VEHICULES HYBRIDES
Le Monde, 14 juin 2002
La technologie hybride relance la voiture électrique
On la croyait aux oubliettes. Cette auto peu polluante
revient en force avec des projets innovants qui déboucheront pour
la plupart d'ici à 2004. La France fait dans ce domaine figure de
pionnière, tant par ses réalisations industrielles que par
le nombre de voitures en circulation.
La voiture électrique connaît en France un regain de faveur
inattendu avec plusieurs accords industriels et la promesse de nouveaux
modèles innovants d'ici à 2004. Le pays affiche une incontestable
suprématie sur ce créneau encore confidentiel avec 7 500
immatriculations sur un total de 11 500 en Europe. PSA Peugeot Citroën
réalise à lui seul les trois quarts des immatriculations
européennes avec des utilitaires électriques dérivés
des modèles Partner et Berlingo ainsi que des 106.
Le constructeur projette d'élargir sa gamme
en 2003-2005 avec des véhicules hybrides, équipés
à la fois d'un moteur thermique (essence ou diesel) et d'un moteur
électrique. La première version, dite "mini-hybrid", se distinguera
des véhicules conventionnels par une simple assistance électrique
au démarrage et à l'arrêt. Un alternateur puissant
et un contrôle électronique permettront de démarrer
sans bruit et sans pollution. "Nous escomptons obtenir un gain de 10 %
en consommation de carburant et en pollution", avance modestement Joseph
Beretta, responsable des innovations électriques et électroniques
à la direction de la recherche. Dans la version intermédiaire
"mild-hybrid", avec un moteur électrique d'appoint de 7 kW au lieu
de 3 kW, on pourra récupérer de l'énergie au freinage
et obtenir un gain de 15 % en consommation de carburant et pollution.
Enfin, le "full-hybrid" comportera un moteur électrique
pratiquement de même puissance que le moteur thermique. Sur route,
en régime stabilisé, le conducteur roulera avec le moteur
thermique (un diesel) ; en zone urbaine dense, il utilisera le moteur électrique,
silencieux, non polluant et plus agréable à la conduite.
En zone intermédiaire, le moteur électrique servira simplement
d'assistance au démarrage et à l'arrêt. Les batteries
seront rechargées lorsque le véhicule fonctionnera en régime
thermique. Autant dire que l'autonomie du véhicule sera équivalente
à celle d'un diesel ordinaire (1 000 km en régime thermique
et 23 km en régime électrique seul). Un prototype présenté
il y a deux ans sous le nom de Xsara Dynactive a permis de montrer qu'une
économie de carburant de 35 % était possible.
Renault-Nissan, de son côté, a déjà
vendu un millier de voitures électriques dérivées
des Clio et des Express entre 1994 et 1997. Le constructeur a ensuite mis
à l'étude une version électrique de la Kangoo. Assemblé
à Maubeuge avec les Kangoo conventionnelles, ce modèle est
disponible depuis la fin 2001, mais Renault ne se soucie guère de
le promouvoir. "La voiture purement électrique est handicapée
par une autonomie limitée à une centaine de kilomètres",
note Alain Lebourg, directeur des véhicules à énergies
alternatives.
"C'est un frein à son développement.
Les utilisateurs ne peuvent admettre de tomber en panne parce que le parcours
est un peu plus long que prévu." C'est pourquoi Renault-Nissan s'apprête
à lancer en juillet, sous le nom de Kangoo Elect'Road, un modèle
électrique équipé d'un prolongateur d'autonomie. Il
s'agit d'un petit moteur thermique de 500 cm3, quatre temps deux cylindres,
alimenté par un réservoir de 10 l de carburant. Sa vocation
est de recharger la batterie et de fournir de l'électricité
au moteur électrique via deux alternateurs.
"Il n'est pas question d'utiliser ce modèle
en mode hybride, prévient Alain Lebourg. Le prolongateur d'autonomie
a seulement pour fonction d'éviter la panne de batterie. C'est une
assurance de bonne fin de trajet." Le constructeur affiche l'espoir de
vendre 2.000 exemplaires par an de son nouveau modèle dans le secteur
public comme dans le privé. Il voudrait en particulier élargir
sa clientèle aux artisans en faisant valoir le confort de la conduite,
le silence et un coût somme toute raisonnable.
André Larané