Editorial
Au cours de 2007 et 2008, la flambée des prix du pétrole et la prise de conscience des risques majeurs qu'entraînerait pour le climat de la planète, dès 2030 ou 2040, la poursuite des pratiques énergétiques actuelles, ont remis sur l'agenda politique national et international la question énergétique: reprise des négociations climat dans une ambiance nouvelle depuis le changement de présidence aux États-Unis, en vue de la Conférence de Copenhague où doit se décider en décembre 2009 l'après Kyoto, engagement de l'Union Européenne dans une stratégie d'économie d'énergie, de promotion des énergies renouvelables et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, «les trois fois 20% du paquet climat». La profonde crise systémique que nous connaissons aujourd'hui, qui trouve une bonne part de ses racines dans une croissance incontrôlée du recours aux ressources épuisables pour la satisfaction d'une minorité renforce l'urgence pour communauté internationale de mettre au coeur de ses préoccupations la question énergétique et la question climatique. L'Union Européenne avec ses 500 millions de citoyens et sa puissance économique pèse d'un poids majeur sur ces questions. Des choix individuels et collectifs des citoyens qui la peuplent, des réussites et des échecs des politiques nationales et communes qu'engageront dans les vingt ans les pays qui la composent, dépend largement le paysage énergétique mondial, avec ses conséquences sociales, environnementales et économiques. Encore faut-il que les citoyens européens que nous sommes puissent s'approprier ces questions, qui restent encore pour l'essentiel le domaine réservé d'un petit nombre d'experts, d'entreprises de production d'énergie et des lobbies qu'elles animent. Les concepts utilisés, les unités et le formalisme contribuent à rendre incompréhensibles aux citoyens ordinaires, mais aussi aux décideurs politiques(1), les questions énergétiques et climatiques et leurs enjeux, alors qu'elles font de plus en plus partie de l'actualité internationale. Aux difficultés de sujets relativement techniques s'ajoutent les publicités plus ou moins déguisées de tel ou tel groupe d'intérêt ou de pouvoir. C'est la raison pour laquelle nous présentons aujourd'hui ce «Petit mémento énergétique de l'Union Européenne» qui rassemble en un seul volume d'une trentaine de fiches l'essentiel des chiffres concernant la consommation et la production d'énergie, les émissions de gaz à effet de serre et les déchets nucléaires dans les vingt-sept pays de l'Union Européenne, dans une approche qui se veut à la fois synthétique, pédagogique et critique. Conçu sur le même modèle que le «Petit mémento énergétique» et le «Petit mémento des énergies renouvelables» consacré à la France, ce nouveau mémento européen comporte trois chapitres principaux. Le premier rassemble un ensemble de fiches qui sont conçues pour être lues de façon autonome et qui concernent la consommation d'énergie, la production d'énergie et leurs interactions avec l'économie dans chacun des pays de l'Union Européenne. Le second décrit la situation environnementale associée sur deux points majeurs: les différents gaz à effet de serre et les déchets nucléaires. Le dernier chapitre enfin est consacré à la description et à l'analyse des principales dispositions de l'Union Européenne concernant les récents développements des politiques énergétiques et climatiques. Nous espérons que ces fiches, qui montrent l'extraordinaire diversité des situations et des expériences en Europe, aussi bien au niveau de la consommation d'énergie que de sa production ou des émissions de gaz à effet de serre associés, seront utiles au lecteur soucieux de comprendre et d'agir, par son comportement individuel et collectif sur ces questions qui le concernent au premier chef. Global Chance
(1) On se souviendra par exemple de la querelle de chiffres entre les deux
candidats (S. Royal et N. Sarkozy) à la présidentielle de
2007 sur le poids du nucléaire en France où les deux candidats
ont proclamé des chiffres dans un rapport trois et également
faux.
Synthèse: que nous apprennent ces fiches?
