La biomasse
peut couvrir à moyen terme 10% des besoins énergétiques
mondiaux, selon une étude du Conseil sur les changements écologiques
globaux, qui assiste le gouvernement allemand, parue mercredi.
Il est déterminant pour le succès durable de la biomasse que la production énergétique ne se fasse pas aux dépens de la production alimentaire et de la protection du climat et de l'environnement, selon un communiqué du ministère allemand de l'Environnement, un récipiendaire de l'étude. La biomasse constitue une source d'énergie obtenue par la combustion de bois, déchets organiques et sous-produits du bois, de l'industrie et de l'agriculture. Pour ménager l'avenir alimentaire et climatique, des normes internationales doivent être introduites pour garantir des critères de durabilité dans la culture de la biomasse, selon les experts du Conseil (WBGU). En outre, les scientifiques suggèrent d'élaborer des bilans plus précis de l'impact sur les émissions de gaz à effet de la biomasse, en étudiant cette dernière au cas par cas, en fonction de l'espèce. La secrétaire d'Etat parlementaire du ministère au Développement Karin Kortmann a estimé que cette étude "montre clairement (que les) efforts pour réduire le CO2 ne saurait conduire à la pauvreté, la faim, la destruction de l'environnement et l'affaiblissement de la diversité biologique". "Le droit à l'alimentation pèse plus lourd que le droit à la mobilité", a-t-elle ajouté La biomasse, dont on tire une énergie considérée dans la plupart des cas comme renouvelable, est accusée de favoriser la déforestation et l'envolée des prix alimentaires. En effet, la part de surface cultivable qui y est consacrée va croissant, sa culture étant plus lucrative. Dans un rapport intitulé "Avenir de la bioénergie et exploitation durable des terres", le Conseil consultatif allemand sur le changement mondial , WBGU, démontre que l'importance que peut représenter la production d'énergie, d'un point de vue environnemental et du point de vue du développement. Selon le WBGU, il s'agit du premier rapport qui explore la question de la bioénergie en prenant en compte à la fois le contexte environnemental et celui des politiques de développement. Il montre qu'à moyen terme, environ 10% des besoins énergétiques mondiaux pourraient être satisfaits par une bioénergie durable, issue de résidus biogéniques et des cultures énergétiques. Environ un quart du potentiel des cultures énergétiques se situe en Amérique centrale et du Sud. L'Afrique sub-saharienne, l'Europe, l'Amérique du Nord et la Chine comptent chacune pour environ 15% de ce potentiel agricole, l'Inde 6%. Toutefois, le rapport insiste sur le fait que l'exploitation de ce potentiel ne doit être poursuivi que si les risques pour la sécurité alimentaire sont écartés, et que sont garanties la protection de la nature et l'atténuation des changements climatiques. Pour ce faire, des normes de durabilité contraignantes doivent être mises en place au niveau national et international, préconise l'étude. L'électricité plutôt que le pétrole C'est en tant que source de production d'électricité que la bioénergie apporte la plus importante contribution à la lutte contre les changements climatiques, estime le WBGU. Selon lui, la clé consiste à déployer la bioénergie en remplacement des sources d'énergie à fortes émissions de CO2, en particulier le charbon. Dans le secteur de l'électricité, le bénéfice de la bioénergie sur le climat est presque le double de celui de l'utilisation des biocarburants pour le transport, ou pour la seule production de chaleur. |
La haute efficacité
énergétique que permet la cogénération, qui
implique la production combinée d'énergie et de chaleur,
est toujours préférable à la simple production d'électricité,
précise le rapport.
Le WBGU recommande donc d'encourager la production d'électricité à partir de la biomasse, à condition que cette promotion se limite à la bioénergie produite de façon durable. Si le biométhane était utilisé pour produire de l'électricité, les effets sur l'atténuation du changement climatique pourraient être encore plus importants si le CO2 était capté lors du processus de production, et stocké de manière sûre. La première génération de biocarburants liquides, comme le biodiesel produit à partir du colza ou le bioéthanol issu de maïs n'est pas adaptée à la lutte contre le réchauffement climatique, indique le rapport. Si les cultures énergétiques en viennent à déplacer la production de nourriture, et que la terre doit être défrichée, une quantité plus importante de gaz à effet de serre sera relachée dans l'atmosphère, comparativement à l'utilisation de carburants fossiles. La seconde génération de biocarburants liquides, qui utilise toute la partie hors-sol de la plante, ne représente pas un progrès sur ce point précis. En revanche, l'étude montre que le recours aux plantes tropicales pérennes, comme la canne à sucre, la palme ou la jatropha, qui sont cultivés sur des terres dégradées, peut avoir un impact positif non négligeable sur l'atténuation des changements climatiques. Toutefois, le WBGU met en garde contre les dommages considérables qui peuvent être portés au climat, si la forêt tropicale est détruite pour ces cultures. Le Conseil allemand préconise donc que la promotion des biocarburants liquides pour le transport routier soit rapidement abandonnée en supprimant les quotas de mélange et en préférant le développement des véhicules électriques. Les résidus
La bioénergie pour combattre la pauvreté
énergétique
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