INFORMATIONS TAM-TAM SUR LE NUCLÉAIRE
2002
juin
NOUVELLE ROSE
On l'a enfin fermée, le 31 mars dernier, cette centrale nucléaire britannique de Bradwell. Les deux réacteurs Magnox (gaz-graphite), mis en service en août et décembre 1962, n'ont eu, en l'an 2000 qu'un rendement de 22,07 et 26,36%. Par comparaison la moyenne de rendement, en 2000, des 7 réacteurs belges était de 91,45%... 
AVENIR. Sachant que construire une centrale nucléaire requiert 6 à 8 ans - neuf ans pour Superphénix -, le titre choisi par Patrice Bernard, l'un des directeurs du CEA, dans Clefs CEA Printemps 2002, p.2 fait sourire: "Le nucléaire, une énergie d'avenir." Ni en 2000, ni en 2001 la France ne prit l'initiative de lancer une construction. Alors, cet avenir?
EXPLOSION SPONTANEE
Oui, selon l'ingénieur Christian Kernaonet, une explosion spontanée peut survenir à La Hague. Il en a témoigné le 12 octobre 2001 devant la Commission de surveillance de stockage des déchets radioactifs de la Manche. Des futs, contenant 100 kg de plutonium, ont été reconcentrés, d'où le risque de criticité. Aucun écho, si bref soit-il, n'a paru dans la presse. L'Andra cependant a déclaré: "Le risque zéro ne peut être garanti." Préoccupant!
RECYCLAGE? NON!
Sir Robin Jeffrey, Président de British Energy, le plus gros producteur d'électricité nucléaire du Royaume Uni, a décidé d'arrêter le retraitement des combustibles usés issus de ses centrales. Souhaitant s'inspirer de son expérience aux USA, où les déchets sont stockés sur le site même des centrales, dans l'attente d'être envoyés dans un centre de stockage définitif, Sir Jeffrey estime que le retraitement est une méthode trop coûteuse pour gérer le combustible usé. Le stockage sur site coûte, en effet, 6 à 7 fois moins cher que le retraitement. Il rappelle aussi que, en termes d'impact sur l'environnement, le stockage est supérieur au retraitement. Le retraitement crée de grandes concentrations de plutonium. Hélas, British Energy, qui produit quelque 25% de l'électricité britannique, est engagé, jusqu'en 2006, avec British Nuclear Fuels (BNFL) qui gère l'usine de retraitement de Sellafield, l'équivalant de La Hague (Réseau Sortir du nucléaire, France). 
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DÉMANTÈLEMENT
Ce n'est qu'en 2018 que sera démantelée la minuscule centrale nucléaire de Brennilis (Finistère). Arrêtée en 1985, on en a entamé la déconstruction, opération coûteuse et délicate, en 1997. Une centaine d'ouvriers, habillés comme des Martiens, y grattent, au marteau pneumatique, un béton devenu radioactif. Depuis 1997 ils ont gratté plus de 5.000 m2 de murs, de plafonds et de sols. Il en reste 3 fois plus. 73 MW seulement de puissance(*), dont le coût estimé de déconstruction est de 12,1 milliards de FB. Cela peut difficilement être exemplatif de la déconstruction des réacteurs monstres actuels de 1.500 MW (Ouest-France, 9/1/02).
(*) Les plus petits réacteurs belges, Doel 1 et 2, font 412 MW chacun.


VERY BRITISH

Le 7 mars dernier, a la BBC, le professeur David King, tout en admettant que le Royaume-Uni devra s'occuper des déchets nucléaires, qu'il mette fin ou non à l'énergie nucléaire, réclama la construction d'autres centrales de ce type. En 2020, les énergies renouvelables (éolien, marémoteur, solaire) ne subviendront, dit-il, que pour 20% aux besoins du pays. En 2020 les réacteurs actuels, vieillissants, passeront de 27% des besoins à seulement 4%.
· La découverte d'une fissure, profonde de plus de 15 cm dans l'unique réacteur de 925 MW bruts, de la centrale nucléaire américaine Davis-Besse (Ohio) sème la panique à Sizewell B (Suffolk) qui est la seule de ce même type (PWR) au Royaume Uni. Cette fissure a été découverte durant une fermeture pour entretien et tous les réacteurs du type PWR sont scrutés avec attention aux "States". British Energy, propriétaire de Sizewel B, tente de rassurer la population environnante: "Notre réacteur n'est agé que de 7 ans, il n'est pas atteint de corrosion... Celui de l'Ohio a 25 ansÓ
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USA
Pratiquement les 3/4 des opérateurs de centrales nucléaires américains sont en retard de planification pour sécuriser leurs sites. L'attentat au camion piégé, facile à réaliser et peu coûteux, est selon la Nuclear Regulatory Commission, la menace la plus grave. Au 11 avril, 47 opérateurs sur les 64 des holdings d'usines atomiques (les USA en comptent 103), ont demandé un délai de leur temps pour régulariser. L'explosion d'un camion ne causerait pas un nouveau Tchernobyl mais pourrait couper l'arrivée de courant qui alimente les pompes de refroidissement. La chute des barres de contrôle arrêterait la réaction mais des semaines d'électricité et de pompage seraient nécessaires pour refroidir tous les matériau fissiles à une température sûre (The Philadelphia Enquirer). 
ROYAUME UNI
Le 14 mai Brian Wilson, ministre de l'Energie a lancé une large consultation sur la police de l'énergie. Les réponses devront être rentrées avant le 13 septembre. Reste à savoir sÌil en tiendra compte 
FRANCE
Le Rhône, long de 812 km, compte plus de 100.000 km2 de bassin versant. C'est aussi, hélas, une succession d'usines nucléaires (Marcoule, Cruas, Tricastin, St Alban, Creys-Malville) qui le souillent de déchets atomiques et chimiques. Ce n'est que le 21 mars dernier qu'a été ouverte, à Arles, une 2ème station de surveillance de la radioactivité (La Provence). 


