Ce n'est pas l'argent mais
la mauvaise foi et les freins administratifs qui bloquent le passage à
une économie et des comportements plus responsables, estime un universitaire
brésilien, qui dresse le bilan médiocre de son pays.
La 14e réunion des pays signataires
de la convention sur le Climat vient de s'achever à Poznan, en Pologne.
Ces réunions ont lieu chaque année dans le but de définir
les mesures à prendre par les divers pays afin de "protéger
le système climatique pour le présent et les générations
futures". Dans ce cadre, le Protocole de Kyoto a été
adopté en 1997. Il fixait des objectifs obligatoires, pour les pays
industrialisés, de réduction des émissions de gaz
à effet de serre pour 2012. Bien que ces objectifs n'aient pas été
tenus par plusieurs pays, une énorme pression pousse à en
adopter d'autres encore plus rigoureux lors de la prochaine conférence
à Copenhague, en décembre 2009.
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Pour sa part, la Chine, à l'image des
autres pays en développement, doit prendre les mesures les plus
appropriées pour réduire ses émissions et abandonner
la chimère que les pays riches devront payer pour elle. Il n'y a
aucune raison que les pays en développement n'adoptent pas des technologies
modernes et moins polluantes en s'industrialisant, ce qui leur évitera
les erreurs commises dans le passé par les nations aujourd'hui industrialisées.
Attendre que les pays riches les paient pour leur inefficacité est
irréaliste, d'autant que souvent le problème n'est pas l'argent,
mais l'adoption de politiques correctes.
De ce point de vue, le Brésil est pas mal placé, car son parc industriel est moderne et ses sources d'énergie électrique relativement propres. Notre grand problème est plus de réduire la déforestation de l'Amazonie. Il est difficile de comprendre la résistance du gouvernement fédéral à adopter des objectifs forts en cette matière vu les dégâts que cette politique a causé non seulement aux Brésiliens, mais aussi à la crédibilité du pays à l'extérieur. Les raisons avancées par le gouvernement pour limiter son action sont de deux types : Le premier est que la préservation de l'Amazonie est désirée par les étrangers comme s'il s'agissait d'un jardin botanique, ce qui empêcherait le développement de la région ; le second consiste à penser que les pays industrialisés devraient payer pour éviter la déforestation, à travers des donations, et non en usant d'un mécanisme de marché. Avec cette vision, si la "déforestation évitée" faisait l'objet de transactions commerciales, les pays riches auraient toute légimité à continuer d'émettre des gaz à effet de serre. Par ailleurs, ceux qui souffriront le plus de la déforestation ne sont pas les étrangers mais tous les Brésiliens, car le changement climatique produit atteindra les régions du Nordeste et du Sudeste. Les pays industrialisés, surtout en Europe, sont déjà en train d'adopter des objectifs sévères pour réduire leurs émissions et n'attendent pas que la déforestation de l'Amazonie soit réduite pour le faire. Les deux arguments du gouvernement sont donc erronés. A la veille de la Conférence de Poznan, il avait d'ailleurs modifié sa position dans un sens positif, en fixant notamment des objectifs pour la réduction de la déforestation. Cette nouvelle politique est un pas en avant – bien que reçue avec un certain scepticisme à Poznan –, mais elle s'accompagne malheureusement de conditions relatives à son financement international. Une erreur, car nombre des mesures nécessaires sont de nature administrative, et non financière. |