TECHNIQUE du SOLAIRE THERMIQUE
Architecture
La toiture végétalisée au CANADA

2007
Une chronique de... Hubert Reeves dans Le Journal de Montréal
La prairie sur le toit
29/05
    Le développement des villes s'effectue forcément au détriment des terres et de leur cortège végétal. L'urbanisation ensevelit les sols sous le béton et le bitume et la nature est éliminée.
    Quel dommage de perdre ce contact si bénéfique avec les plantes et la faune qu'elles attirent. C'est même un préjudice causé aux citadins. «Renaturer les cités» en créant des parcs et des jardins, en plantant des arbres dans les rues, en couvrant de végétaux tous les toits plats et les terrasses des bâtiments à construire ou existants, en végétalisant des murs... ce serait en tous points bénéfique.
    À Chicago, l'exemple est donné sur le toit du bâtiment public qui abrite l'administration municipale. Ce n'est pas rien!
    «La décision de la Ville de Montréal de créer un «toit vert» sur la maison de la culture et la bibliothèque de Côte-des-Neiges ne pourrait-elle être la première d'une longue série, un exemple remarquable pour que la nature entre encore davantage dans la Ville, à des fins esthétiques et écologiques mêlées?»
    C'est la question posée dont l'avenir fournira la réponse.
Nombreux avantages
    Les rôles positifs des toits verts sont nombreux: assainissement de l'air, isolation acoustique du bâtiment, économie d'énergie, beauté de la ville.
    Et bien sûr qui dit «économie d'énergie» comprend «réduction des émissions de gaz à effet de serre». Qui dit «isolation phonique» induit «meilleure santé humaine». Et qui dit «prairie sur le toit» entend «reconquête de la biodiversité».
    Une dimension esthétique s'ajoute à ces qualités si précieuses.
Précautions à prendre
    L'initiative la plus timide est de poser des bacs à fleurs sur le toit comme on le fait sur un balcon ou une terrasse. Mais il y a maintenant une audace plus grande: transformer le toit en prairie.
    Bien sûr, faire pousser des fleurs, voire des arbustes ou même des arbres sur un toit nécessite des précautions. Il faut que la structure supporte le poids de la terre et de la neige de l'hiver! Il faut d'abord poser un revêtement étanche, imperméable et intolérant à l'implantation des racines. Il faut aussi prévoir le drainage.
    Le Centre montréalais d'écologie urbaine qui a pour mission de renseigner, de fournir une expertise et de favoriser des actions en adéquation avec le développement durable, a publié deux rapports sur les toits verts en 2005 et 2006. C'est une chance que de pouvoir recourir à eux. Il ne faut pas s'en priver... Et ce qu'on retient est que la construction d'un toit vert n'est pas très difficile. Les habitants de Montréal ont à leur disposition un organisme de conseil et des professionnels compétents : deux atouts pour réussir cette métamorphose des toits.
Murs végétaux
    À défaut de posséder un toit plat ou faiblement incliné, il y a aussi l'option des murs végétaux. Avant que l'on parle de ces jardins verticaux, déjà le lierre ou la vigne vierge grimpaient à l'assaut des murs. Dorénavant, les aménagements végétaux des murs amorcent ou renforcent ces corridors biologiques favorables aux insectes et même aux oiseaux que toute ville doit favoriser. On leur prête aussi d'assurer une régulation thermique du bâtiment.
    Les murs antibruit gagneraient souvent à être masqués par un écran végétal: de futurs chefs-d'oeuvre? Souvent, les murets de séparation des propriétés pourraient être tapissés de végétaux.
 

    Remarque: certaines haies sont aussi infranchissables qu'un mur et souvent bien plus belles.