(suite)
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suite:
La fiche 5 explicite la signification de chacune des lignes des bilans énergétiques officiels sur l'exemple de l'ensemble de l'Union Européenne et donne une image graphique des flux énergétiques de la production d'énergie à la consommation finale. C'est l'occasion de constater que le traitement qui est fait de l'énergie nucléaire (considérée dans ces bilans comme de l'électricité «primaire», comme l'électricité hydraulique par exemple, alors qu'elle obtenue dans des centrales thermiques analogues à des centrales à charbon), permet de passer totalement sous silence la dépendance totale de cette production de l'importation d'uranium étranger à l'Union Européenne. Les quatre fiches suivantes (6 à 9) examinent en détail les questions liées à la consommation finale d'énergie dans l'Union Européenne et ses pays membres: consommation par produit énergétique, par secteur d'activité et par usage, intensité énergétiques finales et indices d'efficacité par secteurs et par pays. On y prend conscience de la forte prééminence du pétrole (46% en moyenne) dans les usages finaux loin devant le gaz (20%) et l'électricité (18,6%). La consommation finale des transports de l'Union, en constante croissance depuis 1990, et qui dépasse en 2007 celle du résidentiel et de l'industrie explique cette dépendance des produits pétroliers. Globalement l'intensité énergétique finale de UE-27 qui a décru depuis 1990 au rythme des 1,4% par an en moyenne a permis d'économiser de l'ordre de 14 milliards de tep depuis 1990. C'est l'industrie qui affiche les meilleures performances d'amélioration (une chute de l'ordre de 15 points en 20 ans) suivie des transports (10 points) et du résidentiel (8 points). Les fiches 10 à 15 sont consacrées à la consommation et à la production d'énergie primaire des pays de l'Union Européenne pour chaque grande source d'énergie: pétrole, gaz naturel, charbons, biomasse, uranium. Les indicateurs par habitant montrent que les pays de UE-15 sont presque deux fois plus consommateurs de pétrole et de gaz naturel que les nouveaux pays membres et deux fois moins de charbon. A deux exceptions près, la Finlande et la Suède, la consommation par habitant de biomasse des pays de l'Union Européenne reste marginale. A l'exception du Danemark, tous les pays de l'Union Européenne sont fortement importateurs de pétrole; de même pour le gaz naturel, à l'exception des Pays-Bas et du Royaume-Uni, et le charbon, à l'exception de la Pologne et de la République tchèque. Globalement le charbon et le lignite sont les seules ressources fossiles dont l'Union Européenne puisse disposer pour les décennies qui viennent. Par contre la dépendance de l'Union vis-à-vis de l'uranium, dont la production européenne est totalement marginale (2%) et les réserves prouvées mondiales d'une cinquantaine d'années de consommation risque de poser des problèmes importants en cas de relance européenne du nucléaire. Deux fiches spécifiques, 16 et 17, sont consacrées à la production et à la consommation d'électricité des pays de UE-27. On constate une très grande diversité des situations pour la production d'électricité, mais aussi pour sa consommation selon les pays. Globalement la production d'électricité à partir du charbon et du gaz naturel domine le paysage de la production électrique (52%) devant le nucléaire (20%) et les renouvelables (16,5%). Les rendements de production électrique des pays sont également très divers, de respectivement 36% et 33,5% en France et dans les NEM à 62% en Autriche, en fonction de la nature des filières de production privilégiées dans les différents pays. Les consommations d'électricité par habitant varie dans une large fourchette (de 2.200 à 16.500 kWh/hab) autour de 6.000 kWh/hab. La fiche 18 est consacrée à la production et à la consommation de chaleur: chaleur primaire (solaire et géothermique), chaleur produite par la cogénération, chaleur de réseau (chauffage urbain). La dernière fiche (19) de cette première partie concernant l'énergie décrit les contributions des différentes sources d'énergie (fossiles, renouvelables, nucléaire) à la consommation d'énergie finale et les factures énergétiques associées à l'importation des produits nécessaires. On constate que la dépendance de l'Union Européenne vis-à-vis des énergies fossiles reste considérable puisque celles-ci contribuent à 85% aux besoins finaux d'énergie, devant les renouvelables (9,6%) et le nucléaire (5,7%). Cette dépendance se traduisait en 2005 par une facture annuelle d'énergie importée de l'ordre de 500 euros par habitant pour chaque Européen. La seconde partie de ce mémento (fiches 20 à 26) est consacrée à deux questions d'environnement global directement associées à la production et à la consommation d'énergie: les émissions de gaz à effet de serre et les déchets nucléaires. Une fiche particulière est consacrée à chacun des principaux gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, gaz industriels). On y souligne l'importance souvent négligée des émissions de gaz à effet de serre autres que le CO2, en particulier de méthane, dans le bilan global des émissions. On montre en particulier qu'à l'horizon 2030, considéré aujourd'hui comme crucial par les climatologues les émissions de méthane actuelles atteignent presque 3teq CO2 par habitant pour l'Union Européenne, soit près de 40% des émissions moyennes de CO2. La dernière partie de ce mémento (fiches 27 à 30) traite des politiques énergie climat de l'Union Européenne. L'ensemble des politiques d'efficacité énergétique, de pénétration des énergies renouvelables et de réduction des émissions de gaz à effet de serre connu sous le nom de «paquet climat» ou «trois fois 20%» est analysé en détail. On relève en particulier la grave dérive que risque d'entraîner l'usage immodéré des mécanismes de flexibilité de Kyoto sur la réduction réelle des émissions de gaz à effet de serre de l'Union Européenne et l'importance qui s'attache à une prise en compte beaucoup plus sérieuse qu'actuellement de politiques de réduction des émissions d'oxyde nitreux et plus encore de méthane. Bilan énergétique de l'Union Européenne (2007, Mtep) Téléchargements: - numéro entier (pdf, 9.4 Mo) ou fiche par fiche via le sommaire - le Clin d’œil du webmestre NB: ce 4ème numéro hors-série est aussi disponible sur commande auprès de l'association, en adressant un chèque de 12 € à Global Chance, 17 ter rue du Val, 92190 Meudon. |