Depuis quelques
semaines la flambée historique du prix du pétrole, de nouvelles
études très alarmantes sur les conséquences du réchauffement
climatique et la mise en service d’installations captant cette énergie
océane sont venues éclairer cet enjeu énergétique
d’une lumière nouvelle et me conduisent à évoquer
cet enjeu majeur.
Le prix du pétrole vient en effet de
battre un nouveau record historique, en franchissant les 75 dollars le
baril et nous pourrions atteindre d’ici 10 ans le fameux "Pic de
Hubert", ce moment à partir duquel la production de pétrole
mondiale va commencer à baisser, faute de réserves. Face
à cette évolution, un nombre croissant d’experts et d’économistes
préconisent de monter le prix de toutes les énergies fossiles
de 5 à 10% en termes réels, tous les ans, sans limite, afin
de permettre à chaque consommateur ou producteur de s’organiser
en intégrant progressivement ces surcoûts inévitables
liés à la raréfaction accrue des énergies fossiles.
Nous pourrions ainsi voir la taxe sur les produits pétroliers être
multipliée par trois d’ici 15 ans, pour arriver à un prix
de 3 € le litre d’essence d’ici 2020.
(suite)
|
suite:
Ecologiquement, Pelamis est exemplaire. Il utilise une énergie sans cesse renouvelée, ne produit pas d’émissions et ne rejette pratiquement aucun déchet. Il n’est pas bruyant et est assez lointain pour ne pas provoquer de gêne visuelle pour les riverains. Il réduit les besoins en énergie fossile: un seul Pelamis économise les émissions de gaz à effet de serre de 2.000 tonnes par an. L’EMEC souhaite aussi exploiter l’énergie des marées, encore plus prévisibles que les vagues. Un centre d’expérimentation sera construit sur l’île d’Eday grâce à de l’argent européen, britannique et écossais. L’Ecosse se veut à la pointe de la politique britannique encourageant les énergies renouvelables. Celles-ci lui procurent 13% de son électricité, pour l’essentiel d’origine hydroélectrique; l’énergie d’origine éolienne terrestre progresse rapidement. Son objectif pour 2010 (18% d’énergie renouvelable) est plus ambitieux que celui de la Grande-Bretagne dans son ensemble (10%). Autre technologie: le projet Limpet de la société Wavegen qui récupère l’énergie de l’air comprimé par la force des vagues. A la différence du concept précédent, le système est sur le rivage, il ne crée donc aucune gêne à la circulation des bateaux et ne nécessite pas de câble sous-marin pour évacuer l’énergie. Un système Limpet fonctionne depuis Novembre 2000, il produit 500 kW et fournit 400 foyers écossais en électricité. De son côté, l’Université de Manchester développe actuellement, au stade pré-industriel, un appareil innovant, pour capturer l’énergie des vagues. La caractéristique principale de ce système est d’utiliser l’oscillation de la houle à la surface de l’eau qui entraîne l’oscillation verticale de flotteurs en série. Ces flotteurs entraînent à leur tour l’arbre d’un générateur d’électricité placé en hauteur, à l’abri de l’humidité sur, par exemple, des plates-formes pétrolières flottantes hors-service. Chaque plate-forme Bobber peut développer une puissance de 5 MW, comparable à celle d’une éolienne géante, mais sans les problèmes d’impact visuel et d’imprévisibilité du vent. Pour ces différents systèmes qui exploitent l’énergie des vagues et des marées, le coût du MW installé est à présent proche de celui des éoliennes (environ 1 million d’€ du MW). Autre gros avantage: à l’inverse du vent, les marées peuvent être prédites et les machines les plus perfectionnées sont capables de se retourner pour profiter du flux et du reflux de la marée. Avec un facteur de capacité de 45% environ, elles fonctionnent aussi plus longtemps que les aérogénérateurs qui dépassent rarement les 30%. En France, une petite société, Hydrohelix Energies (installée à Quimper), travaille depuis plusieurs années sur un autre concept très intéressant: il s’agit d’installer des rangées de turbines hydroliennes à axe horizontal, constituées de 3 pales dont le diamètre est supérieur à 5 mètres. Elles seront fixées sur une même structure pour optimiser les connexions électriques. Les installations seront totalement immergées et fixées sur le sol, suffisamment en dessous de l’étiage pour éviter toute gêne à la navigation. Selon Hydrohelix, les côtes françaises disposent d’un potentiel d’au moins 6 GW qui permettrait de couvrir environ 5% de la production électrique française actuelle. Pour atteindre cette capacité de production de 6 GW il faudrait installer 4.500 hydroliennes au fond des mers. Cela représente un rideau d’hélices de quelque 21 km, disséminé à moins de 6 km des côtes, entre les îles de Sein et Ouessant et face au cap de la Hague, dans le Cotentin. Hydrohélix dit en effet avoir identifié trois sites appropriés au large des côtes françaises, sur lesquels les courants marins peuvent atteindre une vitesse de 12 à 18 kilomètres à l’heure: la chaussée de Sein, dans le prolongement de Ouessant; le Fromveur entre le Conquet et Ouessant et la pointe de la Hague. L’énergie des mers, dont notre pays a la chance d’être abondamment pourvu, représente un gigantesque potentiel à exploiter et pourrait, à terme, devenir la quatrième grande source d’énergie propre, avec le vent, le soleil et la biomasse. Pourtant, dans ce domaine d’avenir, la France est en retard et largement distancée par des pays comme la Grande Bretagne, la Norvège ou le Portugal. Cette situation n’est pas admissible et nous devons sans tarder lever les obstacles et les pesanteurs administratifs, juridiques, fiscaux et politiques qui empêchent la France d’être à la pointe européenne de l’utilisation de ces différentes formes d’énergies des mers dont notre pays est remarquablement pourvu. Cet enjeu énergétique n’est pas seulement écologique, il est aussi technologique et économique. La consommation énergétique de la France a pratiquement stagné en 2005, mais sa facture s’est encore alourdie de 35% et a atteint 38 milliards d’euros, en raison de la forte hausse du prix des énergies fossiles. Il est évident que notre pays ne pourra supporter longtemps un tel rythme d’augmentation annuelle de notre facture énergétique. En outre, le développement des énergies renouvelables génère la création de milliers d’emplois nouveaux et stimule notre recherche scientifique et notre capacité d’innovation. La France doit préparer l’avenir et se donner enfin les moyens d’exploiter ses gisements considérables d’énergies renouvelables. Dans cette perspective, l’exploitation à grande échelle de l’énergie des mers sous toutes ses formes représente un enjeu majeur pour notre pays si nous voulons rester dans la course compétitive mondiale tout en contribuant de manière exemplaire à la lutte, vitale pour notre avenir, contre le réchauffement climatique. |