Vers une compétitivité
accrue du photovoltaïque.
Combien
d'années faut-il à des panneaux photovoltaïques pour
restituer l'électricité préalablement investie dans
leur fabrication? Cette question suscite une
certaine confusion entre les notions de «remboursement» et
de «coefficient de retour» énergétiques. Explications.
Tout dispositif de production
d'électricité par transformation d'énergie primaire
réalisée à partir d'une source renouvelable «gratuite»
(soleil, vent, hydraulique, biomasse) est composé d'éléments
plus ou moins élaborés à partir de matières
premières, non gratuites quant à elles. L'infrastructure
d'une éolienne comprend notamment les fondations, le mât,
la nacelle, l'alternateur, la boîte d'engrenage, les pales ou l'électronique
de réglage.
Pour une installation photovoltaïque,
il s'agit des cellules solaires, du verre, d'un film de scellement, du
cadre, du câblage, des supports, de l'onduleur pour transformer le
courant continu issu des modules photovoltaïques en un courant alternatif
conforme au réseau électrique, ou encore d'un dispositif
de régulation électronique.
Ces composants ont été
préalablement fabriqués à partir de produits intermédiaires,
eux-mêmes formés de matières premières ayant
subi des transformations multiples, de l'extraction des matériaux
bruts dans des mines jusqu'à la mise en forme, en passant par le
raffinage. Ces procédés chimiques, physiques et mécaniques
représentent un coût énergétique sous forme
de chaleur et d'électricité. C'est l'énergie
cachée, dite «grise», investie en amont, dans
la fabrication de tout objet.
Des matériaux énergivores
La plupart des modules
photovoltaïques actuels sont basés sur des assemblages de cellules
solaires de 0,1 à 0,8 millimètre d'épaisseur, constitués
de plaques de silicium de grande pureté chimique, dite de qualité
électronique. La préparation de ce matériau à
partir de la silice (oxyde de silicium SiO2) naturelle, également
présente dans les nombreux silicates de la croûte terrestre,
représente un ensemble de procédés particulièrement
gourmands en énergie.
C'est pourquoi la recherche
travaille désormais à la mise au point de cellules à
couches minces de l'ordre du micromètre d'épaisseur (1 à
3 mm) qui réduisent très fortement
les quantités de silicium nécessaires. Ces couches sont en
général déposées à l'aide d'un gaz,
le silane (SiH4), également issu de la silice, via le
silicium très pur. |
Le cas échéant,
les besoins en énergie sont bien moindres que pour les cellules
cristallines. D'autres substances semi-conductrices (tellure, cadmium,
sélénium, indium, cuivre) peuvent être utilisées,
mais leurs coûts sont d'autant plus élevés que ces
matières premières sont beaucoup moins abondantes que la
silice dans la croûte terrestre.
Une fois en activité,
une installation photovoltaïque produira un certain nombre de kilowattheures
d'électricité durant une durée de vie que l'on peut
estimer, pour notre calcul, à vingt-cinq ou trente ans. La quantité
d'électricité produite varie fortement en fonction des lieux
d'exposition et du taux d'ensoleillement. On peut compter, en Europe, sur
une fourchette comprise entre 700 et 1.200 kilowattheures par an-née
pour une installation de 1 kWc (1 kilowatt-crête).
Progrès en vue
Dans les meilleures
conditions, il s'agit d'un ouvrage d'une puissance installée de
1 kilowatt sous un ensoleillement de 1.000 watts par mètre carré.
Ainsi, une installation de 8 mètres carrés avec un rendement
de conversion de 12,5% fournira en vingt-cinq années de fonctionnement
quelque 20.000 à 30.000 kilowattheures d'énergie électrique
selon l'endroit où elle se trouve.
Le calcul destiné
à évaluer la quantité d'énergie grise investie
dans la fabrication d'une telle installation est sujet à des hypothèses
extrêmes. Il est relativement complexe car les matériaux utilisés
ont été fabriqués à l'aide de différentes
sources d'énergie, et dans des pays caractérisés par
différents types de production d'électricité.
Selon les filières
(silicium monocristallin, polycristallin ou amorphe, couches minces simples,
doubles ou triples, autres semi-conducteurs), le temps de remboursement
énergétique, durant lequel l'installation doit produire en
électricité l'équivalent de son énergie grise
est de l'ordre de 3 à 5 ans. Mais le potentiel d'amélioration
est important. Les nouvelles filières à couches minces permettront
de descendre à 1 à 2 ans, voire moins si l'on ne considère
que les modules eux-mêmes.
Quant au coefficient
de retour énergétique, appelé «Erntefaktor»
en allemand, il représente le quotient de la durée de vie
productive de l'installation par son temps de remboursement énergétique,
Si la durée de vie retenue est de 25 ans, ce coefficient est actuellement
de l'ordre de 4 à 8. Il pourra s'élever à 10, 12,
voire à 15 avec l'avènement des futures couches minces. Autrement
dit, l'installation photovoltaïque «rendra» 10 à
15 fois son énergie grise. Ce progrès améliorera la
compétitivité de cette source d'énergie dans des proportions
considérables. |