TOUT CE QUE VOUS VOULIEZ SAVOIR SUR
L'efficacité énergétique, la maîtrise de l'énergie et les économies
"TOURS ECOLOGIQUES"
Quand les grands projets architecturaux tentent d'intégrer le souci de l'environnement
Gratte-ciel verts, une utopie concrète?
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/BOVET/16209
ADIT, août 2008

     Longtemps symboles d'une architecture mégalomaniaque qui semblait presque s'enorgueillir de sa gourmandise en ressources naturelles, les tours font leur mue. Désormais, elles ne sortent plus de terre sous la houlette d'un créateur au nom prestigieux, mais grâce à des équipes qui mettent en commun leurs savoirs pour minimiser la consommation d'énergie.

     Après une période de doute quant à leur nécessité, la construction de bâtiments de grande hauteur est à nouveau d'actualité. De la Défense (Paris) à Moscou en passant par Dubaï et la Chine, les projets se multiplient. En France, compte tenu des expériences passées, ce retour en vogue ne fait pas l'unanimité. Pourtant, à l'étranger, des projets présentés par des architectes assistés d'équipes pluridisciplinaires auxquelles s'intègrent des énergéticiens donnent l'occasion de réfléchir à des bâtiments très économes, voire autonomes, en énergie — au sens où, en moyenne annuelle, ils produisent autant d'énergie qu'ils en consomment. Ils en vendent et en prennent au réseau. Loin de tout dogmatisme, de telles tours de bureaux ou d'habitation, implantées dans un contexte urbain dense qui donne réellement la priorité aux transports en commun, peuvent présenter de réels avantages.

     Le quartier de la Défense, à l'ouest de Paris, compte une centaine d'immeubles de bureaux, dont vingt-huit de plus de vingt étages, symboles de la réussite des entreprises. De nouvelles tours doivent prochainement être érigées. L'une sera un «modèle de tour écologique», une autre «portera une attention particulière au développement durable, notamment en matière d'économie d'énergie», sans oublier celle qui se veut une «machine vivante écologique».
     Quelle que soit la valeur de ces slogans, ils masquent une autre réalité: entre quinze et vingt tours seront détruites dans ce quartier d'ici à 2020. On feint d'oublier que démolir intégralement un bâtiment n'est pas a priori synonyme de réflexion écologique poussée, et que l'on passe ainsi au pilon ce qui était vu, après-guerre, comme de l'architecture pérenne. En fait, les constructions de grande hauteur suivent les cycles économiques. En cas de conjoncture favorable, on érige. Lorsque le vent tourne, les bureaux se vident. Et ce d'autant plus vite que l'entretien de ces surfaces est coûteux.
     La plupart des gratte-ciel sont des gouffres énergétiques. Ils impliquent des ascenseurs, des pompes pour monter l'eau dans les étages, ...
(à suivre sur le site web...)
Philippe Bovet