Le CSTB et Archinov ont lancé
un cycle "Architecture et effet de serre" dans le cadre des séances
"Carte blanche à…". Le premier invité de ce cycle était
Denis Valode, Agence Valode & Pistre, le 3 avril dernier, sur le thème
"Vers une architecture verticale?". C'est dans ce cadre que l'architecte
a présenté le projet de la Tour Generali de La Défense.
L'intérêt des auditeurs était d'autant plus grand que
cette tour marque un retour des constructions en hauteur, voire en grande
hauteur, à Paris et à La Défense. La Tour Generali
culminera à 300 mètres de haut.
Densifier pour préserver
Pour Denis Valode, l'architecture verticale
une solution écologique pour préserver l'espace naturel en
densifiant les zones urbaines. Il est clair qu'on ne préservera
pas les espaces naturels avec du pavillonnaire. Bien plus: en éparpillant
la ville, le recours à la voiture s'impose, conduisant à
un "gaspillage" des territoires et une fragilisation de la biodiversité.
C'est ce principe qui prévaut dans un nouveau quartier d'Ekaterinbourg
en Russie (autre projet Valode & Pistre): les tours et la densité
ont permis de préserver les espaces forestiers qui entourent la
ville et de faire pénétrer la forêt dans la ville.
Les habitants bénéficient ainsi de grands espaces verts et
de proximité limitant les transports.
Pour autant, la conception de ces tours et
leur intégration dans le paysage urbain doit changer. A New-York,
les tours sont dans la ville. De différentes hauteurs, elles offrent
un horizon qui a du sens, une expression spatiale pleine d'énergie.
Aux pieds de ces tours, il y a une vraie ville avec des piétons,
des marchés, des façades continues avec leurs boutiques.
En France, et notamment à Paris, les constructions en hauteur sont
généralement liées à un urbanisme de dalles
et plafonnées en hauteur. Résultat? Une uniformité
qui limite le dynamisme et la créativité. En Chine, par exemple,
les nouvelles constructions doivent offrir au moins deux heures de soleil
par jour à chaque habitant y compris en hiver. Ce que les tours
rendent possible même avec une urbanisation très dense.
Une aile de libellule
Reste que la tour est, en règle générale,
particulièrement énergivore, tant par sa construction en
hauteur - qui impose des déplacements verticaux - que par sa structure
qui doit faire face aux effets du vent. Côté structure, la
Tour Generali a été conçue pour optimiser l'utilisation
de la matière. Elle comporte une résille porteuse avec des
cellules triangulaires en béton qui permettent de mieux répartir
les efforts entre les façades et le noyau. C'est de l'analyse des
efforts de la façade qu'est venue l'idée d'une variation
de la taille et de la densité des cellules qui la constituent, à
l'instar d'une aile de libellule. |
Sur cette base, la tour s'élève
d'un seul tenant sur 50 étages. Les façades sont constituées
de panneaux vitrés rectangulaires transparents ou opaques, permettant
un meilleur contrôle des apports thermiques. Ces panneaux sont moins
onéreux que des panneaux triangulaires et plus faciles à
nettoyer. Pour faciliter les déplacements et réduire la consommation
d'énergie, les transports verticaux ont été optimisés.
Autre innovation: les fenêtres s'ouvrent.
Une première à La Défense! Pour éviter l'effet
aquarium et profiter de la sur-ventilation naturelle nocturne - et ainsi
stocker des frigories restituables dans la journée -, la Tour bénéficie
d'un système de gestion automatique d'ouverture des fenêtres.
Pour le confort et le plaisir, ces mêmes fenêtres peuvent être
ouvertes par les occupants dans la journée. Le confort est également
apporté par la hauteur particulière des pièces: pas
de faux plafonds, un cloisonnement flexible et des équipements modulables
qui permettent de créer de la diversité. Caractéristique
fondamentale, le noyau des circulations et servitudes est ici décentré
afin d'offrir des dimensions variées de plateaux avec des jardins
intérieurs et extérieurs. Des plantes de montagne à
croissance lente seront implantées dans les jardins sur toute la
hauteur de la façade.
S'inscrire dans un nouveau paysage urbain
A son pied, la Tour s'ancre dans l'environnement
urbain avec une place, un hall, des escalators, un auditorium, des brasseries
et des restaurants. Pour répondre au nouveau développement
du quartier Défense, une partie du bâtiment épousera
le boulevard circulaire qui deviendra par la suite un véritable
boulevard urbain avec des feux rouges et des passages. Cette excroissance
de faible hauteur au pied de la Tour permettra de loger les locaux et équipements
urbains. A la tête de la Tour, on trouvera des espaces de réception
avec des jardins et un restaurant.
Les aspects énergétiques ont
bien sûr fait l'objet d'une profonde réflexion. Avec 18 éoliennes
implantées dans la flèche, 800 m2 de panneaux
solaires récupérateurs de chaleur et 400 m2
de panneaux photovoltaïques pour une co-alimentation de la
ventilation hybride, la Tour produira elle-même 5% de l'énergie
qu'elle consommera. L'ensemble de ces innovations devrait permettre une
consommation totale d'énergie inférieure de 60% à
une tour classique. L'économie de CO2 dispersée
dans l'atmosphère devrait être environ de 3.600 tonnes par
rapport à une tour conventionnelle. Ce n'est même qu'un début,
car bien d'autres sources d'énergie pourraient être aussi
valorisées.
L'objectif à terme, serait d'arriver
à ce qu'une tour puisse subvenir à la totalité de
ses besoins en énergie. D'autres tours devront être construites
avant d'atteindre cette performance … durablement.
source: http://webzine.cstb.fr |