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DEVELOPPEMENT 
La présidence française veut militer en faveur des forêts tropicales
ADIT, mai 2008

     La France, qui s'apprête à prendre la présidence de l'Union Européenne, entend placer parmi ses priorités la préservation des forêts tropicales, gardiennes du climat et de la biodiversité dans le monde.
     Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a porté ce message auprès de ses interlocuteurs lors d'une tournée de trois jours qui l'a conduit en République démocratique du Congo (RDC) et au Congo Brazzaville.
     Les forêts du bassin du Congo sont considérées comme le deuxième "poumon vert" du monde après celle de l'Amazonie.
     La France et la RDC se sont engagés à oeuvrer ensemble pour la préservation de la forêt congolaise, dans une déclaration commune que Jean-Louis Borloo a signé avec son homologue congolais José Endundo lors de la visite samedi d'une exploitation forestière de la société libano-congolaise ITB, à Bikoro (500 km au nord de Kinshasa).
     La déforestation dans le monde est responsable de 20 à 25% des émissions de dioxyde de carbone (CO2), soit davantage que toutes les industries de transport.
     "L'Europe s'honorerait de mener le combat" contre la déforestation, a indiqué le ministre aux journalistes qui l'accompagnaient au Congo. Il a évoqué la nécessité de renforcer la "traçabilité" du bois vendu sur les marchés internationaux et d'imposer des codes de bonne conduite environnementale et sociale aux exploitants forestiers. "On va aller par étapes vers une interdiction totale du bois non certifié en Europe", a-t-il averti.
     Le label FSC (Forest Stewardship Council) est considéré comme la référence en matière d'exploitation durable des forêts. Au Congo, seule la Congolaise industrielle des bois (CIB), qui exploite 1,2 millions d'hectares de forêts dans le nord du pays, a décroché ce label.
    Le ministre plaide également en faveur de la mise en place de mécanismes internationaux pour fournir une compensation aux pays qui protégeraient leurs forêts au détriment de leurs impératifs économiques.
     La "déforestation évitée" a été au centre des discussions de la conférence des Nations-Unies sur le climat de Bali en décembre dernier.
     A Bonn, où se tient jusqu'au 30 mai la conférence de l'ONU sur la biodiversité, Greenpeace a proposé la création d'un fonds mondial qui serait abondé par les pays riches afin de protéger les forêts tropicales, patrimoine mondial de l'humanité.
     Reprenant l'idée, José Endundo, ministre de l'environnement de RDC, estime que la forêt congolaise vaut "au moins 3 milliards de dollars par an" alors que le secteur ne rapporte que 49 millions de dollars par an actuellement.
     Mais il n'est pas question de mettre sous cloche les forêts du Congo: "ce serait utopique de croire qu'on va mettre une croix sur l'exploitation forestière" qui représente actuellement quelque 15 à 20.000 emplois en RDC, fait remarquer José Ilonga Lofonga, conseiller forêts du ministère congolais de l'environnement.
     90% de la dégradation de la forêt congolaise est due à l'utilisation de bois de chauffe, pour les besoins de la population, 9% à l'agriculture et 1% seulement à l'exploitation forestière commerciale, rappellent les experts.
     Et de citer en exemple le site d'agroforesterie de Mampu, situé à 150 km au nord de Kinshasa: cette plantation sur 8.000 hectares d'acacias alternée avec des champs de maïs et de manioc permet de produire chaque année suffisamment de charbon de bois, par le brûlage de l'acacia, pour couvrir 10% des besoins annuels en bois de chauffe des 8 millions d'habitants de Kinshasa.