2006
Source: Gouvernement du Canada
    La technologie des "toits verts" est considérée comme une mesure admissible aux programmes fédéraux existants de financement des bâtiments éconergétiques.
    «La technologie des toits verts a fait ses preuves pour ce qui est de rendre les bâtiments plus éconergétiques. En outre, elle contribue à assainir l'environnement et à embellir les collectivités, a déclaré l'honorable John Godfrey, secrétaire parlementaire du Premier ministre particulièrement chargé des villes, au nom de l'honorable R. John Efford, ministre des Ressources naturelles du Canada (RNCan). Nous espérons que notre financement incitera les propriétaires d'immeubles à investir dans cette mesure et à fournir leur part pour relever le Défi d'une tonne en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.» Cette annonce a été faite à l'occasion de la Conference of the Reducers.
    Ces programmes de financement, offerts par l'entremise de l'Office de l'efficacité énergétique de RNCan, comprennent l'Initiative des Innovateurs énergétiques (IIE), le Programme d'encouragement pour les bâtiments commerciaux (PEBC) et le Programme d'encouragement pour les bâtiments industriels (PEBI). Ils s'appliquent à la conception de bâtiments neufs, à la planification de la rénovation et à la rénovation effective d'installations comme les hôtels, les écoles et autres grands immeubles. Les primes d'encouragement sont basées sur les économies d'énergie réalisées.
    L'IIE assume jusqu'à 50% des coûts de planification de la rénovation et jusqu'à 25% des coûts des travaux, selon les économies d'énergie réalisées, dans les bâtiments commerciaux et institutionnels. 
Le PEBC et le PEBI subventionnent la conception d'immeubles neufs qui consomment au moins 25% moins d'énergie que les bâtiments de référence. Pour un financement optimal, les projets devraient comprendre des mesures multiples d'économie d'énergie.
    La technologie des toits verts désigne un revêtement d'étanchéité composé de membranes imperméables résistantes aux racines, d'un support de culture, de couches de drainage et de plantes qui reposent directement sur la toiture.
    Le revêtement permet des économies sur le chauffage et la climatisation, réduit les besoins d'entretien de la toiture et procure une isolation acoustique, en plus d'être esthétique. Il est particulièrement avantageux l'été et offre un rapport coût-efficacité optimal dans les bâtiments qui coûtent cher en climatisation.
    Les résultats d'une étude d'Environnement Canada montrent en effet que les toits verts peuvent aider les résidents de Toronto à économiser de l'énergie, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et de dioxyde de soufre, et à mieux respirer les jours de canicule. En été, la température à Toronto est normalement de 4 à 10°C plus élevée que dans les collectivités rurales avoisinantes – phénomène appelé « îlot thermique urbain ». Il faut donc plus d'énergie pour climatiser les immeubles, ce qui se traduit par une augmentation de la pollution de l'air, sous la forme de smog et de dioxyde de soufre, ainsi que de gaz à effet de serre. L'étude montre que l'aménagement de toits verts, même de faible superficie, soit environ 6% de toute la surface de toit disponible, peut faire baisser la température à Toronto de 1 à 2°C.
    Considérés comme un nouveau concept au Canada, les toits verts sont cependant largement utilisés en Europe depuis plus de 10 ans et au moins 10% des toitures-terrasses en Allemagne en sont équipées.

Source Le Soleil: IL ÉTAIT UNE FOIS L'HABITATION EN 2006
L'urgence de construire en vert et contre le nouveau climat
    L'année 2006 aura encore été fertile dans le domaine de l'immobilier, malgré un atterrissage en douceur. Pendant que la revente maintient le rythme, les mises en chantier se replient. Le taux d'inoccupation, lui, se redresse légèrement, alors que la réno reste énergique. Quelques nouveaux produits et matériaux font leur place. Les changements climatiques forcent à revoir la façon de bâtir. Les derniers mois ont aussi vu s'installer un intérêt certain pour la construction verte, le développement durable et le recyclage. Le Soleil vous propose de revenir sur quelques faits saillants de 2006 sur le monde de l'habitation. Et la semaine prochaine, regard sur 2007 et les années à venir.
    En octobre, le ministre québécois du Développement durable, Claude Béchard, pressait l'industrie de la construction de s'ajuster aux changements climatiques et annonçait, en ce sens, la réforme imminente du Code du bâtiment. Il s'agit sans doute de l'événement charnière qui aura principalement marqué l'immobilier au Québec en 2006.
    Cet automne, les assureurs canadiens mettaient même en place, à l'Île-du-Prince-Édouard, une maison modèle fortifiée pour tenir tête aux nouvelles extravagances du climat. La situation est préoccupante. Il y aurait urgence d'agir. Car le climat, sans être alarmiste, pourrait nous en faire voir de toutes les couleurs.
    En aval de la déclaration du ministre, Mario Canuel, porte-parole de l'Agence de l'efficacité énergétique, déclarait: «Le climat n'est plus comme avant. Le verglas, les pluies torrentielles, les inondations, les vents violents, les hausses subtiles de la température l'hiver et les chaleurs insoutenables l'été remettent en cause notre façon de bâtir

Recyclage
    Par ailleurs, le mouvement vert se fait de plus en plus sentir au Québec. En 2006, les médias ont multiplié les exemples de projets architecturaux, résidentiels, qui intégraient l'approche écologique.
    Les écovillages, peu nombreux encore, tendent à se multiplier dans la province. Ce sont des petites communautés actives ou en devenir, inquiètes de l'avenir de la planète et de ses ressources, qui veulent faire leur part pour corriger le tir. Elles ne veulent prendre à la terre que ce qu'elles peuvent lui rendre.
    Elles sont donc prêtes à prendre le virage «vert». Qu'il suffise de penser au Mont Radar à Saint-Sylvestre, à l'Arche écologique de Château-Richer, à l'Écovillage de paix à Saint-Adolphe ou à l'Écovillage forestier de Saint-Simon en gestation.
    L'Écovillage du Mont Radar, qui compte jusqu'à présent 15 personnes, réemploie une partie des panneaux de contreplaqué de coffrage du métro de Laval. Le recyclage gagne du terrain.
    À Duberger, la coopérative d'habitation Le Croissant a dû changer toutes ses fenêtres. «Les anciennes, encore saines, ont été défaites avec soin et proposées à des gens, venus les ramasser», se félicite l'architecte David Leslie de Québec, qui fait spécialement profession de qualité de l'air.
    Le recyclage des matériaux et la construction éco-énergique ont été également exaltés lors des émissions télé Les Citadins du rebut global et Ma maison Rona.
    Il est aussi souvent question de toiture végétale (qui absorbe une bonne partie des eaux de pluie et prolonge l'existence du toit) dans ce type de projets. C'est par exemple le cas sur le stationnement de l'édifice La Falaise apprivoisée, rue Saint-Vallier, à Québec. Et autres.
    En revanche, Le Soleil note une réaffirmation sur le marché du détail de la peinture recyclée (Boomerang) aussi bien qu'une hausse marquée de la demande de bois écologique de chauffage. La conscience de l'environnement est plus nette et le recul désormais impossible, pense David Leslie.
    Côté énergie, le public paraît plus sensible à la géothermie, comme cela a été observé au dernier Salon Expo habitat de Québec. Il est plus sensible aussi aux capteurs solaires et aux petites éoliennes tels que mis en valeur par les étudiants en génie électrique de l'Université Laval à Expo Québec. Leurs stands ont été très courus, cet été.

