TECHNIQUE du SOLAIRE THERMIQUE
Belgique: La maison passive, un bon placement


http://www.lalibre.be/article.phtml?id=904&subid=1088&art_id=324339
 
    Apparu en Allemagne en 1992, le concept des "maisons passives" essaime peu à peu chez ses voisins européens. En Wallonie aussi, ce principe semble susciter l'intérêt de plus en plus de candidats bâtisseurs, même s'il reste encore marginal. Associé au bureau FHW qui est spécialisé dans les constructions à basse consommation d'énergie, l'architecte Olivier Henz confie ainsi observer un changement dans le profil des clients se tournant vers les services de FHW : "Auparavant, les gens qui venaient nous voir étaient plutôt animés par des préoccupations écologiques. Aujourd'hui, ce sont des personnes attirées par des raisons avant tout financières qui s'adressent à nous."
     Avec une cinquantaine de partenaires (bureaux d'études, entrepreneurs, particuliers...), Olivier Henz a choisi d'aller plus avant dans la promotion de ce type d'habitation en lançant en août dernier - à l'instar d'une initiative existant au nord du pays - la "Plate-forme maison passive" appelée à être le point de référence pour les personnes à la recherche d'informations sur le sujet.
     Par "maison passive", explique-t-il, il ne faut pas forcément entendre une grande construction en bois orientée plein sud avec d'immenses baies vitrées, même si ces critères peuvent évidemment aussi entrer en ligne de compte. "Notre approche est basée sur la performance énergétique du bâtiment et pas sur les types de matériaux ou l'aspect esthétique. On peut tout à fait bâtir ce genre de maison avec des matériaux écologiques, mais également en recourant aux matériaux et aux principes de construction traditionnels. Il ne s'agit pas de faire appel à une approche technique particulière, mais bien de pousser la logique le plus loin possible pour, au final, optimaliser la consommation énergétique du bâtiment."
Un standard de construction
     Et si certains projets se heurtent parfois aux réticences des responsables de l'urbanisme, c'est peut-être parce que, sous couvert de "maison passive", leurs promoteurs tentent également de faire passer certaines coquetteries relevant purement de l'esthétisme, estime encore notre interlocuteur.
     Le label "maison passive" répond néanmoins à un standard de construction précis. Premièrement, les besoins en énergie pour le chauffage de l'habitation ne peuvent excéder 15 kWh/m² par an, ce qui, pour être plus parlant, correspond à une consommation annuelle d'un litre et demi de mazout par m². Deuxième règle incontournable : l'étanchéité à l'air, afin d'éviter la diffusion non contrôlée d'air chaud vers l'extérieur. Enfin, le bilan total des besoins en énergie du bâtiment (incluant le chauffage, l'eau chaude sanitaire, l'électroménager...) ne doit pas dépasser 42 kWh/m² par an.
     Lors de la phase de conception, les architectes peuvent ainsi s'appuyer sur un logiciel de calcul permettant de prendre en compte l'ensemble de ces paramètres qui, outre les nouvelles constructions, peuvent aussi s'appliquer aux projets de rénovation. Un calcul qui, par ailleurs, se fait aussi en fonction des conditions climatiques de la région dans laquelle on se trouve.
     Pratiquement, la réalisation de ces objectifs passe par quelques éléments incontournables : une "surisolation" qui induit le recours à des épaisseurs d'isolant allant jusqu'à 30 cm; l'utilisation de triple vitrage; la mise en place d'un système de ventilation et de récupération de chaleur à haut rendement; ou encore, dans la mesure du possible, une exposition au sud. L'utilisation de systèmes exploitant l'énergie solaire ou géothermique est aussi recommandée, tout comme celle d'équipements électroménagers à basse consommation.
     De cette manière, on peut arriver à ce qu'une installation de chauffage conventionnelle ne soit pratiquement plus nécessaire. "Mais le critère du confort demeure primordial, insiste Olivier Henz. Sans lui, n'importe quel bâtiment passif perd son sens".
     Tous ces éléments, inévitablement, entraînent un surcoût qui peut fluctuer entre 10 pc et 20 pc par rapport à une construction traditionnelle. Mais, au vu des perspectives peu rassurantes qui pèsent sur le futur du secteur énergétique, cet investissement revient à "minimiser les pertes avant de maximiser les gains", plaident ses promoteurs. A terme, les efforts financiers consentis devraient être largement remboursés par la réduction des coûts d'exploitation - les charges - qui résulte de cette conception "passive".