· Arrêt automatique, le 28 février, à 9h50, du réacteur no3 de la centrale de Dampierre, suite à une erreur de manipulation qui a conduit à une perte momentanée d'un des tableaux électriques alimentant le système de commandes et de surveillance du réacteur. Evénement classé au niveau 1 sur l'échelle INES. 

PROMESSES ELECTORALES. Ce n'est certes pas parce que Chirac les tient, que tant de Français ont voté pour lui. "Sous ma direction, notre pays a entrepris, depuis 1995, un effort de désarmement nucléaire sans précédent et inégalé. Elle a réduit, de plus de 50% le budget de la défense consacré au nucléaire." D'accord, mais c'est bien sous sa première présidence que des essais nucléaires "indispensables" ont eu lieu. Quant à la réduction du budget pour l'armement nucléaire, il est passé de 21,9% en 1995 à 22% en 2002.


· C'est en vue des élections législatives en France que le Réseau Sortir du nucléaire a lancé la campagne: ÏDites non au nucléaire", enjoignant chacun à écrire à un/des député(s) et/ou à l'Assemblée Nationale, leur demandant de s'exprimer clairement sur leurs intentions et promettant de voter en fonction de celles-ci:

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Grâce à 58 réacteurs en fonctionnement (78% de l'électricité est atomique, bien triste record, chaque Français vit près d'un volcan nucléaire...
USA
Le dernier rapport de la Nuclear Regulatory Commission fait état de la disparition, l'an dernier, de 835 instruments industriels ou médicaux radioactifs. Depuis 1997 ce sont plus de 1.500 de ces "engins" qui se sont volatilisés. Ils sont un danger potentiel, soit par mauvaise manipulation, soit aux mains de terroristes. Les risques, pour la santé sont énormes. Ainsi, en 1987, à Gioania, au Brésil, à peine l00g de poudre hautement radioactive d'un appareil de radiologie abandonné, tua 4 personnes, en fit hospitaliser 60 et en contamina un millier d'autres. 10 ans plus tard un gamin de 16 ans vola, sur un chantier, un panneau lumineux "EXIT" et l'ouvrit. En une 1/2 heure il reçut une dose d'irradiation excessive. Sa maison fut mise en quarantaine et les frais de décontamination s'élevèrent à quelque 9,2 milliards de FB (ABC News). 


· En France, deux appareils analyseurs de peinture au plomb, contenant une source radioactive, ont été volés le 31 mars dans un cabinet d'expertises du Val-de-Marne. Ils sont équipés de cadmium 109 (demi-durée de vie: 462,6 jours). Pesant environ 1 kg chacun ils ne peuvent en aucun cas être démontés et le coffre qui les contient ne peut être découpé au chalumeau 

LAURENCE ALAVOINE
Le T-T de mai demandait aux lecteurs d'en apprendre plus sur la mort "accidentelle" de cette dame. Seule M.S. de La Bouilladisse a trouvé et nous en a fait profiter. Laurence Alavoine, âgée de de 37 ans, ingénieur nucléaire chez Schneider, avait effectué plusieurs missions dans les anciens pays communistes. Habitant Seyssins (Isère), elle était au courant d' "histoires sensibles, notamment dÌun envoi de matériel nucléaire en Afghanistan et de l'équipement électrique de bureaux appartenant au père d'Oussama Ben Laden", déclare son mari, Olivier, ingénieur, lui aussi. Elle a disparu le 14 décembre dernier. Son corps n'a été retrouvé que le 12 avril par un randonneur, au bas de la Dent de Crolles. Pendant cinq jours, 80 hommes et un hélicoptère avaient fouillé, sans résultat, la montagne dangereuse dans ce secteur. Le vendredi 14, jour de sa disparition, la victime avait fait ses courses de Noël, avait consulté la météo, puis était partie au col du Coq, vers 1.500 m d'altitude, où sa voiture avait été retrouvée. 


· Nos lecteurs se souviendront de Karen Silkwood qui travaillait dans la centrale nucléaire US de Cimarron (Oklahoma) et qui, se rendant chez un journaliste du New York Times, pour lui faire des révélations, a été tuée (par accident!), à 28 ans. (Voir T-T no 270; mais pas sur le Web...).

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