suite:
    Puis, lors du dernier concours d'excellence (Nobilis) de l'APCHQ de Québec, jamais autant de maisons «finalistes» (20%) n'ont été certifiées Novoclimat (confort accru et économie d'énergie d'au moins 20%, par les soins d'entrepreneurs spécialement formés). Indicateur objectivement vérifiable, selon les observateurs, du virage éco-énergique de la construction résidentielle.

Bonne nouvelle
    Alors que, sur le marché de la revente, dans la région de Québec, on voit poindre l'acheteur nouveau qui magasine essentiellement sa maison dans Internet, les logements en copropriété, quant à eux, représentent 21% des transactions. Contre 9% en 1990. Et, depuis 2004, on en aura construit en moyenne 1000 par année.
    Il s'agit d'une bonne nouvelle, d'après le professeur Avi Friedman de la faculté d'architecture de l'Université McGill, concepteur de la maison évolutive, flexible et abordable plus en vogue à Montréal qu'elle ne l'est à Québec.
    Car les «condos», selon lui, donnent lieu à une épargne de ressources et de surface d'occupation. De même qu'à des économies d'énergie de transport, pourvu que les habitations soient situées en ville, près des services et des lieux de travail. Sans compter les gains de temps. Car lorsqu'on habite en banlieue, les embouteillages ravissent jusqu'à deux heures par jour aux automobilistes et jusqu'à cinq ans durant leur vie.

Grosses maisons
    L'architecte Jean-Marc Harvey, copropriétaire de l'Atelier Avant-Garde, constate de son côté la prolifération des maisons de luxe dans la région de Québec. «Ces grandes demeures dépassent la simple nécessité de se loger», trouve-t-il.
    «En cela, nous reproduisons la Grande Allée du début du XXe siècle alors qu'on y a bâti tout un train de résidences somptueuses», relate-t-il.
    David Leslie et Avi Friedman, eux, regrettent que ces grandes demeures soient à contre-courant du développement durable. Car elles nécessitent beaucoup de matériaux, d'espace et d'énergie de chauffage pour le peu de personnes qui les occupent et l'usage discontinu qu'elles en font.
    Cet été, rappelle-t-on, on dénombrait dans la grande région de Québec près de 30 propriétés de 1 million $ et plus à vendre. En 2005, une seule propriété de ce prix a été vendue, aucune en 2004.

Ocre ferreux
    L'année 2006, au Québec, a aussi été marquée par la dénonciation, par le magazine Protégez-Vous, de l'installation souvent incorrecte des systèmes de ventilation dans les maisons neuves et récentes. Les entreprises de construction en ont pris pour leur rhume.
    Ensuite, le mois passé, l'émission La Facture a donné l'alerte à l'ocre ferreux. Il s'agit d'une bactérie mangeuse de fer qui colonise les drains de fondation situés trop à proximité de la nappe phréatique. Le problème est commun. Au point que l'Association de la construction du Québec invitait ses membres, il y a quelques jours, à «s'assurer de construire les fondations au-dessus de la nappe et ce, à une distance sécuritaire de celle-ci
    L'année 2006 coïncidait aussi avec le 50e anniversaire de la maison Kinsmen et le 10e de celle de la fondation Maurice-Tanguay à Expo Cité.
    Quant à l'Association des syndicats de copropriété du Québec, elle remarque cette année un changement dans la perception du fonds de prévoyance de la part les propriétaires de condos. Plusieurs y voient à présent l'urgence d'y contribuer davantage. Puisque ce fonds est destinés aux réparations majeures résultant de l'usure à long terme. Le parc de condos étant, au reste, vieillissant.
    Enfin, bien qu'on en ait peu fait écho, la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, Nathalie Normandeau, déclarait, en mai, que Québec jugeait le logement aussi important que l'éducation et la santé. Ce qui n'est pas peu dire.