Résumé, commentaire et analyse
(Travail fait en accord avec l'auteur de la conférence)
Yves Renaud, CERN
(septembre 1999)
VII
/ Chine
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Plus sérieusement, comment ne pas évoquer, dans ce contexte, le problème de la baisse continue de la croissance de la Chine? Epargnée jusqu'à présent par la crise asiatique, elle est aujourd'hui sur le fil du rasoir: ses exportations sont en effet en chute depuis presque un an et l'excédent du commerce extérieur a plongé de 60% depuis le début de l'année [130]. Dans un pays confronté à une explosion du chômage, il était une soupape de sécurité: où trouvera-t-on bientôt l'argent pour financer le système de revenu minimum, qui coûte plus d'un milliard de Yuans par an? Il ne faut sans doute pas chercher bien loin les raisons de ses négociations pour adhérer à l'OMC, ce qui améliorerait son accès aux marchés étrangers: alors "Go"?! Mais quand on sait l'état de démantèlement, de délabrement, voire de faillite totale du secteur industriel étatique, il est plus que probable que ce sont les fournisseurs et investisseurs occidentaux qui sortiront seuls leur épingle de ce... "jeu"! Si donc cela n'a pas explicitement été évoqué, comment le recours au nucléaire pourrait-il apporter une solution à cette situation?
Autre spécificité chinoise, l'importance des cyclones dont l'ampleur s'accroît rapidement à mesure justement que l'on s'approche de la mer; le nucléaire étant par nature centralisé, cela promet un belle toile de lignes dans une géographie "mouvementée"!
Malgré tout, pour la moitié du prochain siècle, après l'épuisement (des réserves les moins coûteuses) du pétrole et du gaz, comme le solaire et le nucléaire y augmentent lentement et vu les importantes réserves mondiales de charbon, celui-ci dominera l'approvisionnement en énergie primaire de la Chine:
è En conséquence, après le problème des transports, le développement de technologies charbon à bas coût et donc les plus simples est l'enjeu majeur pour la pollution et l'accès à l'énergie.
Un des développements les plus prometteurs semble consister actuellement à l'adjonction dans les "cendres volantes" du ciment traditionnel, d'un nouveau type de liant produit par activation mécano-chimique de matériaux siliceux inertes. Ces matériaux n'entraînent aucun résidu calcaire des scories, ne nécessitent pas de haute température et ne produisent donc presque aucun CO2, soit à partir de la combustion de combustible, soit de la conversion de CaCO3, inhérente au processus de formation des scories de ciment. Les meilleurs résultats, obtenus après durcissement et traitement à des températures seulement entre 40 et 120 oC permettent d'atteindre jusqu'à une réduction de 90% d'émissions d'anhydride carbonique [131].
"D'une pierre, deux coups", la biomasse pourrait également bénéficier de programmes de recherches connexes au charbon (sur les centrales à cycle combiné intégrant gazéification et cogénération), avec comme avantage celui de pouvoir faire l'objet d'unités rentables à taille moyenne.
Encore une "cerise": la Chine manque d'eau, surtout d'eau potable: partout des conseils sont affichés pour l'économiser et rappelés pour la faire bouillir à cause de leur pollution (qui ne vient pas du soufre!...); toutes les eaux le sont, y compris celles des mers, en particulier au nord de la Mer Jaune, ainsi que les deux énormes fleuves (Fleuve Jaune et Yang Tsé, impressionnants de débit mais avec peu d'affluents). D'après un rapport de la Banque mondiale de 1992, seuls 40% des citadins et 14% des ruraux ont accès à une eau non polluée! Le problème que cela entraîne? Demandons-nous pourquoi EDF est le premier consommateur d'eau de France, problème largement occulté, même en période de sécheresse!
Veuillons enfin garder à l'esprit trois éléments importants:
- Il y aura des changements au delà de 2010 en raison de deux
projets hydrauliques énormes - San Shia (trois Gorges) et Memberamo
dans Irian Jaya - chacun ayant une capacité prévue de 20
GW.
- N'oublions pas le développement spectaculaire de la PCH (petites
centrales hydroélectriques) qui alimente pas moins de 90 millions
de personnes depuis 1980.
- Si les enjeux sont globaux, les recherches
aussi le sont et il ne faudrait pas oublier les ressources conjointes de
ces deux semi-continents "voisins" que sont l'Est-Asiatique et l'Australie
[132]