pluie sera également utilisée pour alimenter le mur d’eau qui coule dans l’atrium du bâtiment...qui sert également de source de fraîcheur en été. La Tour Hearst est en compétition avec d’autres projets pour être le premier building de bureaux à recevoir le label LEED dans la ville de New York. Un seul building est en effet aujourd’hui certifié (il a obtenu le certificat gold) LEED dans la ville, le Building solaire à Battery Park; neuf autres le sont dans le reste de l’Etat. Le petit virage de New York
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