LE MONDE ECONOMIE | 02.02.09
Aide fiscale aux énergies renouvelables
et à l'amélioration de l'efficacité énergétique
des bâtiments, rénovation du réseau électrique,
subventions à la recherche et au développement de produits
et de services moins polluants dans l'industrie et les transports, normes
environnementales plus sévères... L'une, l'autre ou plusieurs
de ces mesures se retrouvent dans le plan de relance de 819 milliards de
dollars (639 milliards €) voté par la Chambre des représentants
américaine le mercredi 28 janvier, et dans le plan de relance de
26 milliards € adopté par le Parlement français le lendemain,
dont les mesures devaient être détailléees le 2 février
par le premier ministre, François Fillon.
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L'économiste britannique Terry Barker(Cambridge)
a même mis au point un modèle économique montrant que
plus le prix du carbone est élevé, plus les investissements
massifs que cette contrainte entraîne génèrent une
croissance forte, explique son collègue Patrick Criqui (université
de Grenoble) . Mais les économistes se divisent sur l'instrument
le plus apte à émettre le signal prix : le marché,
où entreprises et Etats échangent les tonnes de CO2
au-delà ou en deçà des quotas qu'ils sont autorisés
à émettre? Ou bien la fiscalité, qui taxerait les
biens et les services au prorata de leur teneur en carbone? Les risques
de volatilité excessive du prix de la tonne de carbone sur un marché
d'autant plus imparfait qu'il n'inclut pas les émissions de l'Inde
ou de la Chine font préférer la solution de la taxe carbone
à certains. Le directeur de la recherche de la NASA, James Hansen,
ou l'économiste Jeffrey Sachs se sont prononcés en sa faveur
en attendant l'arbitrage de M. Obama, arguant du fait qu'une taxe fournit
aux acteurs économiques un signal clair et constant.
M. Hansen préconise d'en reverser le produit aux ménages afin de relancer la consommation. Jean- Charles Hourcade, directeur du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired), propose que qu'elle soit compensée par une diminution des charges sociales, afin de protéger la compétitivité des entreprises... et de relancer l'emploi. Mais commele fait remarquer Benoît Leguet (mission Climat de la Caisse des dépôts et consignations), "les tentatives d'instaurer une taxe carbone ont toutes échoué" face à l'hostilité à l'impôt. Il préconise donc le développement de marchés carbone sectoriels et régionaux, la probabilité d'un marché mondial étant suspendue à un accord international qui sera long à venir. Mais il faudrait pour cela que les quotas attribuéssoientpayants, afinquele carbone ait un prix dès la première tonne émise. Ce n'est pas le choix qui a été fait par l'Union européenne lors de l'adoption du paquet Energie-Climat le 12 décembre 2008: la plupart des quotas seront gratuits. Ce qui, ajouté à la réticence à adopter une taxe carbone, fait douter l'économiste Olivier Godard, de l'Ecole polytechnique, de la réelle volonté des politiques de s'engager en faveur d'une économie verte. Faute d'une incitation par le prix, ni les entreprises ni les ménages n'abandonneront facilement leur addiction aux énergies fossile. Antoine Reverchon
Pour en savoir plus: www.repoweramerica.org, programme environnemental d'Al Gore, ex-vice-président des Etats-Unis. The Green Bubble, Robert Bell, 2008, Abbeville Press, 320 pages. L'Investissement socialement responsable, César de Brito, Jean-Philippe Desmartin, Valéry Lucas-Leclin, François Perrin, 2005, Ed. Economica, 311 pages |