Notre problème, c'est de concilier
les exigences de confort de nos concitoyens avec l'impératif absolu
: économiser l'énergie fossile et passer le plus vite possible
aux énergies renouvelables. Au centre de cette équation :
l'architecte. Ce fut le thème d'un colloque organisé par
le Ceraa (voir ci-dessous).
Inutile de revenir une fois de plus sur la transformation profonde du secteur de l'électricité dans notre pays et dans le monde, ni sur la fin inéluctable des énergies fossiles et le danger du nucléaire. Tout ou presque a déjà été écrit à ce sujet. Par contre, Didier Goetghebuer, ingénieur agronome et secrétaire général de l'Institut de conseil et d'études en développement durable(1), nous conseille un petit exercice : quelle est la consommation énergétique de votre ménage ? Pouvez-vous la détailler facilement et surtout, voyez-vous comment économiser l'énergie ? Il est en effet étonnant que peu de gens savent ce qu'il en est en ce qui les concerne particulièrement. Et peu de gens qui ont des moyens financiers suffisants changent leurs habitudes et chauffent moins chez eux, quitte à enfiler un pull en plus. D'autre part, les exigences de confort induisent de surprenantes consommations d'énergie. Ainsi, il apparaît que les pics de consommation se situent en été ! Quand les climatiseurs fonctionnent à plein rendement afin de refroidir les bâtiments. Et enfin, à quoi cela sert-il vraiment de lutter contre le réchauffement climatique si, en construisant des bâtiments plus « durables », on oblige les travailleurs et les habitants à y aller en voitures individuelles ! Quelques remarques qui nous obligent à percevoir le thème des économies d'énergie de manière globale : lié à l'architecture, à l'urbanisme, à la politique de mobilité, à l'économie et à la politique sociale. Et c'est un minimum. Un constat sur lequel embraye Grégoire Wallenborn, physicien et philosophe, chercheur au Centre d'étude du développement durable qui fait partie de l'Igeat-ULB(2). |
Créer une nouvelle culture
Selon lui, rien ne se fera sans l'implication de tous dans une politique alternative de développement. Il s'agit donc de créer une nouvelle culture où la consommation ne serait pas reine. Car « le consommateur est le condensateur des ressources naturelles transformées et transportées de par le monde ». Ainsi, un ménage qui fait des économies d'énergie aura tendance à investir ce qu'il a gagné dans une voiture ou un voyage... gaspilleur d'énergie. De plus, le nombre de ménage augmente car leur taille diminue, ce qui nécessite plus de logements et donc de consommation d'énergie. Mais consommer fait marcher l'économie et assure le statut social des individus. Voilà où devrait se situer la révolution culturelle du XXIe siècle : s'inscrire dans un mouvement de décroissance, modérer sa consommation, distinguer le confort du bien-être ; faire du vélo ou marcher fait partie du bien-être. Informer est plus que jamais indispensable : économiser l'énergie en douceur, cela s'apprend, à commencer par baisser le thermostat ! Comprendre que la pollution de l'environnement commence chez soi est un grand pas psychologique. Et les architectes ont un rôle particulier, non seulement en construisant et en rénovant « durable », mais aussi en aidant les gens à demander les primes à l'isolation, par exemple.
(1) www.icedd.be 2) www.ulb.ac.be/igeat.cedd |